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À La Une - Syrie

Le gouvernement syrien "efface de la carte des quartiers entiers", accuse HRW

L'ONG dénonce une "punition collective de communautés suspectées de soutenir la rébellion".

Le quartier de Mazzé, à Damas. Des dizaines d'immeubles commerciaux et résidentiels sur la route principale reliant la base aérienne de Mazzé et le quartier de Darraya ont été rasés. La première photo date de février 2013, la seconde de juillet 2013. Photos HRW

Le gouvernement syrien a rasé des milliers d'habitations dans des secteurs où la population soutient l'opposition à Damas et à Hama (centre), comme "punition collective", a affirmé jeudi Human Rights Watch.

Dans un nouveau rapport, cette organisation basée à New York accuse le gouvernement syrien "d'effacer de la carte des quartiers entiers". "Ces démolitions illégales s'ajoutent à la longue liste de crimes commis par le gouvernement syrien", assure l'expert des situations de crise à HRW, Ole Solvang.

Cette organisation des droits de l'homme a documenté deux cas à Hama et cinq dans et autour de Damas entre juillet 2012 et juillet 2013, en utilisant l'imagerie satellitaire. Elle estime que 140 hectares, soit l'équivalent de 200 terrains de football, ont été rasés. HRW note que parmi les destructions figurent beaucoup d'immeubles élevés, ce qui signifie que des milliers de personnes ont perdu leur toit.

 

Le quartier de Tadamon, à Damas. Sur la première photo, datant du 16 juillet 2012, des immeubles en feu. Plus tard, ces immeubles ont été détruits via des explosions  contrôlées. Le résultat sur la photo de droite, datée du 22 septembre 2012. Photos HRW

 

Selon cette organisation, tous les endroits touchés sont des secteurs acquis à la rébellion, et il est difficile de croire l'argument du gouvernement, selon qui il s'agit d'un plan de restructuration urbanistique.
"Les démolitions ont été supervisées par l'armée, souvent à la suite de combats entre le gouvernement et les forces de l'opposition. En tout cas, il ne semble pas à HRW que des démolitions similaires se soient produites dans des quartiers favorables au gouvernement", indique le document.

 

Des résidents ont affirmé avoir reçu un très court ou pas du tout de préavis avant les démolitions, et n'ont bénéficié d'aucune compensation.

 

Le propriétaire d'un restaurant local du quartier damasquin de Qaboun a déclaré à HRW que les forces de sécurité sont arrivées à l'improviste un matin avec des bulldozers et lui ont intimé de quitter les lieux : "Lorsque j'ai demandé pourquoi, le soldat a dit « pas de question » ou autrement il m'arrêterait". Il a indiqué que les soldats avaient refusé qu'il prenne quoique ce soit dans le restaurant et l'avaient contraint à partir à pied, en laissant sa mobylette derrière lui. "Alors que je marchais, je me suis retourné et j'ai vu le bulldozer démolir mon commerce", a-t-il indiqué. "Ce commerce avait été ouvert par mon grand-père il y de nombreuses années.J'ai personnellement géré le restaurant pendant huit ans. Tout le dur travail qu'avait accompli ma famille a été détruit en une seule seconde, devant mes yeux."

 

Pour M. Solvang, "personne ne peut se laisser abuser par les affirmations gouvernementales sur le fait que cela s'inscrit dans un plan urbanistique, en plein conflit sanglant. C'est une punition collective de communautés suspectées de soutenir la rébellion".

"Le Conseil de sécurité de l'ONU, en s'adressant à la Cour internationale de Justice, doit adresser un message clair que la dissimulation et l'impunité du gouvernement ne résisteront pas face à la justice".


Plus de 130.000 personnes sont mortes depuis le début du conflit il y a près de trois ans, et des millions d'autres sont déplacées ou réfugiées.

 

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