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Liban - Environnement

Décharge de Naamé : les manifestants suspendent leur sit-in

 « Si 15 jours après la formation du prochain gouvernement les promesses n'ont toujours pas été tenues, nous reprendrons notre manifestation et empêcherons les camions d'accéder à la décharge », ont menacé les protestataires.

Militants et forces de l’ordre, aujourd’hui, sur la route de la décharge de Naamé.

La Campagne pour la fermeture de la décharge de Naamé a enfin suspendu hier après-midi le sit-in visant à interdire le passage des camions vers la décharge, qui devait être fermée le 17 janvier avant qu'une énième décision de prorogation d'un an ne soit prise par les autorités. Dans un communiqué, les manifestants ont souligné toutefois qu'ils resteront mobilisés tant que leurs demandes n'auront pas été réalisées.

Outre la fermeture définitive de la décharge en janvier 2015, les protestataires réclament en effet l'arrêt du dépôt des déchets organiques d'ici à la fermeture, et la formation d'un comité de suivi comprenant des représentants de la Campagne et des écologistes pour surveiller la bonne application de la décision de fermeture.
« Nous avons obtenu des promesses de la part de hauts responsables politiques, notamment en ce qui concerne l'arrêt du dépôt de déchets organiques avant la fermeture définitive de la décharge prévue le 17 janvier 2015 », ont affirmé les manifestants dans le texte pour justifier leur décision. « Si 15 jours après la formation du prochain gouvernement les promesses n'ont toujours pas été tenues, nous reprendrons notre manifestation et empêcherons les camions d'accéder à la décharge », ont-ils menacé.


Cette décision de lever le sit-in intervient après un bras de fer féroce entre manifestants et forces de l'ordre, lorsque les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont dégagé hier, par la force, les tentes installées par des habitants et des militants sur la route menant à la décharge. Les manifestants ont de nouveau tenté de bloquer la route. Des accrochages ont alors eu lieu avec les FSI, et ces derniers ont arrêté pour interrogatoire Ajwad Ayache, un activiste de la Campagne de la fermeture de la décharge de Naamé, sans mandat d'arrêt, avant de le libérer quelques heures plus tard. Les manifestants ont alors volontairement décidé de suspendre leurs activités pour deux semaines.

 

 

 

 

« Sukleen ne fait pas le tri »
Plus tôt dans la journée, une délégation de la Campagne, présidée par Paul Abi Rached, chef du Mouvement écologique libanais (LEM), s'était rendue auprès du député Talal Arslane, chef du Parti démocratique libanais, pour tenter de trouver une solution alors que les manifestants étaient encerclés par les forces de l'ordre. « Nous avons tenté de contacter le député Walid Joumblatt, car nous sentions qu'il était derrière cette décision forcée d'ouvrir la route, raconte M. Abi Rached à L'Orient-Le Jour. Il n'a pas accepté de nous voir avant lundi, alors que nous étions en pleines échauffourées. Nous nous sommes rendus alors chez le député Arslane, à proximité, pour tenter de résoudre le problème. » Pour Paul Abi Rached, la mobilisation se poursuit. « Nous avons juste décidé de donner le temps aux responsables pour voir s'ils comptent tenir leurs promesses et prendre des mesures sérieuses une fois le gouvernement formé, ce dernier étant capable d'officialiser la fermeture de la décharge, poursuit-il. Mais c'est à contrecœur que nous avons rouvert la route et permis à Sukleen de déposer les déchets non triés et les déchets organiques à Naamé. »


Selon les contrats de la compagnie de ramassage, celle-ci devrait trier les déchets et séparer les déchets organiques de ceux recyclables et inertes, quitte à ce que les déchets inertes (10 % des déchets) seulement soient déposés à Naamé. « Malheureusement, Sukleen est payée 30 dollars pour le triage de chaque tonne de déchets, mais rien n'est trié », déplore M. Abi Rached, qui rappelle qu'un plan alternatif a été proposé par le LEM. Et d'expliquer : « Les responsables parlent d'édifier quatre incinérateurs de déchets qu'on pourrait utiliser pour créer de l'énergie pour le Liban. Mais de tels incinérateurs ne seront pas capables d'alimenter de grandes surfaces. Ce ne sont que des mensonges. Aujourd'hui, Sukleen reçoit 54 dollars pour chaque tonne de déchets placée à Naamé. L'idéal serait de créer un dépotoir par caza au Mont-Liban, quitte à ce que ces sommes d'argent, environ 200 000 dollars par jour pour chaque caza, soit versées aux municipalités qui accepteraient d'accueillir le dépotoir du caza. »


En tout, la manifestation des habitants de Naamé aura duré une semaine, pendant laquelle les déchets auront rempli les rues du Grand Beyrouth et du Mont-Liban, Sukleen n'assurant plus le ramassage. L'accès à la décharge était en effet globalement interdit, en dehors de quelques heures d'ouverture, par les manifestants, aux camions de la compagnie de ramassage, depuis le 17 janvier, date à laquelle la décharge aurait dû être définitivement fermée. Hier encore, les ordures s'empilaient dans les rues de Beyrouth et du Mont-Liban.
Jeudi soir, le député Walid Joumblatt, chef du Front de lutte nationale, ainsi que les députés de son bloc s'étaient engagés à fermer la décharge le 17 janvier 2015, le jour de la fin du contrat, sans aucune prorogation supplémentaire, et une décision similaire avait été prise à l'issue d'une réunion conjointe des commissions parlementaires de l'Environnement et des Travaux publics. Des décisions qui n'avaient pas calmé les habitants, lesquels espéraient des mesures officielles, rendues impossibles à l'heure actuelle par la crise gouvernementale.

 

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commentaires (1)

Sukleen reçoit 54 dollars pour chaque tonne de déchets placée à Naamé et les habitant payent le prix des maladies cancérigènes .Il faudra tôt ou tard fermer ce dépotoir et de toute urgence .

Sabbagha Antoine

13 h 06, le 25 janvier 2014

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Commentaires (1)

  • Sukleen reçoit 54 dollars pour chaque tonne de déchets placée à Naamé et les habitant payent le prix des maladies cancérigènes .Il faudra tôt ou tard fermer ce dépotoir et de toute urgence .

    Sabbagha Antoine

    13 h 06, le 25 janvier 2014

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