Cher père Noël,
Ma liste de souhaits n'est pas longue, mais je ne sais pas par quoi commencer, ni surtout si vous seriez capable de trouver ce que je recherche en vain.
Je voudrais me retrouver 40 ans en arrière, un soir de Noël, dans la maison familiale entourée de mes parents, ma grand-mère, mes sœurs et mon frère.
Autrefois, nous n'avions pas de dinde à table le 24 décembre au soir mais de gros poulets farcis de riz et de pignons, préparés par ma grand-mère. Elle était bien exigeante Téta Marie ! Tout devait être préparé selon les règles !
Nous recevions un seul cadeau, alors qu'aujourd'hui, les enfants reçoivent trente-six mille choses, à n'importe quelle occasion, et même sans occasion.
Nous étions « simplement » heureux et savions déguster les plaisirs du moment.
C'était avant la guerre...
Tout changea par la suite, et tous les cadeaux de Noël ne pourront jamais nous ramener cette paix qui habitait nos cœurs. Tous les cadeaux ne pourront pas remplacer la magie de ces moments-là.
C'est pour cela que dans cette lettre, dans cette liste de souhaits que j'ose vous adresser, il y a d'autres requêtes.
Je voudrais retrouver cette tranquillité d'esprit, cette sérénité qui habitait notre cœur, cette confiance sur le plan moral, qui nous permettait de jouir de chaque moment de la vie.
J'aimerais offrir à ma mère ce dont elle a le plus besoin, mais qui ne se trouve pas sur le marché. Peut-être seriez-vous capable de me le trouver. Il s'agit d'un moyen de rassembler ses enfants. C'est le seul cadeau qu'elle souhaite et qui peut mettre un peu de baume sur son cœur. Rien d'autre ne fera son bonheur.
Je ne vous ai jamais écrit auparavant, alors je me rattrape et, comme les enfants d'aujourd'hui, je voudrais recommencer à rêver.
Mon dernier souhait n'est pas le moins important : ramener la paix et l'amour dans le cœur de tous les Libanais, pour que la paix règne, pour que la guerre cesse et que la vie reprenne là où nous l'avions laissée il y a 40 ans.
Car tout ce dont nous avons réellement besoin pour Noël : l'amour.
Tout ce qui nous manque pour Noël, c'est l'affection !
Tout ce qu'on souhaite pour Noël, c'est qu'on nous prenne dans les bras et qu'on chuchote un « je t'aime maman », « je t'aime ma sœur », « je t'aime » tout court.
Car rien n'est plus précieux dans la vie que l'amour.
Peut-être qu'au pôle Nord, il vous sera plus facile d'accéder à tout cela. Ici cela devient une denrée rare.
Sinon, j'aurais eu raison de ne pas croire à l'existence du père Noël !
Nicole ABDUL-MASSIH
Montréal - Canada
N.B. : pour votre gouverne, et si ça peut aider, j'ai été bien sage et je n'ai pas fait de bêtises, alors ne trouvez pas d'excuses.
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