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Moyen Orient et Monde - Reportage

Sombre Noël à Damas pour les réfugiés de Maaloula

« Cette année, nous irons bien sûr à la messe, mais il n'y aura ni sapin ni crèche. »

Dans l’église Saint-Joseph à Doueilaa, un quartier populaire de l’est de Damas, des enfants de Maaloula assistent à une messe. Louaï Beshara/AFP

« Mon plus beau cadeau de Noël serait de revenir à Maaloula », murmure Hneiné Taalab, la cinquantaine, qui a fui début septembre la célèbre localité chrétienne de Syrie après l'entrée des jihadistes. Dans l'église Saint-Joseph à Doueilaa, un quartier populaire de l'est de Damas, elle peine à retenir ses larmes. « J'avais une fille et trois garçons, mais j'ai perdu l'un d'eux. » Selon elle, les jihadistes du Front al-Nosra ont assassiné son fils Sarkis Zakhem, 20 ans. « Outre Sarkis, al-Nosra a tué mon frère et mon cousin parce qu'ils ont refusé de se convertir à l'islam », assure cette femme qui a trouvé refuge avec sa famille dans un couvent à Damas.


Maaloula est la plus célèbre localité chrétienne de Syrie et un des berceaux du christianisme. La majorité de ses habitants parlent encore l'araméen, la langue du Christ. Cette bourgade doit sa renommée à ses refuges troglodytes datant des premiers siècles du christianisme. Sa population peut monter jusqu'à 4 500 habitants pendant la période estivale.

 

(Lire aussi: François et Benoît XVI prient ensemble avant Noël)


À l'approche des fêtes, par une journée glaciale à Damas dans l'église sans chauffage, le patriarche grec-catholique Grégoire Laham III distribue des cadeaux – quelques billets dans une enveloppe – aux enfants de Maaloula et aux « familles des martyrs ». Mais les visages sont fermés. Tout semble dérisoire face aux terribles épreuves subies. « Nous voulons rentrer à Maaloula, quand elle sera libérée », dit Jessica, 7 ans, emmitouflée dans son anorak rose.

Ni sapin ni crèche
Rima Hilal, 48 ans, n'a pas le cœur à la fête. Elle affirme avoir fui Maaloula « à cause des hommes armés ». Après en avoir été rapidement chassés, les rebelles ont repris, le 2 décembre, la totalité de la ville chrétienne. « Noël à Maaloula, c'était un moment de bonheur. Nous décorions le sapin, les parents et les amis se retrouvaient et ensemble nous allions à la messe de minuit », raconte sa fille Juliana, 22 ans. « Cette année, nous irons bien sûr à la messe, mais il n'y aura ni sapin ni crèche. Nous sommes des réfugiés », dit-elle.


Pour Noël, « Maaloula se parait d'habits de fête. Les familles se réunissaient autour des sapins décorés, des guirlandes étaient accrochées aux balcons », raconte Najat Fadel, directrice de l'école Saint-Joseph à Maaloula. « Mais aujourd'hui rien de tout cela. Même s'il y a quelques festivités, ce sera un Noël sombre », regrette-t-elle. Dans sa courte messe, le patriarche Laham prie pour « le retour de l'amour et l'espérance » dans le pays déchiré par bientôt trois ans de guerre civile. « Le drame est horrible. Nous sommes tous menacés, chrétiens et musulmans », explique le patriarche.

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