Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a prononcé un discours vendredi à l'occasion d'une cérémonie organisée par le parti de Dieu en hommage à Hassan Lakkis, un responsable du parti chiite, assassiné le 4 décembre dernier dans le parking de son immeuble , à Hadeth, dans la banlieue-sud de la capitale.
Le chef du Hezbollah a une nouvelle fois accusé les Israéliens d'être à l'origine de ce meurtre, ce que l'Etat hébreu dément.
Lakkis a été la cible de plusieurs tentatives d'assassinat par le passé. Il est membre du parti chiite depuis la création du mouvement. Son fils a été tué lors de la guerre de 2006 contre Israël. D'après une source proche du Hezbollah, Lakkis était très proche du chef du parti, Hassan Nasrallah. Le Hezbollah avait tout de suite accusé Israël de l'assassinat, ce que l'Etat hébreu a démenti.
"Nous poursuivrons les assassins"
"L'enquête à ce jour démontre que c'est l'ennemi israélien qui doit être pointé du doigt", a dit Hassan Nasrallah. "Cette accusation n'est pas de nature politique", a-t-il encore assuré. Selon le leader chiite, l'assassinat de Lakkis représente le nouveau "prix" que la résistance doit payer. "Nous vivons avec cette menace depuis plusieurs années et nous resterons menacés jusqu'à la fin de la bataille", a-t-il encore ajouté.
Le dernier assassinat d'un leader du Hezbollah remonte à 2008, quand Imad Moghniyé, chef militaire du parti, était tué dans l'explosion de sa voiture à Damas. Avant cela, en 1992, des hélicoptères israéliens avaient ouvert le feu sur un convoi dans lequel se trouvait cheikh Abbas Moussaoui, qui était à la tête du Hezbollah avant Hassan Nasrallah. Le responsable avait été tué ainsi que son épouse, son tout jeune fils et quatre gardes du corps. En 1984, un autre leader du parti, cheikh Ragheb Harb, avait été abattu au Liban-Sud.
Dans son discours de vendredi, Hassan Nasrallah a affirmé que "le sang des martyrs n'aura pas été versé en vain". "Ceux qui ont tué nos frères ne seront jamais en sécurité, où qu'ils soient, a-t-il dit. Nous poursuivrons les assassins jusqu'au bout."
Nasrallah s'en prend au 14 Mars
Sur le plan politique, le chef du parti chiite a dénoncé le discours du 14 Mars qui accuse le parti de Dieu d'être responsable de la dégradation de la situation sécuritaire au Liban, notamment en raison de son implication dans la guerre en Syrie.
Evoquant la "déclaration de Tripoli", une conférence organisée par le 14 Mars dimanche dernier, Hassan Nasrallah a qualifié les propos de certains responsables de "très dangereux". "Ils nous ont accusé de takfiristes et de meurtriers, a dit le chef du Hezbollah. Ils refusent de former un gouvernement avec nous et rejettent toute offre de dialogue". "Ce discours est assimilé à une déclaration de guerre", a-t-il assuré.
"Nous n'avons pas du temps à vous consacrer, a dit Hassan Nasrallah au mouvement du 14 Mars. Notre ennemi c'est Israël. Nous n'avons pas l'intention de vous combattre".
Le secrétaire général du Hezbollah a par ailleurs accusé ses adversaires, au Liban et à l'étranger, d'oeuvrer en vue de ternir l'image du parti chiite. "Ils disent que nous perdons plus de 200 martyrs par jour en Syrie, a dit vendredi le leader chiite en référence aux forces du 14 Mars. "Ces mensonges s'inscrivent dans le cadre d'une campagne médiatique contre la résistance", a-t-il ajouté.
"La guerre contre le Hezbollah n'a rien à voir avec la formation d'un nouveau gouvernement ou la mise en place d'une nouvelle loi électorale, a-t-il encore dit. Ils (les forces du 14 Mars, ndlr) souhaitent détruire la résistance".
Contre un gouvernement de fait accompli
Concernant la formation d'un nouveau gouvernement libanais, le chef du Hezbollah a mis en garde les responsables libanais contre la formation d'un cabinet de fait accompli. "Un gouvernement de fait accompli formé de technocrates est un gouvernement fantoche, a dit Hassan Nasrallah. Il faut un cabinet rassembleur qui puisse affronter les défis régionaux et mette un terme aux ingérences de l'Arabie Saoudite".
Le Hezbollah plaide en faveur d'un gouvernement regroupant toutes les parties qui superviserait la tenue de l'élection présidentielle. Le week-end dernier, le numéro 2 du parti, cheikh Naïm Kassem a annoncé que la formule de "9,9,6" est le plafond des concessions que peuvent accepter le 8 Mars et ses alliés. Il a aussi rejeté toutes les justifications avancées pour former un "gouvernement du fait accompli", invitant le camp adverse "à renoncer à son blocage systématique des institutions" et à "prendre du recul à l'égard de ses soutiens étrangers".
Evoquant la prochaine élection présidentielle, il a affirmé que toutes les parties au Liban ont l'intérêt à éviter le vide politique. "Nous souhaitons que l'élection présidentielle ait lieu dans les délais prévus et nous allons faire tout notre possible pour éviter la vacance du pouvoir", a-t-il assuré.
Hassan Nasrallah a enfin affirmé qu'il y a avait, dans le passé, une volonté de garder le Liban à l'écart des crises régionales, mais que cette "situation a changé". "Certains pays régionaux, confrontés à un échec en Syrie, ont décidé aujourd'hui de mener le Liban vers l'explosion", a mis en garde le chef du Hezbollah, en allusion à l'Arabie saoudite.
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09 h 12, le 21 décembre 2013