Le premier est décédé d'une crise cardiaque en juillet 2012, à laquelle il a fini par céder au soir de la reprise des violences à Tarik Jdidé ; le second a succombé à la maladie contre laquelle il a patiemment lutté, en avril dernier. Décrivant Pierre Sadek comme « une gerbe de douleur enrobée de rire », le journaliste du quotidien an-Nahar, Rajeh Khoury, a estimé que le cri de Nassir al-Assaad pour perpétrer l'intifada « n'était pas un cri de douleur, mais les échos d'une explosion provoquée par une effervescence patriotique sans répit ».
Les deux « ont lutté et résisté par la plume, le pinceau et l'audace », selon le responsable du bureau des médias des FL, Melhem Riachi. Dans un Liban « riche de sa création et de la diffusion de celle-ci », selon les propos de l'écrivain et journaliste koweïtienne Fajr Saïd, ces deux hommes sont également les legs de l'intifada du 14 Mars, qu'ils entretiennent à petit feu.
Leur mémoire a d'ailleurs servi de prélude aux deux discours, axés sur la lutte civile pour la modération et la souveraineté, prononcés par le président des Forces libanaises, Samir Geagea, et le leader du courant du Futur, l'ancien Premier ministre Saad Hariri, représenté par le député Nohad Machnouk.
« Détruire le Liban pour Bachar »
Dans cette « étape sans aucune lumière » que traverse le Liban, Samir Geagea a lancé une virulente attaque contre le Hezbollah, « qui nous ramène désormais, après ses prises de décision unilatérales, une nouvelle forme de menace, celle des kamikazes ». La présence de ces derniers au Liban serait due d'une part à la participation du Hezbollah à la guerre en Syrie, et d'autre part à « la culture takfiriste du 8 Mars ».
« Ils sont partis en Syrie pour combattre les takfiristes, comme ils disent. Mais ce faisant, ils les ont ramenés au cœur de notre foyer, détruisant une nouvelle assise de l'État, comme s'il était demandé de détruire le Liban pour le repos de Bachar (el-Assad) ! », a-t-il lancé.
Et de rappeler : « Le Hezbollah participe aux combats en Syrie par autorisation de Téhéran, et non du peuple libanais. »
« Si l'on concède néanmoins que le Hezbollah n'est pas en mesure de revenir sur cette décision, quand bien même elle est contestée, pourquoi insiste-t-il donc à prendre part au nouveau gouvernement ? Ou bien choisit-il de se poser comme acteur de la vie politique libanaise quand il le veut et de s'en écarter à son gré ? » a relevé Samir Geagea, se désolant de l'attachement du parti chiite aujourd'hui à la formule armée-peuple-résistance, « non plus pour affronter Israël, mais pour participer au meurtre du peuple syrien ». « Et dire, a-t-il poursuivi non sans une teinte de sarcasme, que d'aucuns veulent
relancer la conférence de dialogue pour poursuivre le débat sur la stratégie défensive, devenue plutôt aujourd'hui une stratégie offensive. »
Solidarité avec Sleiman
Le leader des FL a accusé en particulier le 8 Mars de « mener une guerre d'élimination physique et politique contre la modération chrétienne, sunnite et chiite tout autant... et les voilà aujourd'hui dénonçant le danger takfiriste ! ». Pourtant, « en fomentant une culture de la trahison, annihilatrice et takfiriste, le 8 Mars a provoqué l'émergence d'une contre-culture takfiriste, terroriste et annihilatrice ». « Qui sème les armes, les accusations de traîtrise et de mécréance récolte les kamikazes », a-t-il encore ajouté, avant de conclure sur ce point que « deux takfirismes ne font pas une nation ».
Valorisant, comme la première des nécessités aujourd'hui, « la culture du respect de l'État, de ses institutions, du monopole des armes et de la tolérance », Samir Geagea a dénoncé « la campagne féroce et sans précédent menée contre le président de la République, Michel Sleiman, qui a pourtant consacré tout son mandat à des tentatives indéfinies de concilier les contraires et d'arrondir les angles, sans épargner aucun effort d'ouverture sur chaque camp ». « Et cette campagne n'a pour cause que son ultime tentative de sauver le pays d'un vide ministériel qui dure depuis huit mois déjà, mais seulement après avoir épuisé toutes les tentatives de former un gouvernement fédérateur ». « Est-ce un crime de vouloir former un gouvernement du possible ? » s'est-il insurgé, estimant que la seule demande des Libanais est « un cabinet efficace et cohésif ». « Tout gouvernement dont le décret de formation est signé par le chef de l'État et le Premier ministre désigné est constitutionnel et attend la confiance des blocs parlementaires », a-t-il tranché, affirmant, sur un ton catégorique, que « tout propos contraire s'inscrit dans le registre des menaces et de l'intimidation, que le 8 Mars s'est approprié ».
Une plaque a été remise, en guise « d'hommage très humble », selon Samir Geagea, à Hanane Sadek et Waël el-Assaad, pour les mémoires respectives de leur mari et père.
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Et je dirais même plus: « deux takfirismes ne font pas une nation »!!! J'approuve et signe car quel que soit le takfirisme, Sunnite ou Chiite, ils représentent tous les deux une négation puisque dans les deux cas ils ne reconnaissent pas le Liban comme pays!!!
12 h 42, le 18 décembre 2013