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Liban - La situation

Le vide institutionnel, nouvelle ligne rouge en gestation

Le patriarche Raï recevant lundi soir la délégation du bloc du Futur pour discuter de l’échéance présidentielle de 2014. Photo Émile Eid

Les échéances à caractère décisif sur les plans régional et local s'amoncellent d'ores et déjà pour la première moitié de 2014, au point de bousculer le calendrier et de susciter sérieusement la crainte d'une installation durable du Liban dans le vide institutionnel.

La première des échéances attendues, dès le 13 janvier, sera l'ouverture du procès des assassins de Rafic Hariri dans le cadre du Tribunal spécial pour le Liban.
Certes, nul ne s'attend à ce que le dossier fasse un bond spectaculaire ce jour-là en particulier. Il n'empêche que le processus qui sera ainsi enclenché marquera le début de la dernière ligne droite dans le très long et très difficile combat engagé au Liban dès 2005 contre l'impunité pour les auteurs et commanditaires d'attentats politiques.

Neuf jours plus tard devra se tenir à Genève, conformément au calendrier annoncé par le secrétaire général des Nations unies, la deuxième conférence internationale sur la Syrie. De nombreuses inconnues continuent de flotter autour de cette réunion et de ses participants. Mais le consensus international qui a soudain permis d'en fixer la date à ce stade, alors que cela paraissait chose impossible quelques semaines plus tôt, suffit pour suggérer l'impact qu'aurait cette conférence sur le cours des événements.

Au 1er mars, devront avoir été retirées de Syrie toutes les armes chimiques en vue de leur destruction. Le bon déroulement de ce processus sera à n'en pas douter un indicateur du sérieux des puissances concernées, grandes et moyennes, dans le traitement de l'ensemble des dossiers « chauds » de la région.

Le 25 mars, le Liban est censé entrer en période d'élection présidentielle, le nouveau chef de l'État devant, aux termes de la Constitution, être élu durant le mois qui suit, c'est-à-dire entre le 25 mars et le 25 avril (deux mois au maximum et un mois au minimum avant la fin du mandat actuel, le 25 mai).
À peu près à la même période, la Syrie entre elle aussi en phase d'élection présidentielle, de sorte qu'on devrait savoir au plus tard à cette date (si ce n'est pas le cas à Genève, en janvier), quel serait l'avenir politique du président Bachar el-Assad.

Enfin, en mai, coïncidant avec l'expiration du mandat présidentiel libanais, tombe la fin de la période intérimaire de six mois prévue dans le cadre de l'accord entre l'Iran et la communauté internationale sur le nucléaire : une date d'une importance cruciale pour qui veut savoir l'évolution des rapports entre l'Iran et l'Occident et les retombées de cette évolution sur les pays de la région, y compris le Liban.

À côté de ces échéances datées, il y en a d'autres qui restent flottantes, parce qu'elles sont justement dépendantes des premières. Parmi elles, la formation d'un gouvernement au Liban et l'avenir des relations entre l'Iran et le monde arabe, à commencer par les monarchies du Golfe.
Sur ce dernier point, dont on sait l'importance pour la stabilité future du Liban et, plus généralement, l'impact sur les relations entre sunnites et chiites, disons-le tout de suite : on n'est pas sorti de l'auberge. L'accusation implicite portée hier par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, contre Riyad au sujet du double attentat de Bir Hassan est assez grave et n'augure pas de suites positives. Pas plus d'ailleurs que les informations de presse faisant état de la soumission de toute normalisation saoudienne avec l'Iran à la condition d'un retrait immédiat du Hezb de Syrie.

Pour cette raison et pour d'autres, liées justement à la multiplicité, à l'enchevêtrement et à l'importance des échéances régionales, qui sont de nature à accaparer l'attention de la communauté internationale, et en particulier de l'Occident, on s'inquiète de plus en plus sérieusement dans les chancelleries des risques de voir le Liban sombrer dans le vide.

La présidentielle, certes, est en ligne de mire. À ce propos, on voit ces jours-ci le patriarche maronite s'activer dans toutes les directions afin de prévenir une vacance au niveau de la première magistrature. La stratégie de Mgr Béchara Raï consisterait à mettre sur pied un front très large, qui engloberait toutes les formations chrétiennes, pour s'opposer à l'ajournement de l'élection présidentielle.

Mais pour les chancelleries, il y a plus urgent. Survenant avant l'échéance définitive sur le nucléaire iranien, le scrutin présidentiel pourrait être menacé de facto si l'on considère qu'il serait problématique d'élire un chef d'État au Liban avant de savoir précisément où va la région.
Voilà pourquoi on estime dans certains milieux diplomatiques occidentaux que la priorité absolue devrait être accordée à la formation du gouvernement, quitte à ce que ce dernier assume le pouvoir de façon intérimaire en cas de report – limité dans le temps – de la présidentielle.

Ce que redoutent ces milieux par-dessus tout, c'est un vide qui conduirait à une remise en question de l'ordre institutionnel établi, à savoir celui de Taëf ; c'est-à-dire en quelque sorte le scénario attribué au Hezbollah depuis que son secrétaire général a réclamé, au printemps dernier, la mise en place d'une Constituante.

Pour le moment, aucune grande puissance ne semble, en effet, vouloir emprunter une telle direction. Mais il faudra probablement attendre la fin de la période des six mois et l'évolution définitive des rapports avec l'Iran pour en être tout à fait sûr.

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commentaires (3)

Il ne s'agit pas seulement de vide institutionnel mais de vide tout court, un vide total à tous les niveaux de l'administration et de l'Etat. Et le pire c'est que tout le monde a l'air de s'y complaire, surtout nos dirigeants qui n'en ont rien à foutre du moment qu'ils s'en mettent plein les fouilles. Chacun, le Hezb en premier, fait ce qu'il veut, n'importe qui vient installer ses bases terroristes ou assassiner sur notre sol puisque l'impunité est quasiment garantie. Il faudrait suspendre la rémunération de nos dirigeants jusqu'à ce qu'un gouvernement de transition soit formé, que les élections soient organisées, que l'Exécutif ordonne au Hezbollah de se retirer de Syrie, que l'armée libanaise prenne efficacement position à Tripoli et à toutes les frontières, que les forces de sécurité assurent la sécurité partout, que la police arrête les assassins, que les procédures judiciaires soient rétablies... oulà, dans quoi me suis-je lancé là ? Ce journal entier ne suffirait pas à détailler les actions à réaliser pour retrouver un semblant de normalité.

Robert Malek

19 h 09, le 04 décembre 2013

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Commentaires (3)

  • Il ne s'agit pas seulement de vide institutionnel mais de vide tout court, un vide total à tous les niveaux de l'administration et de l'Etat. Et le pire c'est que tout le monde a l'air de s'y complaire, surtout nos dirigeants qui n'en ont rien à foutre du moment qu'ils s'en mettent plein les fouilles. Chacun, le Hezb en premier, fait ce qu'il veut, n'importe qui vient installer ses bases terroristes ou assassiner sur notre sol puisque l'impunité est quasiment garantie. Il faudrait suspendre la rémunération de nos dirigeants jusqu'à ce qu'un gouvernement de transition soit formé, que les élections soient organisées, que l'Exécutif ordonne au Hezbollah de se retirer de Syrie, que l'armée libanaise prenne efficacement position à Tripoli et à toutes les frontières, que les forces de sécurité assurent la sécurité partout, que la police arrête les assassins, que les procédures judiciaires soient rétablies... oulà, dans quoi me suis-je lancé là ? Ce journal entier ne suffirait pas à détailler les actions à réaliser pour retrouver un semblant de normalité.

    Robert Malek

    19 h 09, le 04 décembre 2013

  • TANT QUE CE HÉZÉBBB-Là FAIT COMME BON LUI SEMBLE ET COMME IL L'ENTEND DANS CE PATELIN, RIEN, MAIS ALORS RIEN NE SERA ALORS BON ET A L'AVANTAGE DU LIBAN ET DES LIBANAIS ! QUE CE SOIT COMPRIS UNE BONNE FOIS POUR TOUTES N'EST-CE PAS ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    09 h 58, le 04 décembre 2013

  • ON EN A MARRE DES LIGNES ROUGES DE CHACUN. BIZARRE CETTE ATTITUDE DE TOUT LE MONDE DE REFUSER LE DIALOGUE, CHACUN Y METTANT DES CONDITIONS QU'ILS SAVENT NON ACCEPTABLES PAR L'AUTRE PARTIE ET NON RÉALISABLES. MESSIEURS, POUR UNE FOIS, MICHÉEN ALLAH, ALLEZ TOUS AU DIALOGUE AUTOUR DE LA TABLE RONDE OU OVALE PEUT IMPORTE. LE DIALOGUE NE SE FAIT PAS À TRAVERS LES MÉDIAS... PAR LES DÉCLARATIONS HOSTILES DE CHAQUE PARTIE CONTRE L'AUTRE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 57, le 04 décembre 2013

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