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Le « Loukoum » de Fady Gemayel

À seulement 21 ans, Fady est déjà l'auteur d'un premier court-métrage remarqué : « Loukoum », une mosaïque poignante d'éléments aquatiques pris en otage par une mère déboussolée à la suite de la disparition de son fils.

Au rythme de gouttes d'eau percutant un silence glacial, de poissons automates allant et venant dans leurs bocaux, de coquillages amis, accompagnant dans chacune de ses virées une mère esseulée, Fady Gemayel a choisi de parler de la conséquence du crash de l'avion éthiopien en 2010 sur la vie d'un survivant. Le disparu ? Un fils, mais avec lui tout un pan de la vie d'une mère, dont le destin fatal l'amène à cultiver une obsession de l'eau, élément de la vie, qui a englouti son enfant. « Je me sens particulièrement concerné par les disparus libanais de la guerre civile de 1975. Aussi, ai-je été très touché par le crash de l'avion éthiopien », explique le jeune cinéaste, avant de poursuivre : « J'ai voulu puiser dans ces deux événements et parler de la disparition d'êtres chers et de ses conséquences sur les survivants. »
Son film, sélectionné par le 20e Festival du cinéma européen et par le Festival international du film de Dubaï, Cinetech, relate l'obsession d'une mère incapable de faire le deuil de son fils en raison de l'absence du corps. L'eau y est constamment représentée par les bruits, mais aussi par les éléments matériels qui y sont rattachés. « À travers l'obsession de l'eau, je voulais montrer comment l'être humain peut devenir extrêmement irrationnel. Ainsi, la mère dans le film établit une relation morbide avec les éléments aquatiques qui ont, chacun, selon elle, un lien avec son fils. La plage devient sa maison, le sable son lit, le bleu sa couleur préférée et les poissons ses otages », explique le jeune homme.

Cinéma de l'oreille
Fady, titulaire d'une licence en cinéma de l'institut des beaux-arts de l'Université libanaise, a commencé à cultiver son amour du cinéma à travers des sensations auditives et non visuelles. « J'étais très pris par les bandes musiques des films. Elles m'inspiraient pour transformer les sentiments découlant de ce que j'écoutais en images. Et puis, j'aime beaucoup entrer dans la salle dans un état et en ressortir dans un autre », confie-t-il.
Pour l'écriture du script de Loukoum, Fady n'a pas hésité à se glisser dans la peau d'une mère. « J'ai vécu seul, durant toute la phase d'écriture, avec une veuve dont l'âge était proche de celui de mon personnage principal. Cela m'a aidé à être authentique et plus proche de cette femme dans l'attente du retour du fils. »
Fady a cocréé le Content Creation Program (CCP), au Cinemoz, programme destiné aux jeunes cinéastes arabes. Il a remporté le prix Audio Suite du Moyen-Orient pour le meilleur son dans le cadre du court-métrage Vedette Julia, un film auquel il a participé en tant qu'ingénieur du son, monteur et mixeur. Membre du Docmed 2013 – un atelier pour les réalisateurs et producteurs créatifs, faisant partie du programme audiovisuel des documentaires arabes, Euromed –, Fady a aussi participé au Festival international du film d'Ismaïlia, une plate-forme de coproduction en Égypte.

Maya SOURATI

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