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À La Une - Reportage

Au Liban, les réfugiés syriens voient arriver l'hiver avec angoisse

"Nous n'accusons personne de notre situation, nous espérons seulement un peu d'aide".

Selon Lisa Abou Khaled, une porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), les réfugiés syriens sont considérés comme vulnérables dans la mesure où ils vivent à plus de 500 m d'altitude". AFP PHOTO/JOSEPH EID

Dans la vallée de la Békaa au Liban, le soleil chauffe encore. Mais bientôt, les températures vont chuter, et la neige va recouvrir les champs où campent des centaines de milliers de réfugiés syriens.

Ils vivent sous des bâches ou des patchworks de sacs plastiques maintenus par des structures en bois, sur des terrains agricoles qui se transforment en champs de boue à la première pluie.

"L'hiver ici est quelque chose de terrible", explique Fatima Hanhoun, qui a fui les violences dans la province d'Idleb (nord-ouest) pour se retrouver sur ce terrain près de Saadnayel, dans la vallée de la Békaa (est du Liban). "L'année dernière, le sol était complètement gorgé d'eau, on ne pouvait pas sortir des tentes sans plonger jusqu'aux genoux dans l'eau et la saleté", raconte-t-elle.

Même quand le temps est clément, les conditions de vie sont déplorables dans ce mini-camp officieux, séparé de la route par un ruisseau charriant détritus et déjections que les enfants traversent pieds nus.
Les réfugiés se lavent avec l'eau du ruisseau, mais marchent jusqu'à une source un peu plus loin pour trouver de l'eau potable.

Une agence humanitaire a installé quelques toilettes communes, des fosses surmontées d'une plateforme et entourées de plaques de métal rouillées.

Mais Ahmed, lui aussi venu de la province d'Idleb, explique que son épouse handicapée ne peut pas monter sur la plateforme et doit faire ses besoins dans un sac en plastique dans leur abri.
"Nous n'accusons personne de notre situation, nous espérons seulement un peu d'aide", ajoute-t-il en montrant les trous par lesquels le vent souffle dans sa tente.

 

(Lire aussi : Les réfugiés syriens au Liban s’enfoncent dans la pauvreté)


"Il y a 247.000 réfugiés enregistrés dans la Békaa, et environ 27.000 en cours d'enregistrement", explique Lisa Abou Khaled, une porte-parole du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
"Ils vont recevoir une aide pour l'hiver. Ils sont considérés comme vulnérables dans la mesure où ils vivent à plus de 500 m d'altitude", assure-t-elle.


Des tentes sous la neige
Au total, plus de 2 millions de Syriens ont fui les violences dans leur pays, s'installant pour l'immense majorité dans des conditions précaires dans les pays limitrophes, selon le HCR qui parle de l'un des plus grands déplacements de population depuis 30 ans.

Dans une école de Saadnayel, des dizaines d'hommes et de femmes patientent pour recevoir des kits contenant en particulier des couvertures thermiques spéciales, ainsi que des cartes bancaires rechargeables destinées à leur permettre d'acheter des appareils de chauffage et du fuel.

Les réfugiés reçoivent aussi des bâches renforcées et des poutrelles de bois supplémentaires, ainsi que des tapis de sol.

A Dalhamiyeh, un autre des quelque 250 camps de fortune installés dans la Bekaa, de nombreux abris ont déjà été consolidés.
"Dieu merci, l'ONU nous aide. Nous avons installé les bâches supplémentaires, et nous avons de l'argent pour le fuel et le chauffage", explique Mahbuba Sarhan, une mère de sept enfants venue de la province de Homs (centre).

Mais la rumeur annonce un hiver particulièrement rigoureux, alors que ses enfants n'ont pas de vêtements à leur taille.

Plus loin, Abdullah Hussein tente d'agrandir son tout petit abri: "Nous sommes huit à vivre dans cette tente (...). Tout ce qu'ils m'ont donné, ce sont huit poutrelles de bois et un bout de plastique. Comment est-ce que cela va nous tenir au chaud quand il neigera?"

Mme Abou Khaled comprend ces doléances, mais dans la mesure où les autorités libanaises refusent l'installation de camps de réfugiés officiels, le HCR et les autres agences ne peuvent que tenter d'améliorer les conditions de ces campements de fortune.

Au camp de Saadnayel, Ahmed al-Abd, 27 ans, se prépare à verser du béton sur un bout de terrain à côté de sa tente. "J'ai réussi à travailler deux jours et à acheter ce matériel pour faire quelque chose pour nous préparer pour l'hiver", explique-t-il.

Tout en dénonçant le dénuement auquel il se voit condamné, il n'envisage pas de partir : "Nous avons tous peur de l'hiver, mais retourner à la maison, aux bombardements et à la mort, c'est bien bien pire".

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