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Moyen Orient et Monde - Conflit

En Égypte, la double peine des réfugiés palestiniens de Syrie

Ils n’ont qu’une alternative : rester dans un poste de police ou retourner au camp de Yarmouk près de Damas.

Comme ces deux petites jumelles de 14 mois rencontrées avec leur famille dans un poste de police d’Alexandrie, ils sont des centaines de Palestiniens survivant sans statut en Égypte après avoir fui la guerre civile en Syrie. Des deux millions de personnes jetées sur les routes de l’exil par le conflit, le sort des Palestiniens de Syrie est sans doute le plus sombre : parce qu’ils n’ont pas la nationalité syrienne, ils n’ont pas accès au statut de réfugiés et aux protections qui l’accompagnent. Les Nations unies disent que le gouvernement provisoire égyptien a refusé d’autoriser leur inscription comme réfugiés. Résultat, les Palestiniens de Syrie sont détenus dans des postes de police, avec nulle part où aller.
La famille des deux petites jumelles a quitté la Syrie après qu’un obus a manqué détruire leur maison. Arrivée en Égypte, elle a été privée du statut de réfugié. Pas le droit de travailler, pas d’allocations.
Après cinq mois, la famille a tenté de traverser la Méditerranée direction l’Italie. Mais le 17 septembre, raconte la mère, l’embarcation sur laquelle la famille avait trouvé place a été interceptée en mer par la marine égyptienne. La mère raconte que des coups de feu ont été tirés, qu’au moins un passager a été touché. « Les enfants étaient traumatisés, dit-elle. Les balles pleuvaient, il y avait des cris, du sang. » Retour en Égypte.
S’ils avaient eu la nationalité syrienne, souligne Human Rights Watch, ils auraient été autorisés à quitter l’Égypte pour rejoindre un des camps de réfugiés établis dans d’autres pays de la région. Mais parce qu’ils sont palestiniens, ils n’ont qu’une alternative : rester dans un poste de police ou retourner en Syrie. En Turquie ou en Jordanie, ils sont interdits de séjour ; au Liban, leur séjour ne peut excéder les 48 heures.

Le HCR impuissant
« L’aspect le plus angoissant, c’est que ces gens se retrouvent en prison après avoir tenté la chose la plus désespérée qui soit : monter sur un de ces bateaux de la mort », souligne Tamara Alrifai, de Human Rights Watch.
Une ONG leur procure un repas par jour. Nombre d’entre eux passent leurs journées à prier. Dans les pièces du commissariat d’Alexandrie où ils survivent, on entend les pleurs des enfants. Aucun n’accepte de donner son identité, de peur de représailles policières. Il y a peu, pourtant, l’Égypte avait ouvert ses bras aux réfugiés fuyant la guerre civile en Syrie. Mais la situation a changé après l’éviction par l’armée du président Mohammad Morsi. Les Syriens sont désormais accusés de soutenir les Frères musulmans dont est issu le président déchu. Sur les 300 000 personnes qui auraient fui la Syrie pour l’Égypte, 5 000 à 6 000 d’entre eux seraient des Palestiniens, originaires pour la plupart de Yarmouk, un camp de réfugiés palestiniens créé à Damas en 1957 et que l’aviation syrienne a quasiment rayé de la carte cette année. L’immense majorité d’entre eux n’a jamais mis les pieds en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza. Certains ont réussi à échapper à la police égyptienne, mais vivent dans la clandestinité, redoutant d’être contrôlés, comme Wessim, 37 ans, qui vit avec sa famille dans un appartement surpeuplé d’Alexandrie et paie son loyer en travaillant gratuitement dans l’échoppe tenue par un proche.
« Le gouvernement égyptien considère que ces Palestiniens ne relèvent pas du mandat du HCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés). Le HCR est par conséquent dans l’incapacité de leur fournir une assistance ou de les défendre », indique Teddy Leposky, porte-parole de l’agence des Nations unies pour les réfugiés au Caire.
Les autorités égyptiennes justifient leur placement en détention en expliquant qu’ils sont en infraction avec les règles régissant l’immigration. Au ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatti reconnaît que détenir indéfiniment des enfants dans des postes de police n’est pas une bonne solution. Mais, ajoute le porte-parole, le gouvernement n’a pas les moyens d’ouvrir des centres d’accueil.

(Source : Reuters)

 

Comme ces deux petites jumelles de 14 mois rencontrées avec leur famille dans un poste de police d’Alexandrie, ils sont des centaines de Palestiniens survivant sans statut en Égypte après avoir fui la guerre civile en Syrie. Des deux millions de personnes jetées sur les routes de l’exil par le conflit, le sort des Palestiniens de Syrie est sans doute le...

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