Le président russe Vladimir Poutine a évoqué lundi "une chance réelle" de résoudre la question nucléaire iranienne, faisant encore grandir les attentes avant la reprise des discussions, marquées par les "exigences" formulées par son homologue français François Hollande.
Alors que Genève accueille mercredi la troisième réunion en un peu plus d'un mois, "Vladimir Poutine a souligné qu'une chance réelle était apparue pour trouver une solution à ce vieux problème", a indiqué le Kremlin après un entretien téléphonique du président russe avec son homologue iranien Hassan Rohani.
L'enjeu de cette réunion est de commencer à mettre fin aux soupçons vieux d'une décennie sur les efforts nucléaires de Téhéran, qui assure que son programme est uniquement civil, mais qui est soupçonné de vouloir se doter de l'arme atomique.
La semaine dernière, déjà à Genève, l'espoir d'un accord s'était évanoui après trois jours d'intenses négociations, après notamment des objections de la France.
Avant M. Poutine, des responsables américains, européens et russes ont affirmé qu'un accord dit "intérimaire" était cette fois à portée de main.
Exigences
Mais la pression est montée dimanche avec des déclarations de François Hollande en Israël -un Etat farouchement opposé à l'allègement des sanctions contre l'Iran. M. Hollande a détaillé quatre demandes précises : "Première exigence: mettre l'intégralité des installations nucléaires iraniennes sous contrôle international, dès à présent. Deuxième point: suspendre l'enrichissement (d'uranium) à 20%. Troisième exigence: réduire le stock existant. Et enfin, arrêter la construction de la centrale d'Arak", conçue pour produire du plutonium, une alternative à l'uranium hautement enrichi pour fabriquer une bombe.
Ces attentes étaient peu ou prou connues. "C'est pour l'essentiel le projet d'accord", commente pour l'AFP Mark Fitzpatrick, de l'Institut international d'études stratégiques (IISS).
Hassan Rohani a semblé répliquer à François Hollande lundi, selon ses propos rapportés en Iran après son entretien avec Vladimir Poutine.
"Lors des récentes négociations" à Genève, a dit le président iranien, "de bons progrès ont été réalisés, mais tout le monde doit avoir à l'esprit que les demandes excessives peuvent compliquer le processus vers un accord gagnant-gagnant."
Avant même les propos de M. Hollande, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, avait répété que le droit de l'Iran à l'enrichissement d'uranium n'était "pas négociable".
Conséquences d'un échec
Un nouvel échec renforcerait, dans chaque camp, les adversaires résolus d'un accord.
M. Rohani, dont l'entrée en fonctions en août a redonné de l'élan aux discussions, risque de perdre le soutien du chef suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, si son offensive de charme diplomatique envers l'Occident ne porte pas ses fruits rapidement.
L'absence d'accord, ou la conclusion d'un accord jugé trop complaisant envers l'Iran, compliquerait aussi la tâche du président américain Barack Obama, qui veut dissuader le Congrès de durcir encore les sanctions contre Téhéran.
En Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahu mène campagne contre les négociations, et accuse le secrétaire d'Etat américain John Kerry de vouloir conclure à tout prix "un très mauvais accord".
M. Kerry a annoncé qu'il irait en Israël vendredi, dans la foulée de la réunion de Genève.
"Mieux vaut un bon accord qu'un mauvais, là-dessus nous nous entendons", a déclaré pour sa part François Hollande dimanche à M. Netanyahu. Le chef d'Etat français paraît, à ce stade, exprimer la synthèse de la position des Six, encore dubitatifs sur les intentions iraniennes.
Les promesses de l'Iran sur le caractère pacifique de son programme nucléaire ont contrasté jusqu'à présent avec l'augmentation continue de ses capacités, notamment le nombre de centrifugeuses.
Allègement des sanctions
En cas d'accord "intérimaire" cette semaine, l'Iran cesserait d'enrichir son uranium au taux dit "intermédiaire" de 20%, réduirait son stock d'uranium, et interromprait les travaux de construction d'Arak. Téhéran obtiendrait en échange un début d'allègement des sanctions internationales.
Selon un haut responsable américain, près de 100 milliards de dollars de revenus issus des ventes de pétrole iranien sont actuellement gelés dans des comptes en banque à travers le monde. La baisse des exportations coûterait au pays "jusqu'à 5 milliards de dollars par mois".
Pendant cette première phase de quelques mois, un accord définitif serait négocié: le programme iranien serait réduit de façon permanente, et les sanctions annulées.
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commentaires (3)
LA VOLONTÉ POUR UN ACCORD QUI SATISFERAIT TOUT LE MONDE SEMBLE EXISTER. IL NE FAUT PAS PERDRE L'OPPORTUNBITÉ !
SAKR LOUBNAN
20 h 45, le 18 novembre 2013