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À La Une - Analyse

La France, le plus « faucon » des pays occidentaux

Entre interventions en Afrique et activisme au Moyen-Orient, Paris adopte une politique « guerrière ».

François Hollande. AFP PHOTO / POOL / Robert Pratta

En première ligne en Libye et au Mali, va-t-en-guerre en Syrie, intransigeante dans le dossier iranien : la France, longtemps critique du rôle de gendarme joué par les États-Unis, est devenue le pays occidental le plus interventionniste. Paradoxe : la France adopte une position « guerrière » inhabituelle sur la scène internationale au moment où elle semble sur le déclin entre difficultés à boucler son budget militaire, perte d’influence économique et apparition de nouveaux acteurs à l’instar du Qatar, de l’Inde ou du Brésil.

 

« La France a montré qu’elle était devenue ces dernières années le plus faucon des pays occidentaux sur les dossiers au Proche-Orient et dans la région », résume Hussein Ibish, analyste à Washington du groupe de réflexion American Task Force on Palestine.
Pendant près de 50 ans, la politique étrangère de la France avait suivi la doctrine établie par le général Charles de Gaulle. Sa « certaine idée de la France » plaçait à bonne distance les géants soviétique et américain, et Israël. Ce non-alignement a perduré sous le président socialiste François Mitterrand et culminé en 2003 lors du « non » de Jacques Chirac à l’invasion de l’Irak de Saddam Hussein.
Il y a dix ans, les républicains américains criaient au boycott de la France et qualifiaient les Français de « singes capitulards bouffeurs de fromage ». Paris, en phase avec Moscou, dénonçait en Washington le « gendarme du monde ». Aujourd’hui, l’influent sénateur américain John McCain tweete « Vive la France » après les négociations à Genève. Que s’est-il passé entre-temps ?

Ambitions limitées
La gestion offensive – similaire – de Nicolas Sarkozy et de François Hollande a accompagné un renouvellement de générations au ministère des Affaires étrangères, dans l’armée et les services secrets. La nouvelle a grandi dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 à New York et fait ses armes dans la lutte antiterroriste, notamment en Afghanistan et au Sahel. Paris a aussi profité en partie du « vide » relatif laissé par les États-Unis au Moyen-Orient. Après une décennie de guerres lancées par George W. Bush en Afghanistan et en Irak, son successeur Barack Obama a organisé le retour à la maison des GI, favorisant une politique de « repli sur soi ».


« Les pays comme la France connaissent très bien l’équilibre des pouvoirs au Proche-Orient et ils veulent protéger leurs intérêts », souligne Alireza Nader, expert du centre de réflexion RAND. « Il ne s’agit pas seulement du programme nucléaire (iranien), mais également de calculs de pouvoir et d’équilibre. La France protège la sécurité d’Israël, mais a aussi des liens étroits avec l’Arabie saoudite et les pays du Golfe », dit-il.


En août, la Syrie a toutefois brutalement ramené les Français au principe de réalité. Après la mort de 1 500 personnes tuées par des armes chimiques près de Damas, la France pensait avoir convaincu les États-Unis de lancer des frappes sur les installations militaires syriennes. Mais une reculade à la dernière minute de Barack Obama a laissé François Hollande seul en première ligne, l’obligeant à baisser son pavillon. Directeur de l’Institut politique Issam Farès, Ramy Khory constate ainsi : « La France ne pourra pas jouer un rôle aussi important que les États-Unis au Proche-Orient, mais elle peut très certainement (y) jouer un rôle dynamique, efficace et constructif. »

 

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