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Culture - Cimaises

À l’ombre des oliviers, de Nabil Anani

L’artiste palestinien Nabil Anani expose jusqu’au 9 novembre à la galerie Art on 56th* une série de toiles qui témoignent de la majesté et de la beauté du paysage de la terre de Palestine ainsi que de la dignité d’un peuple déterminé.

«Bride» (La mariée), une manière de faire revivre les traditions.

Tout n’est pas tranquillité dans «Spirit of the Land». Depuis que Nabil Anani, né à Latroun en 1943, est retourné à Ramallah pour se consacrer à une carrière artistique après des études de beaux arts en Alexandrie (Égypte), il ne dissociera jamais le travail artistique de son engagement envers sa terre. Ce touche-à-tout qui multiplie les expositions en Europe, au Canada et en Afrique du Nord ne se limite pas à la peinture. Il devient le pionner dans l’utilisation de matières locales comme le cuir, le henné ou le papier mâché, tant dans la céramique, la peinture ou la sculpture. Outre le premier prix national palestinien d’arts visuels en 1997, l’artiste s’est vu décerner le prestigieux prix Roi Abdallah II du monde arabe pour les beaux arts.

L’âme de la terre
Dans cette récente exposition, les paysages s’étendent à vue d’œil. Des sites aux couleurs fortes, le rouge et le vert étant prédominants. Les oliviers par contre sont noirs, hachurés, entaillés, presque déchiquetés. À travers la beauté du panorama, une blessure béante se devine. La terre est blessée, lapidée, et l’artiste, depuis ses premières esquisses, en devient le porte-parole, le héraut. Chez Anani, l’art et la culture ne peuvent se dissocier de la vie sociale et quotidienne. Comment élever la voix dans un environnement si hostile sinon à travers le langage artistique? Comment traduire les meurtrissures d’un peuple? En reproduisant le symbole de ce dernier et en le multipliant à l’infini, semble répondre Anani à travers ses toiles. L’olivier, cet arbre millénaire, mille fois tranché, étêté, revit sous la brosse ou le couteau de l’artiste. Il n’y a plus un seul olivier mais deux, trois, des vingtaines, une centaine qui envahissent la toile.
Pas de perspective ni de profondeur chez Anani, mais un travail en une seule dimension visuelle qui assaille le regard, le hante et le possède. Ce refus de la seconde ou troisième dimension, cet alignement de même taille tant pour les arbres, les maisons ou les êtres humains interrogent et questionnent. La surface semble fictive, onirique. Même le mur a de nouveau revêtu sa verdure. Les couleurs elles aussi sont fortes, voire renforcées. La toile est non colorée, mais saturée de pigments. Un rouge plus rouge que le rouge. Un vert plus vert que le vert. À d’autres instants, les teintes sont grisâtres et couleur terre. Il flotte un air de sacré dans ces reproductions semblables à des icônes. La famille, les personnages sont représentés telles des figures antiques se superposant et se ramifiant comme un arbre. Les bras s’élèvent également vers le ciel dans une prière commune tout comme des branches. Colère, révolte, mais aussi supplique se lisent dans ces toiles qui s’embrasent de mille feux incandescents.

*Art on 56th (Gemmayzé). Tél. : 01/570331.
Tout n’est pas tranquillité dans «Spirit of the Land». Depuis que Nabil Anani, né à Latroun en 1943, est retourné à Ramallah pour se consacrer à une carrière artistique après des études de beaux arts en Alexandrie (Égypte), il ne dissociera jamais le travail artistique de son engagement envers sa terre. Ce touche-à-tout qui multiplie les expositions en Europe, au Canada et en...

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