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À La Une - L’éclairage

Nasrallah veut profiter du vacuum politique pour marquer des points

Les prises de position exprimées lundi par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, sont venues compliquer encore plus le nœud inextricable du dossier gouvernemental. Le leader du parti chiite a en effet torpillé les efforts en cours pour trouver une solution dans ce micmac de conditions rédhibitoires de part et d’autre. Dans son discours plutôt virulent, Nasrallah a ainsi tenté de capitaliser sur la campagne médiatique menée par les cadres de son parti depuis un moment, annonçant la victoire de son projet régional sur celui du 14 Mars, ce dernier ayant subi, d’après lui, un revers en Syrie du fait du maintien au pouvoir du président syrien, trois ans après le début de la révolution. Pour les milieux du Hezbollah, les paris de l’opposition et des forces régionales et internationales ont en effet été mis en échec du fait même qu’Assad se soit maintenu au pouvoir. Mieux encore, le président syrien a annoncé sa volonté de rempiler pour un nouveau mandat en juillet 2014, ou de rester au pouvoir afin de passer la main à son successeur, compte tenu du fait qu’un vide à la présidence de la République est inadmissible, selon l’article 78 de la Constitution syrienne après les amendements de 2012. En cas d’absence d’élection présidentielle – que l’opposition syrienne pourrait boycotter–, Bachar el-Assad resterait donc au pouvoir.


De toute évidence, ce concept opératoire de « victoire » de l’axe syro-iranien en Syrie proposé par Hassan Nasrallah est rejeté par le 14 Mars; et il en est de même pour la proposition du leader du parti chiite concernant la formation du cabinet. Pour le 14 Mars, il est clair qu’il s’agit là d’une tentative du parti d’enregistrer certains gains, à commencer par le tiers de blocage, afin de les consacrer comme des constantes dans le processus de formation du cabinet, de manière à ce qu’elles ne fassent plus jamais l’objet d’un débat. Partant, ce que Nasrallah tente de faire, c’est arracher dès maintenant des acquis au 14 Mars tant qu’il en est encore capable, surtout si les événements finissent par aller dans un sens qui n’est pas favorable au camp iranien.


Or, pour le 14 Mars, il n’est pas question de reconnaître au Hezbollah des acquis dans ces moments de flottement politique. D’autant plus que le camp souverainiste est lui-même désorienté à l’heure actuelle du fait des mutations en cours dans la région et de l’attentisme dans lequel se sont vautrées l’Arabie saoudite et d’autres puissances occidentales en attendant de savoir quel sera le sort de l’accord russo-américain et de l’ouverture iranienne sur les États-Unis. Signe assez révélateur des temps qui courent, les calicots antiaméricains (et antiqataris) ont disparu des rues de la banlieue sud et des villages du Liban-Sud, comme ils ont disparu des différents quartiers de Téhéran.


Certes, le 14 Mars reconnaît que la conjoncture régionale n’est pas à son avantage actuellement. C’est d’ailleurs pourquoi ce camp refuse de faire la moindre concession ou le moindre recul. Selon des pôles du 14 Mars qui lui ont tout récemment rendu visite à Paris, l’ancien Premier ministre Saad Hariri refuse d’aborder les dossiers d’actualité avant la formation du cabinet selon les termes fixés par le Premier ministre désigné Tammam Salam, c’est-à-dire de la formule dite des « 3 x 8 » et sans tiers de blocage, avec rotation au niveau des portefeuilles ministériels et l’adoption de la déclaration de Baabda et du principe de la neutralité du Liban dans la déclaration ministérielle.


La conjoncture régionale complique la mission de Lakhdar Brahimi, actuellement en tournée pour tenter de réunir toutes les parties à Genève 2. Cependant, la mission du diplomate onusien est mise à mal par nombre d’obstacles, dont des conditions saoudiennes claires en échange de la participation du royaume à la conférence : annonce par l’Iran du retrait des gardiens de la révolution et par Nasrallah du retrait de ses combattants du territoire syrien, non-candidature d’Assad à la prochaine présidentielle et non-participation de Téhéran à la réunion. Cette dernière condition fait d’ailleurs l’objet d’un conflit entre Riyad et Washington. Pour toutes ces raisons, Brahimi n’a toujours pu obtenir un rendez-vous des autorités saoudiennes...


Selon un ancien ministre, le Liban serait condamné pour l’instant à stagner, y compris sur le plan du gouvernement. C’est pourquoi Tammam Salam se serait octroyé des vacances en Suisse avec sa famille ; et aucune rencontre n’est prévue entre Saad Hariri et lui à Paris. Seuls des développements sur la scène syrienne pourraient apporter quelque changement au Liban. Tripoli, terrain d’un bras de fer sunnito-chiite au quotidien, résume parfaitement bien la situation au Liban, estime pour sa part un ancien responsable sécuritaire. Qu’à cela ne tienne, il paraît plus que jamais impossible de dissocier le dossier du gouvernement du conflit régional ; c’est pourquoi le processus de formation du cabinet est de retour à la case départ. En attendant l’éclaircie...

 

 

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