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À La Une - Liban

Les combats embrasent la nuit de Tripoli

Rifi s'en prend à Damas et au Hezbollah.

La fumée couvrant vendredi le quartier sunnite de Bab el-Tebbaneh, à Tripoli. Au moins 7 personnes ont été tuées dans les violences qui secouent la capitale du Liban-Nord depuis lundi soir. AFP PHOTO/JOSEPH EID

Après une journée de calme précaire, rompu par une activité intense de francs-tireurs rendant impraticables plusieurs axes routiers de la région, notamment la route reliant les ronds-points Maaloula et Abou Ali, les accrochages ont repris de plus belle en soirée entre les quartiers de Jabal Mohsen et de Bab el-Tebbaneh. Selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle), plusieurs obus sont tombés en plusieurs endroits et l'armée riposte aux sources de tirs. La troupe a d'ailleurs renforcé ses patrouilles dans la région et mettait en place des barricades destinées à isoler les deux quartiers rivaux l'un de l'autre. 

 

Une femme de 22 ans, blessée par balles jeudi, a succombé vendredi, a ajouté selon un responsable de sécurité, faisant monter le bilan à au moins sept morts et plus de 70 blessés depuis lundi. Les combats ont commencé lorsque des feux d’artifice ont été tirés à Jabal Mohsen lors d’une interview télévisée du président syrien Bachar el-Assad sur la chaîne al-Mayadeen.


Déjà durant toute la nuit de jeudi à vendredi, des habitants du quartier de Jabal Mohsen, majoritairement alaouite et acquis au président syrien Bachar el-Assad, et ceux de Bab al-Tebbaneh, largement sunnite et partisan de la révolte contre le régime syrien, se sont violemment affrontés. Mitrailleuses lourdes et mortiers ont été utilisés pour la première fois.
Au cours des combats, un habitant de Bab al-Tebbaneh a été tué et 11 autres ont été blessés ainsi qu'un officier et un soldat alors que les balles ont atteint plusieurs quartiers du centre de la ville.

Jeudi dans la journée , le responsable militaire du Parti arabe démocratique (alaouite), Bassam Younès Abdallah, a été tué dans les combats. Bassam Abdallah a été atteint à la tête par un franc-tireur alors qu’il se trouvait sur un "front" de Jabal Mohsen. Il est arrivé sans vie à l’hôpital de Zghorta, où sont transférés les morts et blessés de Jabal Mohsen.

 

Le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Sakr Sakr, a demandé vendredi aux services de sécurité de lui communiquer les noms de ceux qui seraient impliqués dans les heurts afin d’émettre des mandats d’arrêt à leur encontre. Sa décision intervient au lendemain d'une réunion sécuritaire tenue à Baabda sous la présidence du chef de l’Etat Michel Sleiman pour tenter de trouver une solution à cette nouvelle flambée de violences.

 

"Tripoli n'appartient pas au régime syrien"

Le Premier ministre démissionnaire, Nagib Mikati, avait convenu jeudi que le plan de sécurité entré en vigueur il y a quelques semaines à Tripoli, et qui a volé en éclats lundi, "n’a pas encore été entièrement appliqué". Il a indiqué que "le plan de sécurité réservé à la ville de Tripoli sera exécuté graduellement".

 

L'ancien chef des Forces de sécurité intérieure (FSI), Achraf Rifi, a pour sa part sévèrement critiqué vendredi le régime syrien, l'accusant d'être responsable de ces violences meurtrières. "Tripoli n'appartient pas au régime syrien, a-t-il affirmé. Ce régime veut que notre ville lui soit soumise". 

 

L'ancien responsable des FSI s'en est également pris au Hezbollah, affirmant que la sécurité de Tripoli "n'est pas entre les mains" du puissant parti chiite. Il a par ailleurs rappelé à l'Etat libanais son "devoir" de "préserver la stabilité de la ville". "La loi doit être appliquée à Tripoli", a lancé M. Rifi. "Ceux qui pensent que ces affrontements opposent les sunnites aux alaouites ont tort. Ce qui se passe est une confrontation entre les habitants de la ville et une bande de criminels", a-t-il poursuivi. "Nous ne pouvons pas comparer les armes des habitants de Bab el-Tebbaneh à ceux du Hezbollah, a-t-il encore ajouté, accusant le parti de Dieu de soutenir financièrement les "bandes armées" (à Jabal Mohsen, ndlr).

 

Le député de Tripoli Mohammad Kabbara a de son côté appelé les habitants de la ville à la retenue afin d'éviter la discorde. A l'issue d'une réunion avec des responsables tripolitains, M. Kabbara a ajouté que, "selon les résultats de l'enquête, un groupe de Jabal Mohsen est responsable du double-attentat perpétré à Tripoli" en août dernier. "Ce même groupe armé est responsable des crimes qui ont lieu aujourd'hui dans la ville et nous appelons les forces de sécurité à s'en charger", a ajouté le député saluant les efforts du président Sleiman afin d'arrêter le sang qui coule dans la capitale du Liban-Nord.

 

Les tensions entre les quartiers de Jabal Mohsen et Bab el-Tebbaneh se sont exacerbées depuis l’éclatement du conflit syrien en mars 2011. Elles ont connu récemment un pic avec les accusations lancées contre des habitants de Jabal Mohsen qui seraient impliqués dans le double attentat contre deux mosquées sunnites de Tripoli.

 

 

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Après une journée de calme précaire, rompu par une activité intense de francs-tireurs rendant impraticables plusieurs axes routiers de la région, notamment la route reliant les ronds-points Maaloula et Abou Ali, les accrochages ont repris de plus belle en soirée entre les quartiers de Jabal Mohsen et de Bab el-Tebbaneh. Selon l'Agence nationale d'information (ANI, officielle), plusieurs...
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Triste de voir le conflit syrien porter ses fruits à Tripoli comme au bon vieux temps de la guerre civile . Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

13 h 55, le 25 octobre 2013

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Commentaires (1)

  • Triste de voir le conflit syrien porter ses fruits à Tripoli comme au bon vieux temps de la guerre civile . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    13 h 55, le 25 octobre 2013

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