Dans ce contexte, il est donc normal que le Premier ministre Tammam Salam renonce à la formule des 3 fois 8, qui a été rejetée par le 8 Mars, pour revenir à l’option d’un gouvernement neutre, option approuvée d’ailleurs par le 14 Mars qui estime que le raidissement de la position de ses adversaires est injustifié et inacceptable. Les visiteurs de Mousseitbé affirment d’ailleurs qu’il n’est pas question pour le Premier ministre désigné d’accepter la nouvelle formule proposée par Joumblatt qui se résume ainsi : « 9-9-6 ».
Toutefois, le chef de l’État reste convaincu du fait que la formation d’un gouvernement neutre est impossible, d’autant qu’elle n’a pas l’appui de Walid Joumblatt qui refuse d‘y être représenté. Michel Sleiman continue de penser qu’il faut un gouvernement politique dans lequel toutes les parties sont représentées, y compris le Hezbollah. Le chef de l’État ne s’arrête pas à des considérations du type « trois huit » ou « neuf, neuf, six ». Ce qui compte pour lui, c’est que les différentes parties s’entendent sur une équipe et qu’il sera facile alors de convaincre l’opinion publique de la justesse de ce choix. Mais il est impératif de former un nouveau gouvernement, estime le chef de l’État, pour qu’il puisse assumer une responsabilité pleine et entière dans les dossiers graves qui se posent au Liban. Dans ce contexte, un ancien ministre affirme que la part de Tammam Salam devrait être comptée dans celle des indépendants, non dans celle du 14 Mars. D’un côté, parce que ce dernier n’acceptera pas de réduire sa propre part pour lui donner des ministres et, d’un autre côté, parce que lui-même considère que depuis sa désignation avec une très forte majorité, il appartient désormais aux indépendants bien plus qu’au 14 Mars. Cet argument ne convainc pas le 8 Mars qui s’estime ainsi floué. C’est pourquoi il penche vers la formule de « neuf, neuf, six » qui, bien que faisant figurer Tammam Salam dans les six ministres des indépendants, a le mérite d’accorder le tiers de blocage à son courant. De même, le 8 Mars réclame des portefeuilles importants comme l’Énergie et l’Eau, les Télécommunications et les Affaires étrangères. Des sources bien informées précisent d’ailleurs que le Hezbollah a informé le général Michel Aoun qu’il appuyait le maintien de Gebran Bassil à l’Énergie et l’Eau.
Par ailleurs, certaines parties au 14 Mars tentent de faire accepter la formule des « 9,9,6 » en cherchant à obtenir en contrepartie la renonciation du Hezbollah à la formule « armée-peuple-résistance » dans la déclaration ministérielle. Cette proposition a d’ailleurs été soumise à un cadre du Hezbollah qui joue le rôle de médiateur pour la soumettre aux dirigeants du parti. Mais le député Mohammad Raad a court-circuité la médiation en levant le plafond des exigences du parti qui place désormais en tête de ses conditions pour la formation d’un gouvernement l’entente sur la formule « armée-
peuple-résistance ». Il est clair qu’aujourd’hui, le 8 Mars exige une entente globale avant la formation du gouvernement qui porte à la fois sur la forme, le nombre, le partage des parts, les portefeuilles et la déclaration ministérielle.
En dépit de toutes ces difficultés, le chef de l’État continue à insister sur la nécessité de former un gouvernement dans les plus brefs délais, et certains milieux annoncent déjà la naissance du gouvernement avant la fête de l’Indépendance, le 22 novembre. Le scénario pourrait être le suivant : le président de la République et le Premier ministre rendent publique la formule sur laquelle ils se sont entendus pour mettre toutes les parties au pied du mur et les obliger à assumer leurs responsabilités nationales devant l’opinion publique. Si certains ministres désignés veulent ainsi se retirer, qu’ils le fassent, et Tammam Salam prendra alors les décisions qui s’imposeront.
Un pilier du 14 Mars estime qu’un tel scénario est de nature à coincer le 8 Mars qui ne détiendra plus ainsi qu’une partie du pouvoir, au lieu de l’avoir en entier comme c’est le cas aujourd’hui. Par conséquent, il ne sera plus en mesure d’imposer sa volonté, d’autant que le 14 Mars, lui, détiendra le tiers de blocage. De même, un observateur averti affirme qu’en réalité, nul ne quittera un tel gouvernement car aucune partie ne peut assumer la responsabilité du vide politique, et les menaces lancées çà et là, au cas où le chef de l’État et le Premier ministre désigné prendraient une telle initiative, ne seraient que de la poudre aux yeux.
Nul ne peut remettre en cause la stabilité du Liban, affirme cet observateur qui pense que cette formule est la seule possible face aux conditions et contre-conditions qui entravent la formation d’un nouveau cabinet. Les sources de Mousseitbé précisent toutefois que Tammam Salam hésite à prendre une telle initiative, préférant attendre encore un peu. Mais certains pensent que les développements pourraient le pousser à cesser d’hésiter et à se lancer dans l’aventure. D’ailleurs, une délégation du 14 Mars compte se rendre prochainement chez les responsables pour les presser d’agir.
Against all odds...nous sommes toujours et encore indépendants...ok,y a des problèmes,mais nous sommes toujours là...et indépendants.Au grand dam de tous ceux qui avaient vu dans la destruction du Liban la solution aux problèmes du MO....alors,juste avant la fête,passons leur un message bien clair ,bien fort...f...k you!
21 h 26, le 11 octobre 2013