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Liban - Société

Initiative pour renforcer l’implication de la femme dans la vie publique

Le gouvernement italien finance un projet visant à renforcer la participation de la femme libanaise au niveau de la gouvernance locale et du développement.

La société civile l’a bien compris, un changement dans la composition parlementaire ne peut s’opérer que si le système des quotas féminins est appliqué lors des législatives. C’est dans ce sens qu’elle concentre ses efforts. Photo Sami Ayad

Une fois n’est pas coutume. L’État, contre toute attente, a pris une heureuse initiative visant à conforter le rôle de la femme dans la vie publique. Baptisé « Renforcer la participation de la femme au niveau de la gouvernance locale et du développement », le projet est financé par le bureau de la Coopération italienne à Beyrouth, et réalisé en partenariat avec le ministère des Affaires sociales. « Il a pour objectif de promouvoir l’égalité des genres en augmentant la présence féminine dans le processus de prise de décisions que ce soit au niveau local ou national », explique Zeina Abdelkhalik, coordinatrice du projet.
Cette initiative a été initialement lancée en 2010, mais a été interrompue pour des raisons multiples, avant d’être relancée en janvier 2013, comme l’explique Lara Daou, du bureau de la Coopération italienne à Beyrouth. L’exécution du projet s’étendra jusqu’en décembre 2014.
Tous les moyens seront mis à contribution pour assurer la réussite de cette initiative, qui revêt trois dimensions : locale, nationale et ministérielle.
Au niveau local, dix-huit microprojets soumis par des femmes, membres de conseils municipaux, seront ainsi réalisés dans les six mohafazats. Leur exécution a été entamée le 1er septembre et s’étendra sur six mois, au terme desquels ils seront minutieusement évalués et documentés (meilleur projet, success story...). Ces microprojets couvrent des secteurs différents selon les besoins de chaque région. À Rayak, à titre d’exemple, une campagne de sensibilisation à la discrimination contre les femmes sera menée, au moment où à Bednayel, à Baalbeck, le projet vise à assurer une alimentation saine. À Jdeidet el-Jouma, au Liban-Nord, un club sportif destiné aux femmes verra le jour...

Mettre en avant les femmes
Au niveau national, une campagne médiatique est prévue avec pour objectif de « pousser les partis politiques à présenter la candidature de femmes aux prochaines législatives, indique Zeina Abdelkhalik. Il vise aussi à faire du lobbying en faveur des candidates indépendantes pour leur assurer le plus grand nombre d’électeurs ». Cette campagne s’étalera sur douze mois et sera menée essentiellement sur les réseaux sociaux, en plus des spots télévisés et dans les radios.
Également au niveau national, un séminaire sera organisé à l’intention des journalistes « pour les sensibiliser aux sujets liés à la femme dans le processus de prises de décision, comme pour les inciter à mettre en avant les femmes candidates aux législatives », insiste la coordinatrice du projet, ajoutant qu’un programme de renforcement des capacités est prévu à l’intention des femmes qu’elles soient indépendantes, mais actives sur le plan politique, ou membres de partis politiques. « Nous essayons d’impliquer tous les acteurs-clés qu’ils fassent partie du gouvernement ou de la société civile », affirme Zeina Abdelkhalik, précisant dans ce cadre que la Commission nationale de la femme libanaise et l’ONG Women in Front sont partenaires du projet.
Le troisième volet de cette initiative consiste à mettre en place une stratégie de genres au sein du ministère des Affaires sociales, en collaboration avec le Collectif de recherche, de formation et de développement – CRTDA (voir par ailleurs). « C’est une initiative pionnière qui vise à intégrer les principes d’égalité entre les genres », note Zeina Abdelkhalik.

Réticence des partis
Aussi ambitieux soit-il, ce projet est semé d’embûches. « Nous allons déployer tous les efforts nécessaires pour assurer sa réussite, mais malheureusement nous ne pouvons pas garantir sa mise en œuvre ni sur le plan local ni national, déplore Zeina Abdelkhalik. En effet, nous ressentons déjà la résistance des partis à nommer des femmes aux législatives. Cela a été clair dans les réunions de sensibilisation que nous avions déjà eues avec eux. Certains responsables nous ont clairement fait entendre qu’ils ne remplaceront pas un de leurs députés par une femme, aussi compétente soit-elle (voir par ailleurs). Cette attitude est principalement due au système politique du pays. Donc, le changement ne surviendra que si le système des quotas féminin est adopté dans les législatives. Les ONG militant pour les droits des femmes l’ont compris et concentrent leurs efforts dans ce sens. »
À ce problème, s’ajoute celui du consentement familial, « notamment si la femme est mariée ». « Si la famille du conjoint ne la soutient pas, la femme qui désire s’impliquer dans la vie publique aura plus de difficultés pour réussir », constate Zeina Abdelkhalik. Et de conclure : « Donc, nous n’espérons pas grand-chose au niveau des législatives, à moins que le système des quotas ne soit adopté. Nous misons plutôt sur les prochaines élections municipales, qui se tiendront en 2016. Et c’est dès aujourd’hui que nous devons préparer le terrain. Au Liban, environ 500 femmes sont membres de conseils municipaux, la majorité d’entre elles remplaçant leur mari, parce que ce dernier ne pouvait pas se présenter. Rares sont celles qui prennent la chose au sérieux ou qui sont réellement actives. Or c’est au niveau des conseils municipaux que le travail doit commencer pour renforcer la participation de la femme au niveau de la gouvernance locale. Il faut préparer des femmes qui connaissent les lois, qui ont la volonté et la motivation nécessaires pour servir leurs communautés. Ce travail se fait des années à l’avance. »

 

 

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