Les Etats-Unis ont vivement critiqué mardi le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov qui a réaffirmé que l'attaque chimique du 21 août en Syrie n'était pas le fait du régime de Damas, mais une "provocation".
"Nous avons vu bien sûr vu les commentaires du ministre Lavrov. Il nage à contre-courant de l'opinion publique internationale et, de manière plus significative encore, à contre-courant des faits", a fustigé la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki, trois jours après un accord américano-russe sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien.
La responsable américaine s'est appuyée sur le rapport de l'ONU rendu public lundi qui, a dit Mme Psaki, "confirme sans équivoque que des armes chimiques, y compris du gaz sarin, ont été utilisées en Syrie". Et, a-t-elle ajouté, "s'il l'on se base sur nos propres renseignements contenus dans le rapport, plusieurs détails fondamentaux confirment la culpabilité du régime Assad dans cette attaque" du 21 août près de Damas qui a fait, selon Washington, 1.429 morts.
Le département d'Etat réagissait à la rencontre mardi entre Paris et Moscou, qui ont fait le constat de désaccords persistants sur la Syrie, tant sur la question de la responsabilité du régime dans l'attaque chimique du 21 août que sur l'adoption à l'ONU d'une résolution contraignante contre Damas.
(Reportage: A Alep, des bénévoles formés pour agir en cas d'attaque chimique)
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius avait affirmé devant M. Lavrov que le rapport de l'ONU ne laissait "aucun doute sur la responsabilité du régime de Damas".
"Nous avons les raisons les plus sérieuses de penser que c'était une provocation", avait rétorqué le ministre russe.
Quand à la résolution "forte et contraignante" que Paris a dit lundi vouloir faire adopter d'ici la fin de la semaine au Conseil de sécurité de l'ONU, M. Lavrov a de facto écarté qu'elle puisse prévoir le recours à la force.
"La résolution ne sera pas sous chapitre 7"
"La résolution qui devra approuver la décision de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques ne sera pas sous chapitre 7", le chapitre de la charte de l'ONU qui prévoit des sanctions et jusqu'au recours à la force, a déclaré M. Lavrov. "Nous l'avons dit clairement à Genève, et il n'y a rien de tel dans le document que nous avons adopté ", a-t-il ajouté, évoquant l'accord conclu samedi avec le secrétaire d'Etat américain John Kerry sur la mise en oeuvre d'un plan de démantèlement des armes chimiques syriennes. Ce n'est que dans un deuxième temps, si l'une ou l'autre des parties enfreint les engagements pris, que le Conseil de sécurité pourra envisager une action, a-t-il souligné.
En présentant lundi le rapport aux 15 membres du Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a décrit un rapport dont "la lecture donne le frisson", et a qualifié l'attaque de "crime de guerre".
Ses rédacteurs sont des inspecteurs onusiens qui ont enquêté sur le terrain.
Sans désigner explicitement les autorités syriennes, le texte dresse des "preuves flagrantes et convaincantes" sur le recours au gaz sarin. D'après ce document, "des armes chimiques ont été utilisées sur une échelle relativement grande" au cours du conflit syrien "contre des civils, y compris des enfants".
(Repère : Les principaux points du rapport de l'ONU sur les armes chimiques)
M. Ban ne les a pas nommés, mais il a réclamé que les responsables "rendent des comptes". La Commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Syrie a par ailleurs annoncé des investigations sur 14 autres attaques chimiques présumées depuis septembre 2011. M. Ban a lui-même demandé au Conseil de sécurité de prévoir des "conséquences" dans "une résolution claire" si Damas ne respecte pas le plan de démantèlement de son arsenal chimique mis au point samedi à Genève par MM. Kerry et Lavrov. Le secrétaire général n'a toutefois pas parlé de frappes militaires.
Pour sa part, le chef de la Coalition nationale syrienne Ahmad Jarba a demandé mardi au Conseil de sécurité de l'ONU d'interdire au régime de Damas d'utiliser l'aviation, les missiles, l'artillerie et les armes chimiques dans une résolution sous le chapitre VII.
Pour M. Jarba, dont l'adresse a été diffusée en direct d'Istanbul par la chaîne de télévision Al-Arabiya, placer la résolution sous le chapitre VII "ouvrirait la voie à une solution de la crise syrienne et permettrait de lutter contre l'extrémisme et les organisations terroristes pour arriver à un régime démocratique qui reconstruirait la Syrie".Il a dit "mettre la communauté internationale devant ses responsabilités face à une catastrophe qui a dépassé par son ampleur toute autre catastrophe depuis la Seconde Guerre mondiale", en affirmant cependant que "les Syriens ont la certitude qu'ils ne seront pas lâchés".
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commentaires (4)
Mais franchement culotté ce Fabius. Si la nouvelle Russie fédérée et Poutinienne tient bonne tête aux ricains, ce n'est pas la France hollandeuse, même si cette dernière jouit d'une certaine doigtée diplomatique, de venir forcer la main au grand pays des tsars. Niet au chapitre 7 concernant la Syrie, Niet concernant la personne et le rôle du président Assad qui ne pourrait partir que s'il perdait (!?!?) les élections ou mourait avant cela... ce sont des constantes non négociables pour les Russes.. apparemment le maladroit Kerry n'a pas informé son collègue français durant leur déjeuné préférant parlé des délicieuses cuisses de grenouilles de la belle France avec ceux qui ne compte plus rien dans les grandes affaires du monde... même s'ils essaient de se fourré parmi les mastodontes afin d'essayer de marquer leur présence avec leur plus beau sourire.
Ali Farhat
21 h 51, le 17 septembre 2013