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À La Une - L'homme de la semaine

William Ruto, premier homme d'Etat en exercice à comparaître devant la CPI

Le vice-président kényan est accusé de crimes contre l'humanité lors de violences politico-ethniques en 2007.

Le vice-président du Kenya, William Ruto, est jugé depuis mardi pour crimes contre l'humanité devant la CPI. Michael Kooren/Pool/AFP

Fin stratège, parti de rien pour devenir vice-président du Kenya, William Ruto, jugé depuis mardi à La Haye pour crimes contre l'humanité, est le premier homme d'Etat en exercice à comparaître devant la Cour pénale internationale (CPI).

 

L'ouverture de son procès, où il a plaidé "non coupable", précède de deux mois celui du président kényan Uhuru Kenyatta, accusé comme lui d'avoir joué - dans le camp rival - un rôle dans les terribles violences sur lesquelles avaient débouché la précédente présidentielle de fin 2007.

Les deux hommes se sont depuis alliés pour conquérir le pouvoir en mars dernier. Sans William Ruto, disent les observateurs, leur ticket n'aurait jamais récolté, dans sa vallée du Rift natale, le vote crucial de leurs deux communautés respectives, historiquement rivales et encore meurtries par les tueries du précédent scrutin.

 

Né le 21 décembre 1966 dans une famille modeste, Ruto apprend jeune le prix de la réussite, obligé de travailler pour payer sa scolarité. Diplômé en sciences de l'Université de Nairobi en 1990, il devient professeur avant d'entrer en politique dans le sillage du président autocrate Daniel arap Moi, Kalenjin comme lui, qui a façonné l'identité d'une communauté jusqu'alors peu affirmée.

 

Dans un paysage politique largement dynastique, où nombre des acteurs, dont Uhuru Kenyatta, fils du premier président Jomo Kenyatta, s'appuient sur l'influence de leur famille, Ruto tire sa hargne politique et sa proximité avec les électeurs des épreuves de sa jeunesse.

"L'homme de la rue s'identifie à lui," estime Elijah Kimosop, responsable religieux, Ruto "est proche des combats quotidiens (de la population), à l'inverse de la majorité des responsables politiques de ce pays".

 

Chrétien pratiquant, ce mari et père de six enfants a fondu en larmes devant les caméras lors d'une messe après la confirmation de la victoire électorale de son ticket avec Kenyatta en mars.

 

 

Acharné de travail

Connu pour ne pas toucher à l'alcool et décrit comme un acharné de travail, Ruto débute en politique au début des années 1990 dans le mouvement de jeunesse du parti Kanu, au pouvoir depuis l'indépendance. Mouvement qui, selon ses détracteurs, lui fournit les bases de son actuelle et considérable fortune.

 Le Kenya, dirigé d'une main de fer depuis 1978 par Daniel arap Moi, vit alors les dernières heures du régime de parti unique et les jeunes de la Kanu sont soupçonnés de jouer un rôle dans les violences contre l'opposition lors des premières élections multipartites de 1992.

 

"L'expérience a servi Ruto, lui a servi de tremplin pour remporter son premier mandat de député à Eldoret (nord de la vallée du Rift) en 1997", note le chercheur Daniel Branch dans un livre sur le Kenya post-colonial.

 

Ministre de l'Intérieur en 2002, il soutient lors de la présidentielle Uhuru Kenyatta, adoubé par Moi qui ne se représente pas, mais c'est un autre kikuyu, Mwai Kibaki, qui est élu.

 

Soucieux de prendre à Moi le leadership de la communauté kalenjin, il quitte la Kanu en 2007 pour soutenir Raila Odinga, candidat à la nouvelle présidentielle face à Kibaki, soutenu par Moi et Kenyatta.

La réélection contestée du président Kibaki déclenche les pires violences politico-ethniques du Kenya indépendant, faisant un millier de morts. La vallée du Rift est le théâtre d'affrontements meurtriers entre Kikuyu et Kalenjin.

 

 

Chewing-gum et CPI

A nouveau ministre dans le gouvernement d'union nationale dirigé par Odinga, il en est suspendu en 2010 pour une ancienne affaire de corruption, avant d'être inculpé en janvier 2012 par la CPI, qui le décrit comme le principal planificateur des violences post-électorales contre la communauté kikuyu dans la vallée du Rift.

Le divorce avec Odinga est alors consommé. Ruto s'allie avec Kenyatta pour le scrutin du 4 mars 2013 et parvient à rallier les Kalenjin à leur ticket.

 

Le vice-président Ruto a assuré pouvoir assurer ses fonctions tout en comparaissant à La Haye, estimant fin 2012 le défi comparable à "mâcher du chewing-gum tout en montant des escaliers". Mardi devant la Cour, vêtu d'un costume gris foncé, d'une chemise claire et d'une cravate rouge aux rayures blanches, il est apparu confiant devant ses juges, se fendant d'un sourire narquois à la lecture du résumé des charges pesant contre lui.

 

Fin stratège, parti de rien pour devenir vice-président du Kenya, William Ruto, jugé depuis mardi à La Haye pour crimes contre l'humanité, est le premier homme d'Etat en exercice à comparaître devant la Cour pénale internationale (CPI).
 
L'ouverture de son procès, où il a plaidé "non coupable", précède de deux mois celui du président kényan Uhuru Kenyatta, accusé comme lui...
commentaires (2)

Le boucher de Damas est le suivant. Ah si seulement ses complices et traîtres libanais pouvaient comparaître avec lui, ça désinfecterait le pays.

Robert Malek

01 h 19, le 12 septembre 2013

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Commentaires (2)

  • Le boucher de Damas est le suivant. Ah si seulement ses complices et traîtres libanais pouvaient comparaître avec lui, ça désinfecterait le pays.

    Robert Malek

    01 h 19, le 12 septembre 2013

  • Les africains devraient rejeter en bloc ce machin injuste qui n'en a qu'après les tiers mondistes , jusqu'à ce que , un jour on puisse voir des criminels comme bush ou Nathan/videur justiciables de cette institution raciste et colonialiste.

    Jaber Kamel

    18 h 10, le 11 septembre 2013

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