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Campus - Reportage

Une rentrée universitaire sous le signe de l’inquiétude

Plus de 150 000 étudiants dans une quarantaine d’universités au Liban ont repris ou reprendront dans les jours qui viennent le chemin de la fac. Dans le climat d’insécurité qui règne, comment les jeunes universitaires voient-ils la rentrée ?

Racha el-Halabi, entourée de ses collègues, à la faculté des beaux-arts de l’UL, section III (Tripoli).

« Où et quand la prochaine explosion aura-t-elle lieu ? Et si c’est sur le chemin de l’université ? Que faire si on décide de bloquer les routes et que je n’arrive pas à rentrer chez moi ? Les universités seront-elles obligées de fermer leurs portes quelque temps après le début des cours ? Ces questions et beaucoup d’autres semblables occupent mon esprit et me préoccupent. Je suis inquiète et j’ai peur. Que nous cache l’avenir ? » s’écrit Sandy Chaaban, étudiante en quatrième année de génie civil à l’Université arabe de Beyrouth (BAU). La jeune fille de 21 ans habite à Saïda et doit se rendre quotidiennement à Debbiyeh, dans le Chouf, pour suivre ses cours à la fac.

 

Elle n’est pas la seule pour laquelle la rentrée, cette année, a un goût différent. Mehsen el-Mekhtefi entame bientôt le dernier semestre de la licence en sciences politiques et administratives qu’il poursuit à la faculté de droit et des sciences politiques et administratives de l’UL à Tripoli. Le jeune homme de 21 ans, qui est également journaliste Web sur les sites d’information Jbeilnews et al-Haraka.org et correspondant à Zghorta pour La Voix du Liban, raconte : « Dans notre faculté, nous sommes habitués à ce que les cours soient perturbés par les affrontements entre Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen. Et bien que le sentiment d’angoisse et d’inquiétude sur le bon déroulement de l’année universitaire nous soit familier, ce qui fait la différence de cette rentrée, c’est qu’avec l’exacerbation de la crise syrienne et ses répercussions sur la sécurité au Liban, et particulièrement à Tripoli, la situation semble annoncer plus de perturbations. »


Racha el-Halabi, également étudiante à la section III de l’UL, campus de Kobbeh à Tripoli, a, elle aussi, connu ces dernières années l’ajournement de la rentrée et la suspension des cours à cause des confrontations dans la capitale du Liban-Nord. La jeune étudiante en troisième année de conception graphique et communication visuelle exprime sa vive inquiétude : « Des sentiments de peur m’animent désormais, surtout après les deux dernières explosions à Tripoli. Et ce qui ne facilite pas les choses, c’est que, pour arriver au campus, je suis obligée de prendre une route adjacente à Jabal Mohsen et Bab el-Tebbaneh. »


À l’inquiétude face à l’insécurité s’ajoute, pour Racha, un vif sentiment d’incertitude quant au début des cours. « Je n’ai aucune idée de la date de reprise des cours. Tout dépend des examens de la 2e session. D’ailleurs, nous sommes habitués à l’Université libanaise que les décisions soient prises à la dernière minute », se plaint-elle.


Pour Ronalda Ibrahim, 21 ans, étudiante en 2e année de droit à la faculté de droit et des sciences politiques et administratives de l’UL, section II à Jal el-Dib, l’avenir s’annonce sombre. « Je ne suis pas du tout optimiste au vu de la situation actuelle, dit-elle. Nous avons toujours connu des tensions entre les étudiants dans différentes facultés à cause de la politique. J’ai bien peur que l’histoire ne se répète cette année encore, surtout avec la crise syrienne et l’intervention libanaise en Syrie. Mais ce qui me fait le plus peur, c’est l’avenir. Je crains de ne pouvoir continuer mes études ici au Liban, et plus tard, si j’obtiens ma licence, de ne pouvoir y travailler. »

Craintes et inquiétudes
« La situation actuelle est dangereuse. La peur de plonger dans une nouvelle guerre est omniprésente. Les conséquences sur la rentrée et sur toute l’année universitaire sont à prévoir si la situation ne s’améliore pas », avertit Joëlle Karaa dont c’est la première rentrée universitaire. La jeune fille de 19 ans intégrera la faculté d’économie de l’USJ. Et même si elle est inquiète pour la situation, elle est très enthousiaste. « C’est un nouveau début pour moi, un nouveau monde, un nouveau mode de vie. Je suis désormais plus responsable de mes actes comme de mes choix. » Joëlle s’est préparée en douceur pour la rentrée : « J’ai commencé à lire des articles en relation avec mon domaine d’études. Et je me suis organisée, la vie universitaire étant bien différente de la vie pendant les vacances. »


D’autres étudiants n’arrivent pas à se soustraire au climat d’inquiétude qui les entoure. Certains vont jusqu’à entrevoir une guerre qu’ils jugent immanquable. « L’instabilité, l’insécurité et l’incertitude que nous vivons sont insoutenables. Dans la guerre, l’ennemi est connu, tandis qu’aujourd’hui, notre ennemi ou nos ennemis sont anonymes, et c’est là que réside le problème », avance Sandy.


Heureusement, les jeunes gardent l’espoir. Mehsen conclut : « La vie est belle. Et nous espérons avoir la paix au Liban et dans toute la région. Vivre en paix et en sécurité est l’un des droits de l’homme les plus fondamentaux. Et c’est ce qui nous manque. »

« Où et quand la prochaine explosion aura-t-elle lieu ? Et si c’est sur le chemin de l’université ? Que faire si on décide de bloquer les routes et que je n’arrive pas à rentrer chez moi ? Les universités seront-elles obligées de fermer leurs portes quelque temps après le début des cours ? Ces questions et beaucoup d’autres semblables occupent mon esprit et me préoccupent. Je...

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