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Lifestyle - Mostra de Venise

Dans les coulisses des Femen...

Un homme serait à l’origine du mouvement féministe, selon un film réalisé sur le quotidien des activistes.

Photo Gabriel Bouys/AFP

Dans L’Ukraine n’est pas un bordel, présenté hier à Venise, la réalisatrice australienne Kitty Green, 28 ans, révèle les coulisses du mouvement Femen et le rôle méconnu joué par un homme derrière les féministes aux seins nus. Paradoxe de ce mouvement, en guerre « contre le patriarcat et la mainmise des hommes sur les femmes », c’est ce quadragénaire, Victor Svyatski, – qui n’apparaît jamais à l’écran dans le film mais qu’on entend donner des ordres au téléphone – qui a fondé le mouvement en 2008 à Kiev. L’une des leaders des Femen, Inna Chevtchenko, blonde aux yeux verts, présente à Venise avec cinq de ses amies – toutes ont posé seins nus pour les photographes –, a expliqué que Victor avait quitté le mouvement qui s’est lui-même divisé, et que nombre d’entre elles avaient choisi de se soustraire à « l’emprise » de cet homme. Le film s’achève d’ailleurs sur ces dissensions.

 


Le corps comme arme
À travers les conversations, les commentaires des jeunes femmes filmées au quotidien, Victor apparaît dans le documentaire comme un homme très égocentrique, à la recherche du pouvoir, mélange de gourou et de pater familias de substitution. « Victor, a expliqué Inna Chevtchenko, nous a donné la possibilité de comprendre ce que fait le système patriarcal : les femmes sont esclaves du sexe, la violence est exercée contre elles dans les foyers, il nous a fait comprendre aussi combien les hommes peuvent être des salauds. » « C’est un paradoxe mais c’est la réalité. Sans ce monde patriarcal dans lequel nous avons grandi et que nous voulons fuir, nous n’aurions peut-être pas eu le courage de construire ce mouvement, sans cette violence que nous avons connue nous-mêmes », a-t-elle ajouté. La réalisatrice, qui a filmé les Femen pendant des mois ainsi que « plus de cent de leurs manifestations » et a été arrêtée « à sept ou huit reprises », a expliqué que la présence de Victor l’avait aussi déçue au début. « Après quelques mois j’ai découvert la vérité sur le mouvement et j’ai été un peu déçue. Pendant un temps j’ai même cru qu’il ne s’agissait pas de réelles féministes. Mais j’ai décidé de continuer quand même à tourner pour montrer la vraie face de l’organisation. » « Heureusement, les filles ont pu quitter tout cela et avancer », s’est réjouie Kitty Green, expliquant que l’organisation s’était développée à l’étranger où les filles militent aussi contre « l’homophobie, la collusion entre l’État et l’Église, les régimes autoritaires et les fraudes aux élections ».


Interrogée sur le financement du mouvement, à peine évoqué dans le documentaire, la réalisatrice a assuré que « les filles n’avaient presque pas d’argent » et qu’il ne provenait que de donations sur Facebook notamment. « C’est un film sur des femmes qui se lèvent et qui, en enlevant leur tee-shirt, deviennent plus fortes et plus nombreuses », a-t-elle répondu avec force à un journaliste assistant à la conférence de presse et disant « ne pas comprendre leur nudité ». « C’est comme si je montrais ma bedaine contre la guerre en Syrie, ça sert à quoi ? » s’est étonné ce dernier. « Notre corps nous appartient et de plus en plus de femmes osent le revendiquer, y compris dans le monde musulman », a lancé Sacha Chevtchenko (aucune parenté avec Inna), autre Femen présente à Venise. « Notre corps, c’est notre arme », a-t-elle ajouté. Les Femen ont saisi l’occasion du Festival de Venise pour expliquer que plusieurs d’entre elles avaient dû s’enfuir d’Ukraine après avoir été « violemment attaquées par les politiques et services secrets ». « Nous continuerons notre action en Ukraine » de l’étranger, a promis Inna Chevtchenko, basée en France où se trouve désormais leur QG, en expliquant que les Femen étaient implantées aujourd’hui dans dix pays.

 

 

 

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