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À La Une - Analyse

Quel serait l'impact d'une attaque alliée sur la guerre en Syrie ?

Le but à atteindre est davantage d'empêcher tout nouveau recours à l'arme chimique que de changer le rapport de forces sur le terrain.

Les affrontements meurtriers se poursuivent de plus belle dans la banlieue de Damas. Sam Skaine/AFP

L'action militaire attendue en Syrie principalement des Etats-Unis et de la France modifiera-t-elle le cours de la guerre meurtrière en Syrie ? Pour nombre d'experts, rien n'est moins sûr même si un message de fermeté sera délivré à Damas et au reste du monde.

 

"Je veillerai à ce que la réponse de la communauté internationale fasse cesser l'escalade de la violence", a assuré vendredi le président français François Hollande, en parlant aussi de "coup d'arrêt" aux violences.

"C'est la riposte et non l'inertie qui imposera une solution politique", a-t-il insisté tandis que son homologue américain Barack Obama évoquait "une action limitée", en ne parlant que d'empêcher tout nouveau recours à l'arme chimique.

 

Sur le terrain, en deux ans et demi, le conflit qui n'était à ses débuts qu'une révolte pacifique contre une dictature se solde par plus de 100.000 morts et un pays ravagé par les destructions. La région est ébranlée, les pays voisins -au premier rang desquels le Liban- déstabilisés et débordés par l'afflux de réfugiés manquant de tout. Au quotidien, le recours aux armes classiques, comme les bombes incendiaires, fait des ravages tout aussi choquants que le gaz sarin.

 

Une éventuelle intervention militaire alliée "limitée" a certes un aspect humanitaire. "Il y a une dimension humanitaire" dans la riposte envisagée à l'attaque chimique du 21 août, admet un haut responsable américain sous couvert d'anonymat. Mais sans aucune "ligne rouge" sur le massacre "conventionnel" de civils, rien ne dit que la guerre civile ne reprendra pas de plus belle et qu'une attaque ne sera pas qu'un coup d'épée dans l'eau.

 

 

Réponse "tactique" mais non "stratégique"

D'autant que Iran et Russie, fidèles soutiens de Bachar el-Assad, devraient probablement, sauf revirement politique, aider le régime à se rétablir et à reprendre son entreprise répressive. Et que face à lui, l'opposition reste divisée, en quête de crédibilité et d'armes lourdes que se refuse à lui donner jusqu'à présent l'Occident par crainte qu'elles ne soient récupérées par des islamistes radicaux.

 

Un simple recours à des missiles de croisière contre des installations militaires syriennes vise "plus à punir l'utilisation d'armes chimiques que d'essayer de modifier radicalement l'équilibre des pouvoirs au profit de l'opposition", note Jeremy Binnie du magazine IHS Jane's Defence Weekly.

 

Un haut responsable français s'exprimant sous couvert d'anonymat le confirme : le but à atteindre est davantage d'empêcher tout nouveau recours à l'arme chimique que "de changer le rapport de forces sur le terrain".

 

Des experts regrettent à cet égard que les alliés ne soient que dans la réponse "tactique" et non "stratégique" qui permettrait d'essayer de mettre un terme au sang qui coule.

 

Un recours à la force par les Etats-Unis manque d'une "stratégie plus large", déplore Salman Shaikh du centre de l'Institut Brookings à Doha au Qatar. Une opération devrait être "appuyée par une diplomatie solide" à l'égard des pays de la région, plaide ce spécialiste.

 

Si François Hollande juge qu'une action militaire a la capacité de relancer la recherche d'une solution politique, les efforts en ce sens sont dans une impasse totale, faute de consensus entre Moscou et Washington sur l'avenir de Bachar el-Assad.

 

La Maison Blanche ne cesse pourtant de répéter que les Etats-Unis "sont très engagés dans la recherche d'une résolution politique au conflit" et prend soin, comme Paris avec retard vendredi, de souligner officiellement que l'objectif d'une possible attaque n'est pas "un changement de régime".

 

Une posture jugée trop prudente par l'un des alliés de Washington dans la région, la Turquie, qui s'est dit vendredi insatisfaite d'une action militaire limitée.

"Une intervention doit se faire comme ce qui s'est produit au Kosovo. Une intervention d'un jour ou deux ne suffira pas. L'objectif doit être de contraindre le régime à abandonner" le pouvoir, a déclaré le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

 

 

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commentaires (6)

Ca serait la fin des haricots , pour ceux cultivés dans les territoires usurpés !

Jaber Kamel

13 h 20, le 01 septembre 2013

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Commentaires (6)

  • Ca serait la fin des haricots , pour ceux cultivés dans les territoires usurpés !

    Jaber Kamel

    13 h 20, le 01 septembre 2013

  • LES DÉBANDADES !

    SAKR LOUBNAN

    09 h 45, le 01 septembre 2013

  • S'il y aura agression et je doute qu'ils soient aussi idiots pour le faire, on parlera d'autres choses dans les prochains jours... d'avant et d'après agression.

    Ali Farhat

    20 h 26, le 31 août 2013

  • Le New Jersey sur les côtes libanaises il y a trente ans , et la riposte contre la Syrie tant attendue se ressemblent . Ils ne contraindront pas le régime à abandonner le pouvoir. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    14 h 59, le 31 août 2013

  • Qu'on ne nous prenne pas pour des idiots! L'attaque americaine a deux buts: diviser la Syrie et affaiblir Assad au plus haut degre de facon a ce qu'il soit oblige d'accepter toutes les conditions des pays allies a Geneve 2, sur la table du "dialogue". De quell dialogue parle-t-on quand il n'aura plus aucun choix? Le drame n'est pas la. La Syrie sera divisiee comme l'Irak l'a ete. Mais lla grande catastrophe, c'est les debordements des frappes americaines et de ses allies sur la region qui seront tres dangereuses... On irait vers un carnage qui s'eternisera dans le temps, avec un demantelement de tout le Moyen-Orient et pour sur, un enlisement des Americains dans la region. Mais, c'est le dernier souci des politiciens occidentaux: pendant que les takfiristes seront en train de manger allegrement les coeurs et les intestins de leurs adversaires, Obama, Hollande, Cameron et Cie seront confortablement assis dans leur fauteuil, en train de siroter un Glennfiddish, regardant la television et entoures de leur progeniture securisee a vie.... Ca suffit de parler d'"humanisme" pour justifier l'attaque en Syrie!

    Michele Aoun

    14 h 37, le 31 août 2013

  • soyons honnêtes ... ! le démembrement de la Syrie ...a commencé après 42 ans de dictature de la minorité alaouite... Alors, l'attaque des ' alliés..' ? . c'est une page de l'histoire... post colonialiste qui se referme... ou qui s'ouvre....

    M.V.

    13 h 55, le 31 août 2013

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