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À La Une - Conflit

L'armée syrienne a "le doigt sur la gâchette", avertit le Premier ministre

Une frappe américaine provoquera des réactions "au-delà" de la Syrie, avertit Téhéran.

Un soldat syrien inspecte son char, dans la Ghouta orientale, en banlieue de Damas, le 30 août 2013. AFP PHOTO/SAM SKAINE

L'armée syrienne "est mobilisée, elle a le doigt sur la gâchette" a déclaré samedi à la télévision d'Etat le Premier ministre syrien Waël al-Halqi. Dans une déclaration écrite diffusée par la chaîne officielle, il a ajouté : "l'armée est prête à faire face à tous les défis et à tous les scénarios".

 

Alors que les derniers observateurs des Nations Unies ont quitté samedi matin le pays, les autorités syriennes ont assuré qu'elles se préparaient à encaisser et à réagir à des frappes aériennes américaines.

En début de matinée un haut responsable des services syriens de sécurité a affirmé à l'AFP s'attendre désormais "à une agression à tout moment" et répété que son pays était "prêt à riposter également à tout moment".

"Cette agression (occidentale) non justifiée ne passerait pas sans une riposte", a ajouté ce responsable. Les partisans de frappes défendent "une mauvaise cause, qui n'a rien à voir ni avec la morale, ni le droit international".

 

Paris et Washington se préparent à une frappe limitée contre le régime syrien accusé d'avoir fait des centaines de morts aux gaz toxiques. Malgré l'opposition des autres grandes puissances -Londres, Moscou, Pékin-, les présidents américain Barack Obama et français François Hollande veulent adresser un "message fort" au régime de Bachar el-Assad qu'ils tiennent pour "responsable" d'une attaque chimique le 21 août près de Damas.

 

 

(Lire aussi: La crise accouche d’un duo franco-américain inattendu)

 

 

Le pouvoir syrien, qui a nié tout recours aux armes chimiques et retourné l'accusation contre les rebelles, a rejeté comme "des mensonges et des fabrications" le rapport des renseignements américains sur l'implication de l'armée dans cette attaque qui a fait, selon Washington, 1.429 morts 426 enfants.

 

 

Impuissance du Conseil de sécurité

Durant quatre journées d'enquête, les experts se sont rendus sur les sites de l'offensive en banlieue de Damas et dans des hôpitaux. Ils ont effectué de nombreux prélèvements, en particulier sanguins, d'urine et de cheveux sur des victimes. L'équipe était arrivée le 18 août pour enquêter sur plusieurs sites où régime et rebelles s'accusaient d'avoir utilisé des armes chimiques, mais depuis lundi, elle concentrait ses travaux sur les sites de l'attaque du 21 août.

 

Même si l'analyse des échantillons pourrait prendre des semaines, les experts doivent rendre rapidement compte de leurs observations au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à New York. Mais les Etats-Unis ont expliqué qu'ils n'attendaient pas grand-chose du rapport des experts en expliquant avoir déjà toutes les données en main.

 

M. Obama a même condamné "l'impuissance" du Conseil de sécurité de l'ONU qui n'a pas réussi à parler d'une même voix depuis le début en mars 2011 du conflit qui a fait plus de 100.000 morts en Syrie.

 

"Comme l'a dit maintes fois Ban Ki-moon, l'enquête de l'ONU ne dira pas qui a utilisé ces armes chimiques (...). Ils vont seulement dire si de telles armes ont été utilisées. De par son mandat, la mission de l'ONU ne peut rien nous dire que nous n'ayons pas déjà partagé avec vous ou que nous ne sachions pas déjà", a insisté vendredi le chef de la diplomatie américaine, John Kerry.

Même le pouvoir syrien a rejeté par avance tout "rapport partiel" sur la mission des experts de l'ONU.

 

Ces derniers jours, les Etats-Unis ont renforcé leurs capacités près des côtes syriennes. Ils disposent désormais de cinq destroyers équipés de missiles de croisière capables de mener des attaques ciblées contre des dépôts de munitions ou des infrastructures stratégiques du régime.

 

(Repère:  L’état des moyens militaires en Syrie après le refus britannique)

 

 

Absurdité totale

Dans le camp adverse, la Russie et l'Iran ont mis en garde contre une action armée.

 

Le président Vladimir Poutine a encore défendu samedi le régime syrien en jugeant "absurdes" les accusations d'attaque chimique. Vladimir Poutine a qualifié d'"absurdité totale" l'idée que l'armée syrienne ait pu "fournir un tel prétexte" à une intervention étrangère et a demandé aux Etats-Unis de montrer leurs preuves à l'ONU. Sinon, "cela veut dire qu'il n'y en a pas", a insisté le président russe dont le pays a envoyé deux nouveaux bateaux de guerre en Méditerranée.

 

Le chef des Gardiens de la révolution islamique, l'armée d'élite du régime iranien, a mis, de son côté, en garde contre une intervention militaire américaine en Syrie. "Le fait que les Américains croient qu'une intervention militaire sera limitée à l'intérieur des frontières de la Syrie est une illusion, elle provoquera des réactions au-delà de ce pays", a déclaré le commandant Mohammad Ali Jafari, cité par l'agence Isna.

 

 

A Damas, l'angoisse

Même si les habitants de la capitale syrienne sont habitués au bruit des explosions du fait des incessants combats entre rebelles et soldats en banlieue ou dans des quartiers périphériques, ils craignent une frappe occidentale.

"Rester à Damas et attendre les coups, c'est terrifiant", expliquait ainsi Joséphine, une mère de famille de 50 ans, qui craint le déclenchement d'une offensive occidentale après le départ des experts de l'ONU et a décidé de partir au Liban voisin avec ses enfants.

 

Samedi, second jour du weekend à Damas, les rues étaient vides, avec très peu de voitures et de passants, alors que des bombardements résonnaient en banlieue. Les habitants cherchaient à faire des provisions de carburant pour les générateurs électriques en cas de frappe.

 

Dans une vidéo diffusée sur internet, l'opposition syrienne a appelé les habitants à prendre des mesures de précaution pour "surmonter les difficultés dans les prochains jours" : faire des provisions de bougies et d'eau potable, se munir de kits de premiers secours...

 

 

(Reportage: Bravant les tabous, des Syriens soignés dans des hôpitaux israéliens)

 

 

Action limitée

Après le coup de théâtre jeudi du refus du Parlement britannique d'une intervention militaire, et face à l'impasse à l'ONU, Washington a dit pouvoir compter sur des alliés comme la France, la Ligue arabe et l'Australie en vue d'une action "limitée" en Syrie.

 

Même s'il a affirmé n'avoir pas encore pris de "décision finale", le président américain a évoqué une action "limitée" contre le régime Assad, disant ne pas "pouvoir accepter un monde dans lequel des femmes, des enfants et des civils innocents sont gazés". "Quoi qu'il arrive, nous n'envisageons pas une action militaire comprenant des soldats au sol et une longue campagne", a-t-il assuré.

 

Paris et Washington ont souligné ne pas vouloir par leur action renverser le régime de Bachar el-Assad ni faire pencher l'équilibre des forces du côté des rebelles, mais faire en sorte qu'il n'y ait plus de recours à des armes chimiques.

La question d'une action militaire "va au-delà" de la Syrie, mais doit servir d'avertissement à l'Iran, au Hezbollah ou à la Corée du Nord, a aussi expliqué le secrétaire d'Etat.

 

 

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Assurances tous risques, l'Editorial de Issa Goraieb

 

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Commentaire

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commentaires (4)

Qu'est ce qu'ils causent les eurodécadents flanqués de leur maître en déconfiture internationale , mon petit doigt me dit , et il n'est pas sur une gâchette qu'ils ont une trouille d'y aller au point où , hier ils disaient non , non à Bashar et aujourd'hui , on attaque mais on ne touche pas à Bashar ??? , ni à son gouvernement ??? c'est pas sur la gâchette que les résistants ont le doigt , mais sur la braguette . Sorry pour les chastes oreilles .

Jaber Kamel

13 h 47, le 01 septembre 2013

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Commentaires (4)

  • Qu'est ce qu'ils causent les eurodécadents flanqués de leur maître en déconfiture internationale , mon petit doigt me dit , et il n'est pas sur une gâchette qu'ils ont une trouille d'y aller au point où , hier ils disaient non , non à Bashar et aujourd'hui , on attaque mais on ne touche pas à Bashar ??? , ni à son gouvernement ??? c'est pas sur la gâchette que les résistants ont le doigt , mais sur la braguette . Sorry pour les chastes oreilles .

    Jaber Kamel

    13 h 47, le 01 septembre 2013

  • UN DOIGT SUR LA GÂCHETTE... ET UN AUTRE SUR LA "MANETE" !

    SAKR LOUBNAN

    09 h 44, le 01 septembre 2013

  • Un vrai drame ou encore une fois on guérit le Mal par le Mal au lieu de trouver une solution pacifique . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    15 h 04, le 31 août 2013

  • Les civiles syriens sont habitué ...Hélas ...! ca fait trois ans ... qu'ils subissent les affres de l'imbécilité du dictateur alaouite...

    M.V.

    12 h 40, le 31 août 2013

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