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Moyen Orient et Monde - syrie

La crise accouche d’un duo franco-américain inattendu

Le refus des Britanniques de participer à d’éventuelles frappes aériennes contre le régime syrien a accouché d’une situation inattendue : un duo États-Unis/France, deux pays aux relations fortes mais à l’histoire souvent tumultueuse.
Hier, le président français François Hollande a réaffirmé le soutien militaire de la France aux États-Unis pour une réponse « proportionnée et ferme » à l’attaque chimique attribuée le 21 août au régime syrien. La nouvelle donne comporte plusieurs paradoxes. Le premier : deux hommes qui ont toujours juré d’agir par le canal unique de l’ONU pourraient se lancer dans une intervention sans feu vert des Nations unies. La France a toujours déclaré qu’elle agirait sous résolution du Conseil de sécurité et le président Barack Obama s’était fait remarquer dès 2003 par son opposition à la guerre en Irak. Second paradoxe : le principal allié des Américains est un président socialiste. La réflexion pourrait faire sourire mais elle a son importance aux États-Unis où les Français sont globalement pris de haut et où Barack Obama a dû répondre à de nombreuses reprises à des accusations de « socialisme » venant des républicains américains.

Relation spéciale ?
Sur Twitter, rare commentaire évoquant la France, celui d’un journaliste américain de la chaîne ABC qui résumait ainsi le changement de paradigme pour les États-Unis : « Special relationship? Non ! Relation spéciale », lançait Jon Williams en référence à la « relation spéciale » qui unissait Américains et Britanniques.
Depuis le vote surprise des députés britanniques, des livres d’histoire sont rouverts. Quand Français et Américains ont-ils été pour la dernière fois à la manœuvre pour une intervention militaire ? Lors de la guerre d’indépendance des États-Unis quand le marquis de La Fayette, au côté des Américains, combat... les Britanniques. Si le président américain Harry Truman a apporté son soutien en 1950 aux forces françaises engagées en Indochine, il ne s’agissait alors que d’un simple soutien logistique. Ironie dans l’affaire syrienne, cet engagement déterminé de la France au côté des Américains intervient dix ans après la crise irakienne qui avait provoqué une tension sans précédent entre Washington et Paris, flamboyant opposant à l’invasion américano-britannique en Irak.

 

(Repère:  L’état des moyens militaires en Syrie après le refus britannique)


Hier, le président français s’est défendu de tout aventurisme à l’instar de l’invasion américaine de 2003. « L’opération en Irak visait à renverser le régime. Rien de tel pour la riposte envisagée en Syrie », a insisté M. Hollande dans une interview au quotidien Le Monde. Après l’annonce de Londres, le chef de l’État français a déclaré que la position de la France restait inchangée. « Chaque pays est souverain pour participer ou non à une opération. Cela vaut pour le Royaume-Uni comme pour la France », a-t-il déclaré.
« On est dans la situation exactement inverse de 2003 », souligne Bruno Tertrais, de la Fondation pour la recherche stratégique. « Les États-Unis n’ont besoin de personne sur le plan militaire. Mais il est extrêmement important pour eux de ne pas être seuls sur le plan politique », estime-t-il.
Reste à savoir quel sera l’engagement concret de la France et quels moyens elle mettra à disposition des États-Unis. Paris a la capacité de tirer des missiles de croisière avec des avions de chasse ou des sous-marins.
Concernant les moyens, la non-participation britannique à une éventuelle opération alliée « nous oblige à repenser notre planification opérationnelle », a-t-on reconnu de source française proche du dossier.

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