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À La Une - Égypte

Quand les coptes retiennent leur colère...

Des Égyptiens inspectent les débris dans l’église copte Amba Moussa incendiée par des supporters du président Morsi dans la ville de Minya. Gianluigi Guercia/AFP

Les coptes de Minya en Haute-Égypte retiennent leur colère, deux semaines après la destruction de plusieurs églises par des islamistes rendus furieux par la répression sanglante au Caire de manifestations des partisans du président Mohammad Morsi.


Mais en dépit de la tension palpable dans cette ville située à 250 km au sud de la capitale et toujours désertée par la police, point d’appels à la vengeance, pas même de discours enflammés. Et pourtant, les coptes de Minya, une province de cinq millions d’habitants dont un million de chrétiens, disent avoir souffert de violences systématiques et coordonnées depuis la mi-août. Selon Human Rights Watch, plus de 40 églises ont été attaquées en Égypte après le début le 14 août de la répression sanglante par l’armée et la police des manifestations réclamant le retour au pouvoir de M. Morsi. Les attaques se sont concentrées, selon HRW, à Minya et Assiout, dans le centre, où respectivement 11 et 8 églises ont été visées. Les coptes, qui représentent quelque 10 millions des 80 millions d’Égyptiens, avaient déjà subi des violences dans l’histoire récente, mais jamais de campagne aussi systématique.


Les islamistes les accusent de soutenir les opérations des militaires pour écarter les Frères musulmans du pouvoir. Le patriarche copte orthodoxe Tawadros II s’est en effet affiché au côté du chef de l’armée, le général Abdel Fatah al-Sissi, le nouvel homme fort du pays, le jour où ce dernier annonçait la destitution de M. Morsi.


« Je dis aux islamistes qui nous ont attaqués que nous n’avons pas peur de leur violence et de leur volonté d’exterminer les coptes », martèle Mgr Bostros Fahim Awad Hanna, archevêque de Minya. « Si nous ne ripostons pas, ce n’est pas parce que nous sommes terrorisés, mais parce que nous sommes sages », assure-t-il. Et sur les décombres de l’église Saint-Moïse, Bassam Youssef se désole du spectacle de l’édifice aux formes arrondies, surmonté d’un clocher, ravagé par les flammes. « Juste après le 14 août, quelque 500 extrémistes ont attaqué l’édifice et y ont mis le feu », se rappelle ce copte. « On ne s’attendait pas à une telle violence », ajoute-t-il en montrant des photos d’avant la destruction.

De façade
Le centre de Minya est un enchevêtrement de commerces portant des noms chrétiens ou musulmans et les églises se mêlent aux mosquées, parfois à seulement quelques dizaines de mètres les unes des autres. Non loin de l’église Saint-Moïse, Oum Sameh garde de ce qui reste du collège copte, également incendié. « On les entendait appeler au jihad (guerre sainte) et on a vite quitté les lieux, terrorisés », se rappelle-t-elle.


De l’une des fenêtres de l’école, on voit le dôme calciné de l’église du prince Théodore. À quelques mètres, un orphelinat copte a également été incendié. « Que Dieu vous pardonne en dépit de ce que vous avez commis » : le slogan a été peint sur un pan de mur de l’orphelinat, qui n’accueille plus aucun pensionnaire. Le père Biman s’affaire à dégager des débris au siège de l’Association jésuite des Frères du développement. Le feu y a détruit la bibliothèque, une garderie et des bureaux. Mais il a épargné l’église Saint-Marc, vieille de 125 ans, toute proche.


« Je suis très en colère », glisse ce jésuite avant de se reprendre : « J’ai aussi de la compassion pour les assaillants qui ont subi un lavage de cerveau. » Il montre son tee-shirt barré d’un slogan appelant à répandre l’amour à travers le monde. « Nous avons manifesté contre le président Morsi et c’est la première fois qu’on le fait et on en a payé le prix », estime enfin Maria Hanaa, responsable de l’association.

 

 

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