Comme la plupart des chrétiens de Minya, qui constituent plus de 20 % des 4 millions habitants de cette province, Victor Fahim, 32 ans, est donc méfiant face à la nouvelle Constitution et espérait qu’elle ne passerait pas. Il est « sûr qu’elle aura des effets négatifs » et que les coptes, qui se plaignaient déjà de discrimination sous le régime de Hosni Moubarak, « auront davantage de problèmes » sous le pouvoir islamiste.
Berceau du mouvement jihadiste dont étaient issus les assassins de l’ancien président Anouar el-Sadate en 1981 et foyer de la violence islamiste dans les années 1990, Minya, qui s’étale le long du Nil à 220 km au sud du Caire, a été, au cours des deux dernières années, le théâtre de plusieurs heurts confessionnels. Signe de la méfiance générale dans cette province, un prêtre de l’Église copte-catholique refuse poliment de répondre aux questions politiques. À la sortie de l’église, une jeune femme parle avec beaucoup d’hésitation et de prudence, mais refuse de s’identifier. « Je n’ai pas voté, mon vote n’aurait pas fait de différence. Désormais il y a un président qui fera ce qu’il veut et ses décisions vont être appliquées que ça nous plaise ou pas », déplore-t-elle. Nombreux sont en effet ceux qui affichent leur désillusion et affirment qu’ils ne se sont pas rendus aux urnes. « Je suis convaincue que cette Constitution aura des répercussions négatives pour nous et tout le pays, mais je n’étais pas du tout motivée pour aller voter. Le résultat était connu d’avance car le scrutin a été truqué lors de la première phase » du référendum, organisée le 15 décembre dans 10 gouvernorats du pays, dit Marlène, 35 ans, vendeuse dans un magasin. Minya faisait partie des 17 gouvernorats de la deuxième phase du scrutin qui a eu lieu samedi. De toute façon, souligne-t-elle, « je ne suis pas inquiète et je n’ai pas peur. Au contraire, je suis optimiste car en fin de compte Dieu nous protège ».
D’autres ont préféré voter tout en étant convaincus que tout était joué d’avance. « Je savais que mon vote ne changerait rien car les élections ne sont pas libres, mais j’ai fait mon devoir », dit Merzek, 29 ans, fonctionnaire au ministère de la Santé. « J’ai dit non car ils (les islamistes) disent qu’ils veulent appliquer la charia (loi islamique) même aux chrétiens », ajoute-t-il. Sa femme Marianne, 25 ans, est déterminée : « S’ils essayent de nous imposer le voile, je ne vais bien sûr pas le porter. »
(Source : AFP)
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