Des bâtiments de guerre américains en route pour la Méditerranée, début août. Le chef du Pentagone a déclaré, mardi 27 août, que les forces américaines étaient prêtes à intervenir en Syrie. AFP PHOTO/US NAVY - Jamie Cosby =
Alors qu'une intervention militaire internationale contre la Syrie se dessine de plus en plus précisément sans l'aval du Conseil de sécurité de l'Onu, impossible à obtenir en raison du véto russe, le secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, a déclaré à la BBC que les forces armées américaines sont "prêtes" pour une action militaire en Syrie si le président Barack Obama donne son aval. "Nous sommes préparés. Nous avons positionné des éléments capables de répondre à toute option choisie par le président, a-t-il déclaré. Nous sommes prêts à y aller".
Il a ajouté que les Etats-Unis allaient bientôt présenter des preuves de l'usage par le régime syrien de Bachar el-Assad d'armes chimiques. "La Syrie a utilisé des armes chimiques contre son propre peuple", a affirmé Chuck Hagel. L'opposition syrienne accuse Damas d'avoir perpétré une attaque aux armes chimiques le 21 août dans la région de la Ghouta qui a fait 1.300 morts.
Dès jeudi?
Citant des responsables américains sous le couvert de l’anonymat, la chaîne de télévision américaine NBC a avancé que les pays occidentaux pourraient lancer "dès jeudi" leur intervention militaire contre le régime syrien. La chaîne indique que l’intervention sera "ciblée" et durera trois jours. "Elle a pour objectif de lancer un message d’avertissement au président syrien Bachar el-Assad, sans toutefois porter atteinte à sa force militaire", ajoute NBC.
Une intervention militaire occidentale contre des positions du régime est "une question de jours, pas de semaines", a affirmé Ahmad Ramadan, membre du comité politique de la Coalition de l'opposition syrienne basée en Turquie. "Il y a des rencontres entre la Coalition, l'Armée syrienne libre (rébellion) et les pays alliés durant lesquelles sont discutées les cibles éventuelles", dont des aéroports, des bases militaires et des dépôts d'armes, a-t-il ajouté. "Parmi elles, figurent des aéroports utilisés par les avions équipés de missiles et de barils explosifs, des sièges de commandement où se trouvent des officiers du régime, des Gardiens de la révolution (iraniens) et du Hezbollah (chiite libanais)", a-t-il poursuivi. Parmi les cibles éventuelles figurent également "des bases à partir desquelles sont lancées les missiles, dont les missiles (balistiques) Scud, notamment la Brigade 155 près de Damas, ainsi que les dépôts d'armes utilisés par le régime pour l'approvisionnement de ses troupes", a précisé M. Ramadan.
Jeudi est également le jour où est convoqué le parlement britannique pour un vote "sur la réponse du Royaume-Uni aux attaques à l'arme chimique" en Syrie.
Le conflit se propage
La France s'est, pour sa part, déclarée mardi "prête" à intervenir militairement en Syrie aux côtés des Américains. "La France est prête à punir ceux qui ont pris la décision infâme de gazer des innocents" en Syrie, a affirmé le président François Hollande lors d'un discours de politique étrangère devant les ambassadeurs français réunis à Paris.
"Aujourd'hui, notre responsabilité est de rechercher la riposte la plus appropriée aux exactions du régime", a ajouté M. Hollande.
"Cette guerre civile menace aujourd'hui la paix du monde", a-t-il encore souligné, notant que "le conflit se propage désormais à l'ensemble de la région, au Liban par des attentats, en Jordanie et en Turquie par l'afflux des réfugiés, en Irak par le déchaînement de violences meurtrières".
"J'ai décidé d'accroître notre soutien militaire à la coalition nationale syrienne" (opposition), a aussi dit le président sans autre précision.
Le chef de l'État français a également invoqué "la responsabilité de protéger les civils", définie en 2005 par l'Assemblée générale des Nations Unies. Ce faisant, le président français envisage donc une entorse à sa propre doctrine qui voulait jusqu'à présent que la France ne prenne part à aucune intervention militaire sans le blanc-seing du Conseil de sécurité de l'ONU.
Sous l'impulsion de la France, les membres de la coalition ad hoc qui se formerait pour "punir" Bachar el-Assad pourraient aussi se réclamer de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), un traité international de désarmement entré en vigueur en 1997.
En 1999 et déjà sous l'impulsion de la France, les Occidentaux avaient conduit des frappes aériennes contre les forces serbes au Kosovo sans disposer d'un mandat de l'ONU, la Russie s'y opposant.
A la différence de la Libye (2011) ou du Mali, où dans le premier cas Paris était co-maître d'oeuvre avec Londres et quasi seul intervenant dans le deuxième, l'implication de la France dans une action en Syrie ne devrait être qu'en supplétif des Etats-Unis.
L'Arabie saoudite, appui de poids des rebelles, a appelé à une action "ferme et sérieuse" contre le régime, alors que la Ligue arabe a accusé Damas d'avoir mené l'attaque présumée à l'arme chimique.
(Repère : Les armes chimiques du régime syrien, un arsenal mystérieux)
La Syrie se défendra
Du côté du régime, le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a affirmé mardi que son pays se défendrait en cas de frappe militaire occidentale.
"Nous avons deux options: soit nous rendre, soit nous défendre avec les moyens dont nous disposons. Le seconde alternative est la meilleure: nous nous défendrons", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Damas. "S'en prendre à la Syrie n'est pas une mince affaire. Nous avons des moyens de défense qui vont surprendre", a-t-il ajouté.
Intervenant devant la presse alors que se précise une frappe occidentale contre le régime en réaction à des attaques chimiques présumées, le chef de la diplomatie syrienne a fustigé ceux qui veulent attaquer son pays sans apporter, selon lui, la moindre preuve sur les armes chimiques. "Nous entendons les tambours de la guerre autour de nous. S'ils veulent mener une agression contre la Syrie, je pense qu'utiliser l'alibi des armes chimiques n'est pas exact du tout. Je les mets au défi de montrer ce qu'ils ont comme preuves", a-t-il souligné.
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Le ministre a prévenu qu'une telle attaque n'affecterait pas la campagne militaire menée par Damas contre les rebelles, depuis deux ans, notamment dans la banlieue de Damas. "S'ils pensent pouvoir ainsi empêcher la victoire de nos forces armées, ils se trompent", a-t-il souligné.
Pour lui, "l'effort de guerre mené par les Etats-Unis et leurs alliés servira les intérêts d'Israël et en deuxième lieu, le Front al-Nosra", groupe armé combattant avec les rebelles syriens et qui a prêté allégeance à el-Qaëda.
Lundi, le président Bachar el-Assad a estimé qu'il était "contraire au bon sens" de pointer du doigt son régime avant l'enquête. Il a aussi prévenu qu'en cas d'intervention militaire, "les Etats-Unis essuieraient un échec".
Mission onusienne reportée
Walid Mouallem a en outre affirmé que la mission des experts de l'ONU qui enquête sur un éventuel usage d'armes chimiques, avait été reportée de mardi à mercredi faute de garanties de la part des rebelles.
"Aujourd'hui, nous avons été surpris par le fait qu'ils n'ont pas pu aller sur place car les rebelles ne se sont pas mis d'accord pour garantir la sécurité de la mission. Donc, la mission a été reportée à demain", a-t-il dit.
"Un examen complet de la situation a conduit à reporter la visite d'une journée afin d'améliorer la préparation et la sécurité de l'équipe", a confirmé un porte-parole des Nations unies, Farhan Haq.
Les experts de l'ONU s'étaient rendus lundi à Mouadamiyat al-Cham, une localité au sud-ouest de Damas, site de l'attaque présumée à l'arme chimique. En chemin, ils avaient été pris pour cible par un tireur non identifié.
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Comme un singe avec une grenade
"Les tentatives visant à contourner le Conseil de sécurité (de l'ONU), de créer une fois de plus des prétextes artificiels et infondés pour une intervention militaire dans la région vont provoquer de nouvelles souffrances en Syrie et auront des conséquences catastrophiques pour les autres pays du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord", a avertit le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Alexandre Loukachevitch, dans un communiqué.
"Nous appelons nos collègues américains et tous les membres de la communauté internationale à la prudence, à un strict respect du droit international, avant tout fondé sur les principes fondamentaux de la charte de l'ONU", a-t-il poursuivi.
Le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine est allé mardi jusqu'à accuser sur son compte Twitter l'Occident d'agir "comme un singe avec une grenade" dans le monde musulman.
Une source militaro-diplomatique russe citée par l'agence Interfax a par ailleurs prévenu qu'une éventuelle intervention occidentale en Syrie ne serait pas couronnée d'une "victoire facile" car la Syrie dispose de systèmes de défense antiaérienne pour repousser des attaques. Cette source a notamment évoqué des systèmes de missile multifonctionnels sol-air Buk-M2E.
Parallèlement, un avion russe a atterri mardi dans la ville syrienne de Lattaquié pour délivrer une aide humanitaire mais aussi évacuer environ 180 ressortissants de Russie et des pays de la CEI (ex-URSS moins les pays Baltes et la Géorgie), qui ont souhaité quitter la Syrie, a indiqué le ministère des Situations d'urgence.
L'Iran a également prévenu des "lourdes conséquences" qu'aurait une intervention militaire étrangère, en soulignant que Moscou avait transmis à l'ONU "des preuves" que l'attaque du 21 août avait été menée par des rebelles.
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Les menaces de Netanyahu
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a, pour sa part, promis mardi une riposte "violente" si Damas attaquait le territoire israélien. "L'État d'Israël est préparé à toute éventualité", a dit M. Netanyahu dans un communiqué à l'issue de consultations sur la situation en syrie. "Nous ne sommes pas partie prenante dans la guerre civile en syrie, mais si nous détectons une tentative de nous faire du mal, nous réagirons, et riposterons violemment", a-t-il affirmé.
En Israël, la population se hâtait de s'équiper en masques à gaz. "Depuis le début de la semaine (démarrant le dimanche en Israël, ndrl), il y a eu quatre fois plus d'appels que d'habitude vers notre centre de renseignements, une augmentation significative", a déclaré à l'AFP une porte-parole des services postaux israéliens, qui distribuent les masques à gaz.
Enfin, alors que de hauts responsables militaires de pays occidentaux et de la région étaient réunis à Amman pour une deuxième journée de discussions au sujet "des scénarios" possibles sur la Syrie, un haut responsable jordanien a affirmé que son pays ne serait pas une "rampe de lancement" pour une intervention militaire.
La veille, l'Irak s'était également dit opposé à l'utilisation de son espace aérien ou de son territoire.
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c'et ton boulot, banane.. c'est pas toi qui décide et tu va où ils t'envoient, même si tu dois revenir (si tu reviens) avec une guibolle en bois, un œil au dessus de l'autre et les dent façon râteau usé! Faut-il toujours qu'ils choisissent leurs soldats parmi les moins.. éclairés dans ce pays? et en plus.. ça a de gueule! Pas étonnant qu'ils aient toujours perdu toutes leurs guerres. Oui, ils peuvent faire mal dans leur brutalité notoire étant forts et étant donné la considération qu'ils ont pour les peuples du reste du monde (y compris leur queue de comète européenne) mais il ne peuvent rien changer ni gagner. Dans notre région, on excelle dans la technique de l'éléphant, qu'ils connaissent bien. C'est quoi? Ben... c'est quant tu te fais suivre par un gros éléphant jusqu'à ce qu'il tombe dans le trou que tu lui a tendu... et là tu commence à le lapider manière le diable lors du pèlerinage à la Mecque...
01 h 54, le 28 août 2013