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À La Une - Syrie

Depuis l'annonce de l'attaque chimique, les Damascènes redoutent un empoisonnement de l'eau

En l'absence d'informations, les rumeurs les plus alarmistes circulent.

Des activistes et des médecins préparent des masques à gaz artisanaux, à Zamalka, dans la banlieue de Damas, le 23 août 2013. REUTERS/Hadi Almonajed

Les habitants de Damas redoutent que l'attaque chimique présumée de mercredi dans la plaine agricole de la Ghouta orientale ait pu contaminer l'eau et les aliments qu'ils consomment, et beaucoup sont inquiets en l'absence d'informations.

 

De fait, la crainte de contamination est plus forte que celle d'un raid de représailles des Etats-Unis sur la capitale syrienne. Oum Hassan, mère de cinq enfants et onze fois grand-mère, se souvient s'être une seule fois auparavant inquiétée d'une contamination alimentaire : c'était pendant l'intervention militaire américaine en Irak il y a dix ans.

"Aujourd'hui, je ressens la même chose avec les fruits et les légumes de la Ghouta. Si le poison a touché le sol, j'ai peur d'ingurgiter ce qui pousse là-bas", dit cette femme qui habite la banlieue de Jaramana mais a passé son enfance à la Ghouta.

 

Elle se résigne cependant compte tenu du fait que la plupart des produits vendus au marché viennent de ce faubourg Est de Damas.

"J'espère que Dieu nous protègera. Je préférerais vraiment planter mes propres tomates et légumes, mais comment vont-ils pousser dans mon appartement au troisième étage ? Je n'ai même pas de balcon", souligne-t-elle.

 

 

(Repère : Les armes chimiques du régime syrien, un arsenal mystérieux)

 

Hana, mère de trois filles et quatre-fois grand-mère, raconte que ses filles ne savent plus quoi donner à manger à leurs enfants.

 

"Elles ne cessent de m'appeler toute la journée et elles sont affolées. Elles demandent : 'Maman, et pour les pastèques ? Est-ce que ça absorbe les produits chimiques ? Et le lait ?' J'essaie de les calmer mais je suis très inquiète moi-même. Et si cela prenait des années pour que des effets éventuels apparaissent chez les enfants ?" . Priée de dire si elle craint une frappe de l'Otan ou des Etats-Unis, elle répond qu'elle "entend la même menace depuis deux ans."

 


(Repère : Les scénarios d'intervention militaire en Syrie)

 

Selon le site internet du Centre américain pour la prévention et le contrôle des maladies (CDCP), le gaz sarin se mélange facilement avec l'eau et les habitants peuvent être exposés au poison en buvant l'eau contaminée ou par simple contact. La consommation d'aliments contaminés est également un danger.

 

En l'absence d'informations du gouvernement syrien, les rumeurs les plus alarmistes circulent. Une grande partie de l'anxiété des Damascènes provient de la violence inhabituelle des bombardements du 21 août. Beaucoup décrivent la nuit de mardi à mercredi comme une "nuit de l'enfer".

 

"Là où j'habite, nous entendons d'habitude les tirs des missiles. Nous les entendons fendre l'air au-dessus de nous, atterrir avec un bruit sourd et exploser", raconte un habitant de Roukn al Dine, d'où l'artillerie gouvernementale tire sur Jobar, une zone tenue par les rebelles dans la Ghouta.

"Mais mercredi, je jure qu'on les a entendus en provenance de nouveaux endroits. On aurait dit que les missiles venaient de toute la ville pour fondre sur la Ghouta", explique-t-il.

 

Au final, ce que pensent les Damascènes dépend en grande partie de leur camp politique.

Ceux qui sont favorables au gouvernement épousent l'explication officielle, à savoir que les opposants sont responsables de attaque. Les opposants estiment que seules les forces alliées au pouvoir en place ont pu mener ces bombardements.

Et ceux qui se déclarent neutres, comme Oum Hassan, ne s'inquiètent que du résultat des bombardements, à savoir la contamination des produits alimentaires.

"Je ne pourrais pas dire qui l'a fait (...) Chaque camp parle avec la même conviction, accusant l'autre camp. Nous, nous voulons tout simplement que cela cesse", dit-elle. "Nous sommes épuisés."

 

 

 

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Commentaire

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De fait, la crainte de contamination est plus forte que celle d'un raid de représailles des Etats-Unis sur la capitale syrienne. Oum Hassan,...

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TOUT EST POSSIBLE DANS LA FOLIE Où TOUS SE DÉBATTENT !

SAKR LOUBNAN

13 h 55, le 26 août 2013

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Commentaires (2)

  • TOUT EST POSSIBLE DANS LA FOLIE Où TOUS SE DÉBATTENT !

    SAKR LOUBNAN

    13 h 55, le 26 août 2013

  • Tout est possible dans une guerre sans merci sauvage au maximum. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    13 h 11, le 26 août 2013

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