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À La Une - Massacre de la Ghouta

Les SR occidentaux pensent que le régime syrien a utilisé des armes chimiques

Pour les renseignements US et alliés, c’est une première évaluation ; Moscou fait de plus en plus corps avec Damas.

Une petite fille syrienne assise sur un lit dans un camp de réfugiés. Sur les deux millions de réfugiés syriens recensés par le HCR, un million ont moins de 18 ans, dont 740 000 ont moins de 11 ans. Safin Hamed/AFP

Les services de renseignements des États-Unis et de pays alliés sont parvenus à une évaluation initiale qui pourrait (devrait ?) provoquer une sérieuse réaction en chaîne : celle que les forces syriennes ont bien eu recours à des armes chimiques mercredi dans les faubourgs de Damas et que l’opération avait reçu le feu vert du gouvernement. C’est ce que l’on a déclaré de sources proches de services de sécurité américains et européens, soulignant qu’il s’agissait de premières évaluations et qu’à ce stade, les services de renseignements occidentaux étaient toujours en quête de preuves concluantes, ce qui pourrait prendre des jours, des semaines voire plus longtemps.
Ainsi, après l’offensive de mercredi dans la Ghouta orientale et à Mouadamiyat al-Cham, faisant selon l’opposition 1 300 morts, le régime de Bachar el-Assad est pointé du doigt tous azimuts. À l’appui de leurs accusations, les militants antirégime ont diffusé des vidéos de personnes inanimées ne portant aucune trace de sang ou de médecins administrant de l’oxygène à des hommes ou des enfants pour tenter de les aider à respirer. L’Observatoire syrien des droits de l’homme a lui comptabilisé 170 morts et n’a pu confirmer l’utilisation d’armes chimiques. Les autorités syriennes ont pour leur part catégoriquement démenti les allégations d’utilisation d’armes chimiques, un haut responsable de la sécurité estimant qu’avoir recours à ces armes, alors même que des experts de l’ONU se trouvent en Syrie, aurait été « un suicide politique ».

Communauté internationale
Plusieurs pays européens ont demandé une réaction forte si la responsabilité du régime de Bachar el-Assad était avérée, certains comme la Suède se disant quasi convaincus qu’il a employé des armes chimiques contre la population civile.
Le chef de la diplomatie britannique William Hague a demandé une nouvelle fois et avec insistance que les inspecteurs des Nations unies soient autorisés à se rendre sur le lieu des attaques, déclarant que la Grande-Bretagne serait prête à retourner devant le Conseil de sécurité pour obtenir un mandat plus important si les inspecteurs n’y avaient pas accès « dans les prochains jours ». L’Italie par contre s’est rangée dans le camp de ceux qui prônent une certaine prudence avant d’accuser Damas, comme l’avait fait encore plus nettement le Vatican jeudi. 

 

(Commentaire : L’islam et le printemps)


L’envoyé spécial de la Ligue arabe et de l’ONU, Lakhdar Brahimi, a pour sa part souligné que le conflit syrien était « la plus grande menace » actuelle contre la paix mondiale, et lancé un appel aux différentes parties à venir s’assoir à la table des négociations. La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a exhorté hier la communauté internationale à « agir avec le sens de l’urgence » et à « montrer un visage uni » face à la crise syrienne, après l’attaque mortelle présumée à l’arme chimique.

« Graves conséquences »
Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a prévenu la Syrie hier que l’utilisation d’armes chimiques, si elle était avérée, constituerait un « crime contre l’humanité » qui aurait « de graves conséquences ». Il avait demandé par la même occasion que les inspecteurs de l’ONU puissent enquêter au plus vite. Les inspecteurs sont arrivés dimanche avec un mandat se limitant à déterminer si des armes chimiques avaient été utilisées dans le passé à Khan al-Assal, Ataybé et Homs. Mais selon l’ONU, le chef de l’équipe, Aake Sellström, a entamé des négociations avec le régime pour pouvoir enquêter sur les attaques de mercredi.

 

(Chronologie : Les développements autour de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie)


De plus, M. Ban a demandé à l’opposition syrienne de coopérer avec la mission d’experts de l’ONU, ce à quoi elle a répondu par l’affirmative. Elle s’est ainsi engagée hier à Istanbul à assurer la sécurité des inspecteurs sur les lieux des attaques présumées à l’arme chimique près de Damas. Les opposants au régime se sont aussi engagés à recueillir des échantillons de cheveux, de sang et d’urine ainsi que des débris de missiles. Ils sont parvenus à faire sortir de Syrie ces prélèvements effectués sur des victimes de l’attaque chimique présumée de mercredi afin qu’ils soient analysés à l’étranger par des experts, a déclaré hier un haut responsable de l’opposition.

Moscou intransigeant
Il n’en demeure pas moins que la Russie n’a naturellement pas hésité à voler encore une fois au secours de Bachar el-Assad. Elle s’est dit opposée hier à tout recours à la force en Syrie. Moscou a estimé que l’attaque de mercredi était « clairement une provocation » des rebelles et jugé que « les appels de quelques capitales européennes à faire pression sur le Conseil de sécurité de l’ONU et à décider dès maintenant de recourir à la force (étaient) inacceptables ». Dans le même temps, la Russie a appelé son allié syrien à coopérer avec les experts de l’ONU.

L’« inquiétude » d’Obama
À la Maison-Blanche, c’est un autre son de cloche. Le président américain Barack Obama s’est dit hier « profondément inquiet » des allégations d’utilisation d’armes chimiques en Syrie, mais il a mis en garde contre toute nouvelle aventure militaire des États-Unis au Moyen-Orient. Le président américain s’est gardé de toute conclusion hâtive, expliquant avoir ordonné à ses services de renseignements de « rassembler des informations » supplémentaires sur cette éventuelle attaque.

 

(Repère : Les armes chimiques du régime syrien, un arsenal mystérieux)


M. Obama a toutefois concédé que ces faits, s’ils étaient avérés, seraient bien plus graves que ceux du printemps dernier. En juin, la Maison-Blanche, après des semaines d’atermoiements, avait fini par admettre que le régime de Bachar el-Assad avait utilisé des armes chimiques. La Syrie avait alors franchi la fameuse « ligne rouge » tracée par M. Obama lui-même le 20 août 2012. Mais sur CNN, le président a soigneusement évité de reparler de cette « ligne rouge ». Ce sceptique de l’interventionnisme militaire à tous crins, qui a retiré ses troupes d’Irak et s’apprête à le faire en Afghanistan, a mis en garde contre toute nouvelle opération militaire au Moyen-Orient. Accusée de « passivité » par le sénateur républicain John McCain, la Maison-Blanche est sous pression pour répliquer au massacre présumé en Syrie.
De la neutralisation de l’arsenal chimique de Bachar el-Assad à l’établissement d’une zone d’interdiction aérienne, les différents scénarios d’action militaire en Syrie comportent des conséquences et risques d’engrenage qui depuis deux ans ont dissuadé la communauté internationale d’intervenir. Mais de Washington à Paris, une intervention massive au sol est jugée hors de question.

 

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