Rechercher
Rechercher

À La Une - Syrie

Syrie : Au-delà de l'horreur

Damas aurait perpétré un « massacre » au gaz; l’opposition accuse la communauté internationale d’être « complice par son silence ».

La photo de l'intolérable : les corps des victimes, principalement des enfants, alignés dans une morgue de fortune. L'opposition syrienne a accusé le régime d'avoir perpétré une attaque aux armes chimiques dans la banlieue de Damas, le 21 août 2013. AFP/HO/SHAAM NEWS NETWORK

L’opposition syrienne a accusé hier le régime de Bachar el-Assad d’avoir perpétré un carnage dans une attaque chimique au gaz près de Damas. Cette attaque semble être l’une des plus violentes du conflit, même s’il n’était pas possible de vérifier le bilan avancé. Des vidéos diffusées par des militants montrent des enfants inanimés étendus sur le sol à côté de corps d’hommes qui ne portent aucune trace de sang. Des hommes circulent entre les rangées de corps alignés. Sur l’une d’elles, du personnel soignant tente de mettre aux enfants des masques à oxygène pour les aider à respirer, alors que des médecins essaient de ranimer d’autres qui semblent inconscients.

 

(Ici, une vidéo mise en ligne par les Comités populaire de Jesrin, dans la Ghouta orientale. Attention, les images sont choquantes)


Un des chefs de l’opposition, George Sabra, a avancé à Istanbul le chiffre de 1 300 morts dans plusieurs localités autour de Damas et a estimé que ce carnage rendait toute solution politique impossible. « Celui qui nous tue et tue nos enfants ce n’est pas seulement le régime. L’indécision américaine nous tue. Le silence de nos amis nous tue (...). L’indifférence des Arabes et des musulmans, l’hypocrisie du monde, que nous croyions libre, nous tuent », a-t-il aussi lancé. Selon lui, « le régime syrien se moque de l’ONU et des grandes puissances quand il frappe près de Damas avec des armes chimiques alors que la commission d’enquête internationale se trouve à quelques pas des victimes et des régions sinistrées ». Pour M. Sabra, « tous les discours sur la conférence de Genève II et les propositions politiques sont vains avec la poursuite de ces massacres ».

 


Carte réalisée par Elie Wehbé


De son côté, le chef de l’opposition syrienne, Ahmad Jarba, dans une entrevue accordée à la chaîne satellitaire al-Arabiya, a déclaré : « Je demande au Conseil de sécurité de l’ONU de tenir une réunion urgente pour assumer ses responsabilités face à ce massacre. » Il a en outre appelé la commission internationale qui enquête actuellement en Syrie sur l’utilisation d’armes chimiques dans le conflit à se rendre « sur le lieu du crime ».

 

(Repère : Les armes chimiques du régime syrien, un arsenal mystérieux)


Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, n’a pas confirmé l’usage d’armes chimiques et a pour sa part fait état d’au moins 100 morts, tout en assurant que ce bilan allait augmenter, « car les raids et les bombardements continuent, et la puissance de feu est considérable ». L’opération se concentre sur la localité de Mouadamiya al-Cham, au sud-ouest de la capitale, que l’armée cherche à reprendre, a précisé l’OSDH.

 


(Chronologie : Les développements autour de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie)

 

 


Damas dément
Les autorités syriennes ont aussitôt démenti avoir eu recours à des armes non conventionnelles : ces accusations « sont nulles et non avenues, et totalement infondées », a affirmé un communiqué de l’armée lu par un officier à la télévision. « Il s’agit d’une tentative désespérée des groupes terroristes de cacher leurs échecs sur le terrain (...) L’armée poursuivra sa mission nationale en faisant face au terrorisme partout sur le sol de la Syrie (...) pour protéger la patrie de ces groupes terroristes armés », ajoute le texte dans une référence aux rebelles. Le ministère syrien des Affaires étrangères a, lui, estimé que « ces mensonges (... visaient) à faire dévier la commission d’enquête de sa mission ». « La Syrie a annoncé à maintes reprises qu’elle ne ferait pas usage d’armes de destruction massive, si elle en possède, contre sa population », a ajouté le ministère.


L’accord entre Damas et l’ONU limite la mission des inspecteurs à Khan al-Assal (près d’Alep), Ataybé, près de Damas, et à Homs, dans le centre de la Syrie. Une journaliste étrangère qui s’est rendue dans l’hôtel à Damas où résident les inspecteurs a constaté qu’ils étaient sortis. Le porte-parole de l’ONU dans la capitale syrienne, Khaled al-Masri, a dit tout ignorer de leur travail et de leurs déplacements. Selon un porte-parole de l’ONU à New York, les inspecteurs étaient hier « en discussion » avec les autorités syriennes pour pouvoir se rendre sur les lieux de l’attaque.

 

 

(Repère : Armes chimiques en Syrie : un état des lieux)

 


Scepticisme...
Plusieurs experts se sont en outre montrés prudents. Paula Vanninen, directrice de Verifin, l’institut finnois pour la vérification de la convention des armes chimiques, a déclaré « n’être pas totalement convaincue » qu’il s’agisse d’une attaque au gaz innervant. « Les personnes qui aident les victimes ne portent pas de vêtements de protection ni de masques et si c’était le cas elles auraient été contaminées et victimes des mêmes symptômes », a-t-elle relevé concernant les vidéos. Pour Gwyn Winfield, directeur du magazine CBRNe World, spécialisé dans les armes chimiques, « il n’existe aucune information indiquant que des médecins ou des infirmières ont succombé, ce qui laisse à penser que ce n’est pas ce que nous considérons comme du gaz sarin militaire, mais pourrait être un gaz sarin dilué », a-t-il indiqué.

 

 

Reportage

Des morts « endormis »...

 

Réactions

L’Occident dénonce une « atrocité sans précédent »

 

Indignés par le massacre de Ghouta, les ténors du 14 Mars réclament une action concrète de la communauté internationale

 


 

L’opposition syrienne a accusé hier le régime de Bachar el-Assad d’avoir perpétré un carnage dans une attaque chimique au gaz près de Damas. Cette attaque semble être l’une des plus violentes du conflit, même s’il n’était pas possible de vérifier le bilan avancé. Des vidéos diffusées par des militants montrent des enfants inanimés étendus sur le sol à côté de corps...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut