Le député Ahmad Fatfat, le ministre joumblattiste Akram Chehayeb, et de nombreux cadres et militants de la société civile ont organisé hier soir, non loin du siège de l’Escwa, à Riad el-Solh, une marche et un rassemblement pour stigmatiser le mutisme international face aux massacres perpétrés par le régime de Bachar el-Assad.
En soirée, les députés Ahmad Fatfat et Akram Chehayeb ainsi que des cadres de la société civile et des militants de droits de l’homme ont organisé dans le centre-ville, non loin des locaux de l’Escwa, à Riad Solh, un rassemblement et une marche de protestation à la suite de la tuerie de Ghouta. Des bougies ont été allumées dans le secteur en hommage aux victimes civiles.
Au niveau des réactions, l’ancien Premier ministre et leader du courant du Futur, Saad Hariri, a fait en soirée la déclaration suivante : « Il n’y a pas de mots pour décrire le massacre perpétré par les forces de Bachar el-Assad contre des centaines d’enfants, de femmes et d’innocents civils syriens (à al-Ghouta) dans la banlieue de Damas, sauf que c’est ce que l’esprit humain peut produire de pire, égalant ainsi les horribles massacres de l’histoire de l’humanité, depuis l’époque de Hûlagû et Hitler, jusqu’aux massacres du Rwanda, du Burundi et de la Bosnie, sans compter les massacres de la Haganah en Palestine et ceux de Sabra et Chatila. »
« Mais le problème ne se réduit pas à Bachar el-Assad, qui a perdu tout sentiment humain envers son peuple, mais il touche également la communauté internationale qui permet au criminel de Damas de continuer à commettre des massacres et détruire systématiquement les villes syriennes et leur riche patrimoine, a souligné M. Hariri. Et le pire, c’est qu’il y a parmi les Arabes et les musulmans certains qui couvrent ces crimes et y participent, sans être touchés moralement ou avoir des sentiments fraternels, face aux images terribles transmises par les médias, de Ghouta, à Damas, vers tous les coins de la terre. »
Et le leader du courant du Futur d’ajouter : « Nous réaffirmons aujourd’hui notre solidarité avec le peuple syrien opprimé et notre condamnation des crimes de Bachar el-Assad, et appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités, une fois pour toutes, et à mettre fin à la politique d’attentisme face aux crimes du régime. Nous mettons en garde certains Libanais qui s’obstinent à s’impliquer dans le génocide en cours en Syrie, et nous leur disons que l’histoire n’épargnera pas les criminels et les assassins, et qu’elle n’accordera pas de certificats d’innocence morale et humaine aux complices de Bachar qui l’aident à brûler la Syrie. »
Geagea et Siniora
De son côté, le leader des Forces libanaises, Samir Geagea, a vivement stigmatisé « le massacre horrible qui a coûté la vie à des centaines de civils, notamment des femmes et des enfants, dans la banlieue de Damas, et qui serait dû selon divers rapports à l’utilisation d’armes chimiques ». « Ce massacre, a relevé M. Geagea, ne s’inscrit nullement dans le cadre des opérations militaires en cours entre les forces antagonistes en Syrie car les victimes sont tombées dans des zones où il n’y a pas d’affrontements qui justifient un tel bombardement. »
Le leader des FL a appelé dans ce cadre les Libanais, « quelles que soient leurs appartenances et leurs opinions », à condamner ce massacre, « ne fût-ce que d’un point de vue humanitaire ». Il a invité en outre la Ligue arabe à se réunir immédiatement afin de débattre de cette tuerie « et prendre les décisions qui s’imposent ». Soulignant la nécessité également d’une réunion urgente du Conseil de sécurité, M. Geagea a réclamé l’envoi sans délai des inspecteurs de l’ONU sur le lieu du massacre afin de mener l’enquête qui s’impose.
Pour sa part, l’ancien Premier ministre Fouad Siniora, chef du bloc parlementaire du Futur, a souligné que « ce que nous avons vu et entendu au sujet du massacre perpétré dans la région d’al-Ghouta n’a comme antécédent que de rares cas dans l’histoire de l’humanité lorsque l’homme s’est transformé en un animal sauvage sans pitié et sans cœur, tuant sans hésitation des centaines d’enfants et de civils innocents ». « Ce massacre, a déclaré M. Siniora, est le pire événement auquel ont pourrait songer. Le drame est qu’il s’est produit au vu et au su de la commission internationale d’enquête chargée d’investiguer sur l’utilisation d’armes chimiques, qui a entamé ses travaux il y a quelques jours en Syrie. Ce n’est pas le premier crime perpétré par les forces du régime syrien à l’encontre du peuple syrien pacifique dont le seul tort est qu’il s’est soulevé pour recouvrer sa liberté et sa dignité. »
M. Siniora a dénoncé à cet égard « le mutisme international face aux crimes du régime syrien ». « C’est ce mutisme qui a permis au régime syrien d’en arriver à ce stade de sauvagerie et d’insouciance car il sait que nul ne tentera sérieusement de l’arrêter, a poursuivi M. Siniora. Il n’est plus concevable de garder le mutisme face à un tel déferlement de violence criminelle. Toutes les factions politiques libanaises sont appelées à adopter une position libanaise unifiée face à ces actions terroristes. Une action arabe et internationale urgente s’impose en outre pour mettre un terme aux massacres et réclamer des comptes au régime criminel. »
Chehayeb et Fatfat
Par ailleurs, en marge du rassemblement et de la marche de protestation organisés hier dans le centre-ville, le ministre Akram Chehayeb (PSP de Walid Joumblatt) a fait une déclaration dans laquelle il a vivement stigmatisé le massacre de
Ghouta, soulignant que « les peuples arabes se doivent aujourd’hui de se prononcer » sur ce plan. « Si aucune action arabe ou internationale n’était entreprise, cela signifierait que le peuple arabe ne bénéficie d’aucune considération et qu’aucune ligne rouge ne le protège. »
Quant au député Ahmad Fatfat, il a fait assumer la responsabilité du massacre à l’absence de « conscience internationale ». Il s’est déclaré en outre « dégoûté » par la réaction de « certains États qui se considèrent comme de grandes puissances, comme c’est le cas de la Russie qui a exprimé des doutes au sujet de l’utilisation d’armes chimiques ». « Je m’exprime aujourd’hui à partir d’une position humaine et non pas politique, a poursuivi M. Fatfat. J’exprime ma colère et ma révolte face à ce qui s’est passé. Bachar el-Assad a commis un grand crime, et tous les alliés de Bachar el-Assad, où qu’ils soient, au Liban ou à l’étranger, assument, tous, la responsabilité. L’histoire demandera des comptes à tous ceux qui se sont tenus au côté de Bachar el-Assad. »
Et M. Fatfat de conclure, dans ce qui paraît comme une mise en garde : « Nous devons être conscients du fait que ce qui s’est passé a été perpétré à des dizaines de kilomètres uniquement de Beyrouth. Cela nécessite de notre part une grande vigilance car les choses ne peuvent pas s’arrêter aussi facilement et elles peuvent atteindre le stade de ce qu’ont commis Hitler et Saddam (Hussein). Ce qui s’est produit en Bosnie se produit aujourd’hui à Damas, et Damas est située dans le proche voisinage de Beyrouth. »
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13 h 45, le 23 août 2013