Le PM sortant conférant avec l’ambassadeur de Turquie. Photo Dalati et Nohra
Une source judiciaire, qui a requis l’anonymat, a annoncé hier que le procureur général près la cour d’appel du Mont-Liban, Claude Karam, a inculpé treize personnes de l’enlèvement des deux pilotes turcs sur la route de l’aéroport par la menace des armes. Ces personnes sont également accusées d’avoir incité à la violence et porté atteinte à l’autorité de l’État. Tous les inculpés sont des membres des familles des pèlerins chiites libanais enlevés en mai 2012 à Aazaz en Syrie.
Trois personnes qui ont déjà été arrêtées, à savoir Mohammad Ali Saleh, Nadim Saad Zgheib et Hassan Jamil Saleh, ont été interrogées. Le juge a ordonné l’arrestation des dix autres qui seront entendues ultérieurement. Il s’agit de « hajjé » Hayat Hassan Awali (porte-parole des parents des otages), Adham Ali Zgheib, Nasri Hassan Hammoud, Hussein Mohammad Saleh, Ali Jamil Saleh, Abbas Mohammad Hajj-Hassan, Abderrahman Ali Mounzer, Mehdi Hussein Zgheib, Rida Hassan Chehaïb et Sami Hassan Awali. Le juge Karam a transféré le dossier au premier juge d’instruction du Mont-Liban, Ziad Mecanna.
De leur côté, les familles des pèlerins ont menacé de « recourir à la violence » si les autorités arrêtent l’un des leurs.
Daniel Cheaïb, un proche des pèlerins de Aazaz, a qualifié les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) de « bande de corrompus agissant sous les ordres » de l’ancien Premier ministre Saad Hariri. « Nous ne resterons pas les bras croisés s’ils essaient d’arrêter l’un des nôtres », a-t-il dit.
À l’issue d’une réunion tenue hier en soirée, les proches des pèlerins s’en sont pris à l’État libanais qui, selon eux, les a classés « dans la case des criminels » alors qu’ils sont « tout simplement des proches de Libanais enlevés à Aazaz ».
Ils ont dénoncé « les procès d’intention qui sont menés contre eux », préférant croire que les noms rendus publics hier « font partie d’une grosse rumeur », annonçant qu’ils effectueront dès aujourd’hui mercredi « des visites auprès des responsables » et souhaitant que ces derniers « montrent un tant soit peu d’intérêt à notre problème ».
Un responsable sécuritaire qui a requis l’anonymat a mis l’accent sur « la coopération entre tous les services de sécurité afin de retrouver et libérer rapidement les deux pilotes turcs ».
Sur le plan politique, l’ambassadeur de Turquie au Liban, Inan Ozyildiz, s’est entretenu hier tour à tour avec le Premier ministre Nagib Mikati et avec le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel.
L’ambassadeur turc a réaffirmé la position d’Ankara qui « appelle à la libération des deux pilotes turcs et à ne pas lier leur dossier à celui des pèlerins de Aazaz », rappelant que son pays « fait son possible pour la libération des Libanais enlevés en mai 2012 ».
De son côté, M. Mikati a souligné que « le gouvernement libanais a pris toutes les mesures nécessaires pour faire la lumière sur le sort réservé aux deux pilotes turcs, appelant le gouvernement turc à œuvrer pour la libération des pèlerins libanais enlevés à Aazaz ».
Le ministre de l’Intérieur a pour sa part mis l’accent sur « la séparation du dossier de l’enlèvement des deux pilotes de celui des pèlerins libanais à Aazaz », notant que « les services de sécurité sont mobilisés pour retrouver et libérer les deux pilotes ».
M. Charbel a souligné qu’il souhaite que « la réunion qui sera prochainement tenue à Ankara entre le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, et les responsables turcs chargés de négocier la libération des pèlerins libanais aboutisse à des résultats positifs ».
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