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À La Une - Liban

Pas d'évacuation pour les Libanais en Turquie

Un proche des pèlerins libanais détenus en Syrie arrêté, les familles menacent d'escalade.

La MEA a démenti avoir envoyé un avion à Ankara pour évacuer les ressortissants libanais en Turquie.

Le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Marwan Charbel, a affirmé dimanche que les deux pilotes turcs enlevés vendredi sur la route de l’aéroport de Beyrouth seront bientôt libérés. "Nous sommes proches d’une fin heureuse, a assuré M. Charbel. Nous étudions les données téléphoniques obtenues avant et après l’opération du rapt".

Le ministre a également affirmé que toutes les parties concernées, "dont le Hezbollah", sont mobilisées pour résoudre cette crise et libérer les otages.

 

Samedi, le ministre avait reçu l'ambassadeur de Turquie, Inan Ozyildiz, au lendemain de l'enlèvement des deux pilotes de la compagnie aérienne Turkish Airlines par des éléments armés à Beyrouth. "Nous protégerons les Turcs au Liban ainsi que tous les visiteurs et tous les Libanais", a promis M. Charbel à l'issue de la réunion, condamnant le rapt des deux pilotes.

 

Vendredi, Ankara avait appelé ses ressortissants à quitter le Liban. "Au vu de la situation actuelle, il conviendra pour nos concitoyens d'éviter, sauf impératif vital, tout voyage au Liban", avait déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué diffusé sur son site Internet. "Il est conseillé à nos concitoyens se trouvant encore au Liban de rentrer en Turquie s'ils le peuvent, ou s'ils doivent rester de prendre toutes les mesures pour leur sécurité personnelle et d'être vigilants", ajoutait le document.

 

 

Les deux pilotes turcs enlevés à Beyrouth le 9 août 2013. Photos AFP

 

Pour le ministre démissionnaire du Tourisme, Fady Abboud, le rapt de vendredi aura des répercussions négatives sur la situation touristique et économique du Liban. M. Abboud a néanmoins indiqué, samedi à la Voix du Liban, que les ressortissants turcs n'ont pas tous quitté le Liban. "Il y a plus de 500 touristes turcs actuellement dans le pays et des mesures de sécurité ont été prises pour leur protection", a-t-il ajouté.

 

(Lire aussi : La Turquie allège son dispositif au sein de la FINUL)

 

Parallèlement, le ministre démissionnaire des Affaires étrangères, Adnane Mansour, a démenti dimanche les rumeurs faisant état d'un appel de l'ambassade du Liban à Ankara à l'adresse des ressortissants libanais les pressant de quitter la Turquie. "Cette information, qui est dénuée de tout fondement, a semé la panique parmi les Libanais se trouvant dans ce pays", a affirmé le ministre.

De son côté, le directeur de la Middle East Airlines (MEA), Mohammad al-Hout, a démenti les informations de presse faisant état de l'envoi d'un avion de la compagnie à Ankara pour évacuer les ressortissants libanais en Turquie, par peur de représailles à la suite de l'enlèvement des pilotes turcs.

 

 

Un proche des otages de Aazaz arrêté

Selon une source de sécurité, quatre individus armés circulant à bord de deux voitures ont enlevé les deux pilotes qui se trouvaient dans un bus se rendant de l'aéroport vers un hôtel en ville. Le rapt a eu lieu dans une zone à majorité chiite, contrôlée par les mouvements Amal et le Hezbollah. En Turquie, les deux hommes enlevés ont été identifiés comme étant le pilote Murat Aktumer et son co-pilote Murat Agca.  Les sept autres passagers sont repartis vers Istanbul.

 

Les hommes armés ont enlevé les deux pilotes de la Turkish Airlines afin qu'Ankara contraigne les rebelles syriens à relâcher neuf chiites libanais qu'ils détiennent depuis mai 2012. Ces derniers faisaient partie d'un groupe de chiites qui avaient disparu dans la province d'Alep (nord) à leur retour d'un pèlerinage en Iran. Les femmes et deux hommes du groupe avaient été libérés. 

 

Vendredi après-midi, un groupuscule se faisant appeler "Les pèlerins de l'imam Rida" avait revendiqué l'enlèvement. Dans un message diffusé par la chaîne de télévision al-Jadeed, mais dont l'authenticité n'a pu être confirmée, les ravisseurs demandent aux autorités turques la libération des pèlerins chiites contre celle des pilotes. "Nous annonçons que le capitaine et son co-pilote sont nos invités jusqu'à la libération de nos frères, qui après avoir visité les lieux saints ont été kidnappés à Aazaz. La Turquie est directement responsable de la liberté" des otages libanais, avait affirmé le groupe.

 

Alors que cheikh Abbas Zogheib, chargé par le Conseil supérieur chiite de suivre l'affaire des pèlerins enlevés en Syrie, avait démenti toute implication dans l'enlèvement des pilotes de Turkish Airlines, un proche des otages libanais, Mohammad Saleh, a été arrêté dimanche après interception d'appels qui prouvent ses liens avec les ravisseurs des deux pilotes. Cette arrestation a provoqué la colère des familles de pèlerins qui ont menacé de recourir à l'escalade dans la rue si Mohammad Saleh n'est pas libéré. Elles ont plus tard décidé de donner du temps aux efforts déployés pour résoudre l'affaire après avoir reçu des appels de la part du parti Amal (de Nabih Berry) ainsi que du Hezbollah.

 

(Lire aussi : Adham Zgheib, fils d'un pèlerin libanais enlevé en Syrie : "Onze mois, ça suffit!")

 

Les familles des pèlerins avaient manifesté à plusieurs reprises devant les locaux de Turkish Airlines à Beyrouth, appelant Ankara à user de son influence auprès des rebelles pour obtenir la libération de leurs proches. Les négociations pour leur libération ont jusqu'à présent échoué.

 

 

Une patrouille de l'armée, vendredi, sur la route de l'aéroport à Beyrouth. REUTERS/Hasan Shaaban

 

 

Dimanche soir, le groupe rebelle syrien se faisant appeler "Brigade de la tempête du Nord à Aazaz", qui a revendiqué l’enlèvement des pèlerins a indiqué qu'il décide, seul, dans l'affaire des otages libanais. Cités par plusieurs médias locaux, le groupe a ajouté qu'il ne négocierait que sur la libération les détenues dans les prisons syriennes, se disant prêt à libérer un premier groupe d'otages en échange de la libération des 127 prisonnières.


Le 19 juillet, Damas a accepté de libérer 43 femmes qui étaient détenues dans les prisons syriennes, dans le cadre des tractations du directeur général de la Sûreté générale libanaise, le général Abbas Ibrahim. Le noms de ces femmes figuraient sur une liste qui avait été précédemment remise par la Turquie aux autorités libanaises et le Liban attendait en échange de cette démarche la libération des neuf pèlerins enlevés à Aazaz.

 

 

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