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À La Une - Reactions internationales

Egypte : Les 15 du Conseil de sécurité appellent à "un maximum de retenue"

Washington annule des maneuvres, mais maintient ses relations militaires avec l'Egypte

L'assaut sanglant lancé par les forces de l'ordre égyptiennes contre des campements pro-Morsi, au Caire, le 14 août 2013, a été condamné par la communauté internationale. REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

Les membres du Conseil de sécurité souhaitent que "les parties en Egypte fassent preuve d'un maximum de retenue", a déclaré jeudi la présidente argentine du Conseil à l'issue de consultations sur la crise en Egypte.

Rendant compte de ces consultations devant la presse, l'ambassadrice argentine Maria Cristina Perceval a ajouté que les 15 pays avaient "déploré les pertes humaines" et qu'ils souhaitaient la fin de la violence et des progrès vers la "réconciliation nationale".

Les 15 pays, a-t-elle ajouté, se sont accordés "sur la nécessité de mettre fin à la violence et de faire progresser la réconciliation nationale" en Egypte.

 

Mme Perceval a tenu à souligner qu'il ne s'agissait pas d'une "déclaration officielle" du Conseil mais de "commentaires" qui reflétaient les discussions à huis clos entre les 15 pays membres. L'Argentine assure la présidence tournante du Conseil pour le mois d'août.

 

Cet artifice, ont expliqué des diplomates, a permis que le Conseil réagisse rapidement à la crise sans avoir à négocier pied à pied un texte et à surmonter certaines divergences. Ainsi la Russie et la Chine ont rejeté lors de la discussion l'idée de négocier une déclaration formelle. Moscou et Pékin sont traditionnellement réticents à intervenir dans les affaires intérieures de pays souverains.

"L'important, a fait valoir un diplomate occidental, est que le Conseil ait pu envoyer rapidement un message d'apaisement et de retenue".

 

Cette réunion se tenait à l'initiative conjointe de la France, du Royaume-Uni et de l'Australie, pour réagir à la répression sanglante qui a fait plus de 600 morts mercredi par la police et l'armée égyptiennes des manifestations des partisans du président déchu Mohamed Morsi.


Cet appel suivait une série de condamnations de la part de la communauté internationale.

 

 

L'assistance militaire US maintenue

Le président Barack Obama a ainsi annoncé jeudi l'annulation de manoeuvres militaires conjointes avec l'Egypte, mais n'est pas allé jusqu'à couper l'assistance militaire à cet allié stratégique des Etats-Unis.
Washington se réserve toutefois la possibilité de prendre des "mesures supplémentaires", a souligné le président américain.

 

Le chef du Pentagone Chuck Hagel a, de son côté, affirmé que son pays "va maintenir" ses relations militaires avec Le Caire. "Le département de la Défense maintiendra sa relation militaire avec l'Egypte mais j'ai été clair sur le fait que la violence et les mesures inadéquates en direction d'une réconciliation mettent en danger des éléments importants de notre ancienne coopération de défense", indique dans un communiqué le ministre, à l'issue d'un entretien téléphonique avec l'homme fort du régime égyptien, le général Abdel Fattah al-Sissi.

 

(Lire aussi : Jusqu'au bout, Américains et Européens ont mis en garde l'armée)

 

Mercredi soir, le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait déjà condamné "avec force la violence et l'effusion de sang" en Egypte. Il avait fustigé une répression "lamentable" contre les partisans de M. Morsi, un "grave coup porté à la réconciliation et aux espoirs du peuple égyptien pour une transition démocratique".

 

"La présidence craint que les déclarations non basées sur des faits puissent encourager les groupes armés violents", a réagit la présidence égyptienne dans un communiqué, en réponse aux déclarations du président américain. "La présidence apprécie le souci des Etats-Unis pour ce qui se passe en Egypte, mais elle souhaite que le sujet soit clarifié", indique un communiqué publié par l'agence de presse officielle MENA.

"L'Egypte est confrontée à des actes terroristes qui visent les institutions du gouvernement et des installations vitales", ajoute le communiqué.

 

 

Eviter une guerre civile

A Paris, le président français François Hollande a - dans une démarche exceptionnelle - convoqué à l'Elysée l'ambassadeur d'Egypte en France pour lui dire "que tout doit être mis en oeuvre pour éviter la guerre civile" dans son pays.

"La libération de prisonniers, dans le respect des procédures judiciaires en cours, pourrait constituer un premier pas vers la reprise de pourparlers", selon un communiqué de l'Elysée. "La France est attachée à la recherche d'une solution politique et souhaite que des élections soient organisées dans les meilleurs délais, conformément aux engagements pris par les autorités égyptiennes de transition", ajoute le communiqué.

 

Pays à cheval entre l'Europe et le Proche-Orient, la Turquie a vivement réagi aux troubles sanglants en Egypte, pays arabe le plus peuplé (82 millions).

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, chef du parti de la Justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) qui a dès le début qualifié de "coup d'Etat" la destitution par l'armée du président Morsi, a exigé une réunion du Conseil de sécurité.

"J'en appelle aux pays Occidentaux : vous n'avez rien dit à Gaza, en Palestine, en Syrie où plus de 100.000 personnes ont été tuées (....) Vous n'avez rien dit et vous ne dites rien en Egypte. Comment alors pourrez-vous parler à ce stade de la démocratie, de la liberté et des droits de l'homme", a-t-il lancé à l'adresse des Européens et des Américains dont il a dénoncé "l'hypocrisie".

 

 

(Lire aussi : La presse internationale indignée par les violences en Egypte)

 

Berlin et Londres ont également convoqué jeudi matin l'ambassadeur d'Egypte en Allemagne alors que la Chine s'est dite "très préoccupée" et a appelé à la "retenue".

Pékin "espère que toutes les parties vont faire primer l'intérêt de la nation et de la population, en faisant preuve de toute la retenue possible, afin d'éviter de nouvelles victimes", a indiqué le ministère des Affaires étrangères.

 

Le pape François a, de son côté, prié pour les victimes des violences, ainsi que "pour la paix, le dialogue et la réconciliation".

"Des nouvelles trop douloureuses arrivent malheureusement en provenance d'Egypte: je désire adresser mes prières aux victimes, à leurs familles, aux blessés et à ceux qui souffrent", a-t-il dit lors de son Angélus à Castel Gandolfo, près de Rome. "Prions ensemble pour la paix, le dialogue et la réconciliation dans cette chère terre", a ajouté le pape.

 

(Voir aussi : Images d'une journée sanglante au Caire (vidéo))

 

Au Proche-Orient, l'Egypte a fermé mercredi son point de passage avec la bande de Gaza pour une durée indéterminée. Des centaines de travailleurs palestiniens traversent chaque jour ce point de passage de Rafah, dans la péninsule du Sinaï, dans les deux sens.

Israël n'a pas officiellement réagi aux événements en Egypte.

 

Mercredi, la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, avait réclamé la levée de l'état d'urgence "dès que possible".

 

 

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