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Liban - Sécurité

Rapt des pilotes turcs : les volets diplomatique et sécuritaire activés de pair

De nouvelles arrestations au sein des familles des otages d’Aazaz ont fait suite à celle de Mohammad Saleh, après les révélations de ce dernier aux forces de l’ordre.

Le ministre Charbel en compagnie de la délégation turque, hier, à Sanayeh. Photo Dalati et Nohra

L’affaire des pilotes turcs kidnappés vendredi sur la route de l’aéroport et celle, en parallèle, des neuf Libanais d’Aazaz semblaient stagner hier, en dépit de l’arrivée, la veille à Beyrouth, d’une délégation militaire turque, emmenée par le vice-directeur des services de renseignements, Abdulrahman Bilgic, au moment même où le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, faisait part à son homologue libanais Adnane Mansour de « la grande inquiétude » de la Turquie quant aux « répercussions négatives » du rapt des pilotes turcs sur les relations bilatérales.


Alors que les familles des otages d’Aazaz attendent la remise en liberté de Mohammad Saleh, l’un des leurs suspecté par les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) d’être impliqué dans l’enlèvement des deux pilotes turcs vendredi dernier, les FSI ont poursuivi hier l’interrogatoire de Saleh, en coordination avec le procureur général près la Cour de cassation du Mont-Liban. Aucune mesure procédurale ne devrait être effectuée avec le prévenu avant demain, selon des sources autorisées citées par l’agence d’information al-Markaziya. Cependant, selon la MTV, un mandat d’arrêt devrait être émis contre Saleh en raison de la quantité d’informations importantes dont il s’est avéré être au courant au sujet de l’affaire du rapt des deux pilotes.
Ces mêmes sources révèlent l’existence d’autres personnes suspectées d’avoir participé à l’opération de rapt, et qui ont été convoquées hier pour un interrogatoire au siège des FSI. L’on apprend également que le procureur général près la Cour de cassation n’a reçu jusque-là aucune demande, du côté turc, pour participer dans l’enquête en cours sur le rapt des deux pilotes. Quoi qu’il en soit, l’ambassadeur de Turquie Inan Ozyildiz s’est rendu hier, avec le vice-directeur turc des services de renseignements, au siège des FSI, où ils ont pu s’informer des détails de l’enquête en cours auprès du directeur général des FSI, le général Ibrahim Basbous.


S’agissant par ailleurs du lieu où se trouvent actuellement les deux pilotes, des sources proches du dossier citées par al-Markaziya ont révélé que le rôle des kidnappeurs s’est arrêté au moment où ils ont remis les otages à une partie restée anonyme. Les planificateurs de l’opération auraient d’abord conduit les pilotes vers un village du Sud, mais voyant la proximité d’une opération sécuritaire visant à les libérer, ils ont modifié l’emplacement et reconduit les deux otages vers un endroit inconnu.

 



Des efforts diplomatiques intenses
Par ailleurs, les réseaux diplomatiques et les services de renseignements turcs et libanais s’activent pour résoudre les deux dossiers d’otages. Il faut savoir d’abord que le président de la Chambre Nabih Berry est intervenu pour circonscrire un mouvement de rue visant les intérêts turcs au Liban, selon notre correspondant au palais Bustros Khalil Fleyhane, qui précise par ailleurs que le volet diplomatique et le volet sécuritaire se déroulent séparément.
De fait, parallèlement à la tournée effectuée par le responsable sécuritaire turc, le président de la République, Michel Sleiman, a reçu à Beiteddine l’ambassadeur de Turquie, Inan Ozyildiz, pour examiner les moyens d’obtenir au plus vite la libération des deux pilotes enlevés. En même temps, le chef de l’État a souligné l’importance de libérer les neuf otages libanais retenus depuis un an à Aazaz.
C’est cette position qu’a exprimée par ailleurs le ministre Charbel à l’adresse du responsable turc Bilgic, qu’il a reçu hier dans ses bureaux de Sanayeh.

L’entretien Charbel-Bilgic
À l’issue de l’entretien qui a duré près d’une heure et demie avec le responsable sécuritaire turc, le ministre Charbel a réaffirmé la position de l’État libanais. « L’État dénonce et refuse les opérations de rapt, surtout celles qui reflètent une image négative du pays et des Libanais, en l’occurrence devant un État ami comme la Turquie », a-t-il déclaré, rappelant à quel point le comité de suivi de l’affaire des otages d’Aazaz « compte sur l’aide de la Turquie ». Il a surtout insisté sur « les efforts concrets et sérieux que nous effectuons dans l’espoir d’un dénouement heureux aussi bien pour les otages d’Aazaz que pour les pilotes turcs ».


Des sources citées par l’agence d’information al-Markaziya insistent sur la position du ministre Charbel, qui met sur un pied d’égalité « la responsabilité de l’État envers les pilotes turcs et son souci de libérer les Libanais enlevés en Syrie ». Alors que M. Bilgic a pu s’informer des détails de l’enquête visant à retracer la position des kidnappeurs des deux pilotes, le ministre Charbel aurait réclamé que les autorités turques fassent de même sur le dossier d’Aazaz. Les deux parties se seraient donc entendues, selon les mêmes sources, sur la tenue d’une réunion similaire en Turquie afin de mettre au point l’éventuel mécanisme de libération des otages libanais. Il est attendu que cette rencontre revête une importance particulière et aboutisse à l’élaboration de l’ultime feuille de route susceptible de clore le dossier d’Aazaz. Rappelons que Marwan Charbel avait tenté, auprès de l’un des ravisseurs des Libanais, Samir al-Ammoury, d’aboutir à une solution médiane qui consiste à libérer deux Libanais, en contrepartie de la libération par le régime syrien des 127 prisonnières de l’opposition, qui sera suivie par la libération des sept otages restants. Mais pour entériner cet accord, le Liban aurait besoin d’une garantie de la part d’Ankara, qui est le plus à même de veiller à ce que les ravisseurs tiennent leur engagement. Les sources affirment que Bilgic s’est étonné de cette option que lui a présentée Marwan Charbel et démenti toute connaissance de ce volet du dossier.

 

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