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À La Une - Éclairage

Forcing pour un nouveau gouvernement

Le congé de la fête du Fitr terminé, le dossier de la formation du gouvernement redevient brûlant. Des sources proches du Premier ministre désigné Tammam Salam – qui avait fait un court séjour à Genève – révèlent que ce dernier est revenu avec des idées nouvelles pour tenter de débloquer ce dossier.

 

Salam est convaincu que la seule possibilité à l’heure actuelle est la formation d’un gouvernement relativement neutre, formé de personnalités non provocantes, mais au contraire rassurantes pour les deux camps en présence. Ce qui éviterait d’entrer dans le débat sur le tiers de blocage. Dans ce contexte, il songerait à proposer un de ses proches pour le portefeuille de l’Intérieur. Ce qui constituerait une sorte de garantie indirecte donnée au Hezbollah qu’il n’y aura aucun ciblage de la part de ce ministère contre ses membres.

 

Tammam Salam, qui a conservé de bonnes relations avec le Hezbollah et avec le 8 Mars en général, compte donner ainsi des signaux de bonne volonté, en souhaitant qu’ils soient suffisants pour tranquilliser ce parti qui se sent aujourd’hui pris pour cible sur les plans local, régional et international. Selon ses proches, Salam songerait même à proposer une formule dans la déclaration ministérielle qui appuierait la résistance au Sud, faisant ainsi une distinction entre la résistance contre Israël, le Hezbollah en général et la participation aux combats en Syrie. De la sorte, il espère que l’écueil de la formule « armée-peuple-résistance », rejetée tant par le 14 Mars que par son parrain saoudien et exigée par le 8 Mars, sera surmonté. Salam miserait essentiellement sur le fait que le Hezbollah est conscient de la gravité de la situation, avec la multiplication des incidents sécuritaires, et, par conséquent, il pourrait appuyer la formation d’un gouvernement à condition qu’il ne soit pas de parti pris.


Le leader du PSP Walid Joumblatt n’est pas loin de partager cet avis et il pousse vers la formation d’un gouvernement relativement neutre dans le but d’éviter une vacance dans l’exécutif, catastrophique avec la multiplication des dossiers chauds. En même temps, Walid Joumblatt ne souhaite pas mettre en cause ses relations avec le Hezbollah et le mouvement Amal. Et, selon ses proches, ses dernières déclarations étaient surtout une sorte de sonnette d’alarme. Elles ont d’ailleurs été immédiatement suivies d’une rencontre entre les commandements du PSP et du Hezbollah, au cours de laquelle, selon les sources des deux camps, quatre dossiers importants ont été étudiés, à savoir celui du gouvernement, celui de l’élection présidentielle dans moins d’un an, celui de la sécurité et celui des cellules extrémistes qui semblent proliférer au Liban.

 

À l’issue de cette réunion, Joumblatt a envoyé ses émissaires habituels en Arabie saoudite pour sonder Saad Hariri mais aussi pour tenter de rencontrer les dirigeants saoudiens, qui ne cachent pas leur volonté de punir le Hezbollah pour sa participation aux combats en Syrie. Cette volonté s’est d’ailleurs traduite par la décision du Conseil de coopération du Golfe de mettre le Hezbollah sur la liste dite des organisations terroristes arabes et par les mesures prises contre les Libanais présumés proches du Hezbollah dans les pays du Golfe. De plus, c’est l’Arabie saoudite qui a posé en premier comme conditions à la formation d’un nouveau gouvernement le refus de la participation du Hezbollah (alors que l’Union européenne n’a rien demandé de tel) et celui de la fameuse formule « armée-peuple-résistance » qui figure dans toutes les déclarations ministérielles depuis pratiquement l’accord de Taëf.

 

En même temps, les dirigeants saoudiens ont fait savoir à leurs interlocuteurs que la scène libanaise n’est pas actuellement une priorité pour eux, puisqu’ils consacrent tous leurs efforts aux autres questions régionales, le dossier syrien en tête. C’est d’ailleurs à cause de ce dossier que les dirigeants saoudiens s’opposent à toute entente avec le Hezbollah, et l’ambassadeur du royaume au Liban se trouve en Arabie depuis près de deux mois.
En envoyant des émissaires en Arabie, Walid Joumblatt tente de trouver des formules acceptables pour tous, soucieux de doter le Liban d’un gouvernement au plus tôt.


Le chef de l’État Michel Sleiman veut lui aussi un gouvernement au plus tôt et il espère qu’il sera formé avant son voyage aux États-Unis, prévu pour la seconde moitié de septembre dans le but de participer à la session annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies. Des sources proches de la présidence révèlent à cet égard que le président Sleiman pourrait avoir des entretiens avec des chefs d’État occidentaux et obtenir d’eux un appui ferme à la stabilité du Liban. Mais il serait préférable pour cela pour que le Liban soit doté d’un gouvernement. Dans sa déclaration lundi à Beiteddine, le chef de l’État a laissé entendre qu’il pourrait accepter un gouvernement monocolore, comme il l’avait fait en signant le décret de la formation du gouvernement Mikati. Mais les sources du 8 Mars lui ont aussitôt répondu que les deux situations sont différentes. D’abord, il n’y avait, au moment de la formation du cabinet Mikati, aucune décision régionale et internationale d’isoler qui que ce soit – comme c’est le cas aujourd’hui avec le Hezbollah – et c’est le 14 Mars qui avait refusé de participer au gouvernement, alors que Nagib Mikati avait attendu sa réponse pendant un mois entier.

 

Les sources proches du 8 Mars rappellent que leur position n’est nullement dirigée contre le Premier ministre désigné Tammam Salam qui a toujours fait preuve d’une grande modération et qui est issu d’une grande famille beyrouthine connue pour ses positions nationalistes, mais elles s’estiment obligées, en raison des circonstances actuelles, d’être vigilantes pour se protéger et par là même protéger le Liban de tout dérapage ou débordement éventuel.
Le dossier gouvernemental reste donc complexe, même si les intentions affichées semblent positives.

 

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