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Liban - Crise

Les familles menacent clairement « chaque citoyen turc » à Beyrouth

Les dignitaires chiites en appellent à l’État pour « dépouiller le peuple de ses armes » et encouragent une réconciliation dans la Békaa-Nord.

Au lendemain de l’arrestation d’un des leurs, les parents des Libanais de Aazaz maintiennent leurs menaces d’escalade : leur nouvelle demande, plus urgente que la libération de leurs proches, est la libération de Mohammad Saleh, arrêté la veille par les Forces de sécurité intérieure, qui ont pu intercepter un appel téléphonique entre lui et l’un des ravisseurs des deux pilotes turcs. Dans ce cadre, le ministre démissionnaire de l’Intérieur Marwan Charbel s’est réuni hier avec une délégation des familles des neuf otages afin de contenir leur rage en examinant les moyens de résoudre le dossier de Aazaz. Mais la réunion n’a pas abouti et les menaces d’escalade se sont intensifiées.
« Mohammad Saleh sera libéré », a assuré Daniel Chéaïb, le frère de l’un des otages détenus en Syrie. « L’appel intercepté était un appel de félicitations et rien d’autre », a-t-il précisé à l’issue de la réunion, rappelant le point de vue défendu par les familles.


Pourtant, des sources des FSI ont révélé que leurs services de renseignements avaient prévu d’arrêter plusieurs autres personnes qui seraient impliquées dans le rapt des pilotes, notamment Ali Saleh, fils de Jamil Saleh, l’un des otages en Syrie, hémiplégique et suspecté d’avoir planifié le rapt.

Des menaces claires
Quoi qu’il en soit, l’échec des médiations ont conduit hajjé Hayat Awaly, mère d’un des neuf otages, à adresser des menaces claires au nom des familles : « Tout ressortissant turc dans la banlieue sud ou au centre-ville de Beyrouth est une cible pour les familles des otages. » Une réunion s’est tenue hier entre les représentants de ces familles qui ont élaboré d’éventuelles mesures d’escalade, en s’abstenant de les révéler au public. Hajjé Hayat a ajouté dans ce cadre que « la responsabilité de chaque citoyen turc au Liban relève des services de renseignements des FSI ».
De son côté, cheikh Abbas Zogheib, chargé par le Conseil supérieur chiite de suivre le dossier des otages de Aazaz, a affirmé que « si Saleh n’est pas libéré aujourd’hui (hier) », il sera considéré comme ayant été « enlevé par les services de renseignements » des FSI. Il a néanmoins exhorté les familles des pèlerins à préserver leur calme et à privilégier la raison.


Rappelons que la veille, les familles avaient adressé un ultimatum aux FSI, menaçant de bloquer la route de l’aéroport et de paralyser le trafic aérien si Mohammad Saleh n’est pas libéré. L’ultimatum d’une heure n’a fait suite à aucune démarche sur le terrain, dans l’attente des concertations qui devaient suivre hier en vue de sa libération. C’est dans ce cadre que le ministre Charbel avait affirmé hier dans la journée que la route de l’aéroport international est « sécurisée » et « ne sera pas coupée à la circulation ».

Sleiman
Mais le risque d’un blocage de la route de l’aéroport a suscité de vives réactions politiques hier (voir par ailleurs). Ainsi, le chef du Front de lutte nationale, le député Walid Joumblatt, a reposé la question de la sécurité de la route de l’aéroport, estimant que cette route devrait être considérée comme l’une des lignes rouges qu’il n’est pas permis de franchir. Dans ce contexte de détérioration sur le terrain au lendemain de la fête du Fitr, le président de la République Michel Sleiman a effectué une série d’appels téléphoniques avec des responsables politiques et sécuritaires, dans le cadre du suivi de l’affaire du rapt des deux pilotes et de celle de l’embuscade de Laboué (Békaa), la veille. Il a par ailleurs reçu les ministres démissionnaires Gaby Layoun et Marwan Kheireddine.

« Dépouiller le peuple de ses armes »...
Le vice-président du Conseil supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, a estimé qu’il « est demandé aujourd’hui de tous les responsables, de préserver la sécurité et la stabilité du pays ». « Les rapts, blocages de route et défis lancés sont tous des actes condamnables », a-t-il ajouté, stigmatisant les rapts et contre-rapts, « surtout de personnes innocentes dont la seule culpabilité est d’appartenir à telle catégorie ou telle autre ». « Il est temps que l’État se décide à mettre un terme à ceux qui transgressent les frontières et la loi afin d’entamer une nouvelle solution pour le pays », a-t-il encore appelé. Il est allé jusqu’à souligner la nécessité de « dépouiller le peuple de ses armes, surtout celles qui portent une insulte et une offense aux citoyens ». Il a ainsi condamné spécifiquement « les armes visant à troubler la sécurité intérieure ». « Ce qui se passe ici et ailleurs est loin de toute raison et toute loi », a-t-il accusé, dans une allusion à peine voilée à l’embuscade de Laboué la veille, qui avait tué un habitant de Ersal et blessé trois autres, dont le président du conseil municipal du village, rentré d’une cérémonie de réconciliation avec le clan des Moqdad.
Dans ce cadre, l’uléma Ali Fadlallah a appelé à « régler le problème de la Békaa dans un esprit islamique qui neutralise la discorde ». Un appel réitéré également par le député Marwan Farès (Parti social national syrien), qui a estimé que « la réconciliation globale entre les groupes et les clans de la Békaa-Nord doit se produire pour pallier l’absence de l’État ». C’est également en dénonçant « le louvoiement de l’État sur le dossier des otages de Aazaz » que le député a indirectement justifié le rapt des deux pilotes à Beyrouth.


De son côté, le mufti de la République cheikh Mohammad Rachid Kabbani a appelé à « la libération de tous les otages, aussi bien les Libanais de Aazaz que les deux pilotes turcs, afin d’éviter au pays un dérapage sécuritaire ».
En outre, le Regroupement des ulémas a condamné toute forme de rapt, et précisément le rapt des Libanais en Syrie, dont il a renvoyé la responsabilité au gouvernement turc.


Enfin, le président de la Rencontre des ulémas de Tyr, cheikh Ali Yassine, a condamné le rapt des deux pilotes turcs, tout en expliquant que « cet acte fait suite au ras-le-bol des proches des otages ». Il a estimé que le seul moyen de redresser la situation serait de « libérer l’État de ses ravisseurs, intérieurs et extérieurs ». Il a appelé dans ce cadre au maintien de la formule « armée-peuple-résistance ».

 

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commentaires (1)

Tant qu'on ne demande pas au hezb résistant de désarmer , kidnappez vous les uns , les autres comme je vous ai kidnappé disait nathan/videur à abbas.. .

Jaber Kamel

17 h 17, le 13 août 2013

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Commentaires (1)

  • Tant qu'on ne demande pas au hezb résistant de désarmer , kidnappez vous les uns , les autres comme je vous ai kidnappé disait nathan/videur à abbas.. .

    Jaber Kamel

    17 h 17, le 13 août 2013

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