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Liban - L’éclairage

Interrogations sur le rapt des deux Turcs

L’enlèvement des deux pilotes turcs, la semaine dernière, a remis sur le tapis la question délicate de la sécurité de l’aéroport Rafic Hariri et de la route qui y mène.


L’affaire a pris d’autant plus d’ampleur qu’il y a des informations selon lesquelles les services de sécurité agissant dans le cadre de l’aéroport sont infiltrés et que le rapt s’est déroulé dans un lieu décrété l’année dernière inviolable sur le plan sécuritaire par les plus hauts responsables du pays. Le président de la Chambre, Nabih Berry, n’est-il pas allé lui-même jusqu’à menacer, de manière certes imagée, de « couper la main » à toute personne qui voudrait couper la route de l’aéroport ?


À présent que l’enlèvement des Turcs s’est produit, la première question qui s’est posée concerne l’identité des ravisseurs. Les parents des otages retenus à Aazaz, dans le nord de la Syrie, ont officiellement nié tout rapport avec l’enlèvement, tout en se félicitant de ce développement de nature, selon eux, à servir de carte de pression pour faire libérer les otages libanais.


Le lieu où s’est produit le rapt est bien entendu hautement symbolique, dans la mesure où il s’agit d’un fief du Hezbollah. C’est la raison pour laquelle on s’interroge dans les milieux politiques sur le silence total observé par ce parti depuis le début de cette affaire. Pour de nombreux observateurs, le Hezbollah se devrait, en effet, de clarifier les choses. Car de deux choses l’une : ou bien le secteur est infiltré et échappe donc au contrôle total du Hezb, ou bien l’opération d’enlèvement des deux Turcs a bénéficié de sa couverture.


Ce constat s’impose avec d’autant plus d’acuité que l’on sait qu’au lendemain de l’attentat à la voiture piégée de Bir el-Abed, le mois dernier, le Hezbollah avait renforcé de façon sensible ses mesures de contrôle sécuritaire dans la banlieue sud. Du reste, on peut raisonnablement supposer que le parti sait quelque chose de l’affaire du rapt. Il aurait dû donc, normalement, transmettre aux services de sécurité officiels les informations dont il dispose.


De source ministérielle, on apprend à ce propos que la police tient à l’heure actuelle des pistes sérieuses qui pourraient mener à ce que la lumière soit faite sur l’ensemble de l’opération. Sur la base des données téléphoniques, les services de sécurité sont ainsi parvenus à identifier les individus qui ont exécuté l’opération et dont le nombre ne dépasse pas les doigts d’une main. L’enquête se poursuit et l’on n’exclut pas que la vérité puisse être bientôt dévoilée devant une opinion publique irritée par l’effet désastreux que ce rapt a laissé sur l’image et la réputation du Liban.


On craint d’ailleurs dans certains milieux politiques que l’on en arrive à des sanctions internationales contre le Liban dans le cas où l’insécurité persisterait dans et autour de l’aéroport international de Beyrouth. Nous n’en sommes pas là pour le moment, mais, en revanche, les derniers espoirs d’une amélioration des chiffres du tourisme estival, qui avait été annoncée par le ministre sortant, Fadi Abboud, se sont définitivement envolés.


L’autre interrogation que l’on pose dans les milieux politiques porte sur les raisons du rapt. Plusieurs éventualités sont avancées. D’aucuns lient naturellement l’affaire au problème des otages de Aazaz. D’autres croient plutôt que ce serait en rapport avec les développements importants survenus ces derniers temps dans le nord de la Syrie, où les rebelles ont enregistré des succès dans des secteurs englobant des villages chiites.


Certains penchent pour des motifs intérieurs, en particulier qu’il s’agirait d’une réplique aux récentes prises de position critiques à l’égard du Hezbollah du président de la République, notamment lors de la fête de l’Armée. Et enfin d’autres voient dans l’affaire une riposte à la décision de l’Union européenne d’inclure la branche armée du Hezb sur sa liste des organisations terroristes et, partant, une tentative de la part de ce dernier de s’imposer comme un interlocuteur incontournable sur le terrain.


De fait, au moment où l’on croit, dans certains milieux politiques, que ce rapt va se répercuter négativement sur le Hezbollah et resserrer l’étau qui se forme autour de lui, d’autres, au sein du 8 Mars, sont plutôt persuadés que cette opération va renforcer la conviction des responsables occidentaux de la nécessité de rester en contact avec la branche politique du Hezb, du fait de l’influence de ce dernier au Liban et dans la guerre en Syrie.


Il reste bien sûr que sur le plan des principes, le rapt ne pouvait qu’être stigmatisé. Une source ministérielle souligne à ce propos que rien ne saurait justifier de tels actes, même lorsqu’il s’agit de se doter d’un moyen de pression pour faire libérer des otages libanais. De son côté, un député des Forces libanaises rappelle le cas du malheureux Joseph Sader, enlevé il y a plusieurs années sur la route de l’aéroport et jamais retrouvé depuis, sans que ses proches aient jugé nécessaire de couper la route de l’aéroport ou même d’y effectuer un sit-in.

 

 

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L’affaire a pris d’autant plus d’ampleur qu’il y a des informations selon lesquelles les services de sécurité agissant dans le cadre de l’aéroport sont infiltrés et que le rapt s’est déroulé...

commentaires (1)

Les auteurs de l'enlèvement du pilote et du copilote turcs sont des bénévoles anonymes et le Hezbollah ne sait rien sur cet enlèvement. hahahahaha.........

Halim Abou Chacra

05 h 11, le 13 août 2013

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Commentaires (1)

  • Les auteurs de l'enlèvement du pilote et du copilote turcs sont des bénévoles anonymes et le Hezbollah ne sait rien sur cet enlèvement. hahahahaha.........

    Halim Abou Chacra

    05 h 11, le 13 août 2013

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