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À La Une - Justice

Turquie : les putschistes du réseau Ergenekon écopent de lourdes peines

L'opposition dénonce le procès et promet des manifestations antigouvernementales.

L'ancien chef d'état-major des armées, le général Ilker Basbug entouré d'officiers, en 2009. ARCHIVES/AFP/ADEM ALTAN

La justice turque a prononcé lundi de lourdes peines, dont au moins 12 condamnations à la prison à vie, contre les membres du réseau putschiste Ergenekon dans un procès dénoncé par l'opposition comme une chasse aux sorcières.

Le tribunal de Silivri, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest d'Istanbul, a notamment condamné à la réclusion à perpétuité l'ancien chef d'état-major des armées, le général Ilker Basbug, pour "tentative de renversement de l'ordre constitutionnel par la force", a constaté un journaliste de l'AFP.

D'autres anciens généraux, comme l'ex-chef de la gendarmerie Sener Eruygur et l'ex-chef de la Première armée Hürsit Tolon, le journaliste Tuncay Özkan et le chef du petit Parti des travailleurs (IP, nationaliste) Dogu Perinçek ont également été condamnés à la prison à vie.


Le journaliste renommé du quotidien de gauche Cumhuriyet Mustafa Balbay, élu pendant sa détention député du principal parti d'opposition, le CHP (pro-laïcité), a été condamné à 35 ans de prison.

Egalement élu député du CHP, l'ex-recteur Mehmet Haberal a été condamné à 12 ans et demi de prison. Mais le tribunal a prononcé dans le même temps sa remise en liberté, au bénéfice d'une réduction de peine.

 

Quelque 275 accusés, dont 66 en détention provisoire, étaient jugés depuis octobre 2008 dans le cadre de l'affaire Ergenekon, premier d'une longue série de procès controversés visant à déjouer des complots supposés contre le gouvernement islamo-conservateur.

 


"Un automne chaud"

Un imposant dispositif de sécurité était déployé lundi autour du tribunal, avec des centaines de policiers et de gendarmes anti-émeutes soutenus par des blindés et des canons à eau.

Des échauffourées ont néanmoins eu lieu à la mi-journée entre des manifestants et la police près de Silivri, sur une autoroute reliant Istanbul à Tekirdag. La police a répondu aux jets de pierre par des jets d'eau et des gaz lacrymogènes, a constaté un photographe de l'AFP, qui a estimé à environ 10.000 le nombre de manifestants.


Le réseau Ergenekon, du nom d'une vallée mythique d'Asie centrale d'où serait issu le peuple turc, est accusé d'avoir tenté de favoriser un coup d'Etat militaire contre M. Erdogan, un ancien islamiste au pouvoir depuis 2002, en semant le chaos dans le pays par des attentats et des opérations de propagande.


La lecture du verdict par le président du tribunal, Hasan Hüseyin Özese, et ses adjoints, a été accueilli par un tollé de l'assistance, pourtant réduite sur décision de la cour aux prévenus, à leurs avocats, aux journalistes et aux parlementaires.

"Maudite soit la dictature de l'AKP", ont scandé avocats et députés, conspuant le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, dénoncé par l'opposition laïque comme le commanditaire de ce procès, pour faire taire les critiques contre M. Erdogan. "Nous sommes les soldats de Mustafa Kemal Atatürk", ont-ils également crié, rendant hommage au fondateur de la République turque laïque.

Peu avant l'entrée dans le tribunal de la cour, M. Balbay a harangué l'auditoire, dénonçant "un procès entièrement politique", et promettant "un automne chaud" de contestation politique dans les villes de Turquie, après trois semaines de manifestations antigouvernementales sans précédent en juin.

"Aujourd'hui, c'est le gouvernement qu'on condamne, pas nous", a affirmé le journaliste.

Le réseau Ergenekon a été mis au jour en juin 2007 lors d'une opération anti-terroriste dans un bidonville d'Istanbul. Des armes et des explosifs ont été découverts, première étape d'une longue enquête qui a conduit à la rédaction de 23 actes d'accusation successifs -plusieurs milliers de pages- finalement réunis dans un même procès.


(Repère : Les jeunes, fer de lance de la contestation en Turquie)

 

 

Plusieurs autres procès contre des groupes de conspirateurs supposés ont par ailleurs été ouverts après Ergenekon.

Premier procès à atteindre un verdict, Balyoz (masse de forgeron) avait déjà surpris par la sévérité des peines prononcées : les juges ont condamné en septembre près de 300 officiers à des peines de 16 à 20 ans de prison, portant un coup sévère au prestige de l'armée turque.

 


Haro sur l'armée


L'armée, qui pendant des décennies s'est voulue la gardienne des valeurs laïques de la République turque, a renversé trois gouvernements élus depuis 1960 et forcé un gouvernement pro-islamiste à la démission en 1997.

 

Pour certains observateurs libéraux ou proches de la mouvance islamo-conservatrice au pouvoir, le procès Ergenekon et ses avatars s'inscrivent dans les efforts du gouvernement pour limiter les intrusions de l'armée dans la vie publique et instaurer l'Etat de droit.

Mais pour les défenseurs de la laïcité et certains militants des droits de l'Homme, ces procès sont surtout un montage visant à écarter du champ politique certains opposants. Ces critiques remettent notamment en cause la validité des preuves apportées et le recours à des témoignages anonymes.



Pour mémoire
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La justice turque a prononcé lundi de lourdes peines, dont au moins 12 condamnations à la prison à vie, contre les membres du réseau putschiste Ergenekon dans un procès dénoncé par l'opposition comme une chasse aux sorcières.
Le tribunal de Silivri, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest d'Istanbul, a notamment condamné à la réclusion à perpétuité l'ancien chef d'état-major...

commentaires (1)

On avait vraiment cru ce zouave d'erdo quand il parlait de démocratie en écartant l'armée , mais en définitive son idéologie ikhwaniste n'était qu'un leurre , comme en Egypte, Tunisie, Lybie etc.. au fait mais il est où le qatar , envolé avec armes et bagages , ma3ouléhh ! il semblait être puissant et de toutes les parties de grand de ce monde, pouuufff évaporé le crapaud !!

Jaber Kamel

18 h 08, le 05 août 2013

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Commentaires (1)

  • On avait vraiment cru ce zouave d'erdo quand il parlait de démocratie en écartant l'armée , mais en définitive son idéologie ikhwaniste n'était qu'un leurre , comme en Egypte, Tunisie, Lybie etc.. au fait mais il est où le qatar , envolé avec armes et bagages , ma3ouléhh ! il semblait être puissant et de toutes les parties de grand de ce monde, pouuufff évaporé le crapaud !!

    Jaber Kamel

    18 h 08, le 05 août 2013

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