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À La Une - Crise

Turquie : Erdogan reste ferme face aux manifestants

La Bourse d'Istanbul chute de près de 5% après les déclarations du Premier ministre turc.

Des manifestants anti-Erdogan lors d'un rassemblement place Taksim, à Istanbul, le 6 juin 2013. AFP / ARIS MESSINIS

Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a réitéré jeudi son refus de céder face aux milliers de manifestants qui exigent depuis sept jours sa démission, dénonçant l'implication de "terroristes" dans le mouvement de contestation.

Quelques heures avant de rentrer dans son pays à l'issue d'une tournée de trois jours au Maghreb, le chef du gouvernement est resté intransigeant, excluant, de Tunis, de revenir sur le projet d'aménagement de la place Taksim d'Istanbul, à l'origine de la fronde qui agite l'ensemble de la Turquie.

"Nous mènerons ce projet à son terme (...) nous ne permettrons pas à une minorité de dicter sa loi à la majorité", a-t-il martelé devant la presse.

Comme il l'avait déjà fait le week-end dernier, M. Erdogan a également dénoncé la présence d'"extrémistes", certains "impliqués dans le terrorisme", montrant du doigt sans le nommer le groupe d'extrême gauche turc interdit DHKP-C (Front révolutionnaire de libération du peuple) qui avait revendiqué un attentat en février contre l'ambassade des Etats-Unis à Ankara.


(Eclairage : "La majorité, c'est toujours Erdogan")

Signe de la nervosité des marchés après l'intransigeance affichée par M. Erdogan, la Bourse d'Istanbul a chuté de 4,70% à la clôture.


Le Premier ministre doit retrouver jeudi soir son pays en pleine agitation, au lendemain d'une journée de forte mobilisation syndicale et de nouveaux affrontements entre la police et les contestataires à Ankara.

Mercredi, des dizaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues des grandes villes turques à l'appel de deux puissantes centrales syndicales de gauche, notamment à Istanbul et Ankara, où des affrontements ont opposé la police aux manifestants.


A Adana (sud), un policier a succombé à ses blessures après être tombé d'un pont mercredi en poursuivant des manifestants, selon la chaîne de télévision privée NTV.

Il s'agit du premier mort dans les rangs de la police depuis le début, le 31 mai, de la contestation, qui a aussi fait deux morts chez les manifestants.

(Reportage : Sous les pavés... à Istanbul)

Des incidents ont également été signalés mercredi à Rize, une localité des bords de la mer Noire (nord-est), entre des contestataires et des partisans du Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir depuis 2002.


Les défenseurs de M. Erdogan sont jusque-là restés discrets, mais le Premier ministre s'est targué à plusieurs reprises du soutien d'une large partie de la population -l'AKP a obtenu 50% des suffrages aux législatives de 2011- et a donné rendez-vous à ses adversaires aux élections locales de 2014 pour exprimer leurs doléances.


Pour éviter une confrontation avec les manifestants, le vice-Premier ministre Huseyin Celik a exhorté les partisans de l'AKP à ne pas accueillir leur champion à l'aéroport jeudi soir. "Le Premier ministre n'a pas besoin de faire étalage de sa puissance", a dit M. Celik.


Samedi, M. Erdogan lui-même avait pourtant envisagé ce scénario. "S'ils veulent organiser des rassemblements, si c'est un mouvement social, et bien quand ils réuniront 20 personnes, j'en réunirai 200.000", avait-il prévenu, "et quand ils seront 100.000, je mobiliserai un million de membres de mon parti".

"J'ai peur parce ce que je ne sais pas ce qu'il va faire", confiait à quelques heures du retour du chef du gouvernement Ezgi Ozbilgin, une enseignante de 24 ans qui occupe le parc Gezi, dont un projet de destruction a mis le feu aux poudres vendredi. "Ses partisans sont des moutons", a-t-elle ajouté. "Si Erdogan leur dit de se battre, ils le feront".


Malgré le discours conciliant fait depuis deux jours par le vice-Premier ministre Bülent Arinç, les jeunes manifestants, qui dénoncent l'autoritarisme du Premier ministre et une islamisation rampante de la société turque, sont restés très déterminés.

 

(Reportage : La « femme en rouge », nouvelle icône des manifestantes d’Istanbul)

Mercredi, une délégation de représentants du mouvement de contestation a remis à M. Arinç une liste d'exigences, parmi lesquelles le renvoi des chefs de la police de plusieurs grandes villes, dont Istanbul et Ankara, et la remise en liberté des personnes interpellées.

Mardi, M. Arinç avait présenté ses excuses aux victimes de violences policières et assuré que le gouvernement avait retenu les "leçons" des événements.


M. Erdogan a indiqué jeudi que sept étrangers "impliqués dans les troubles" avaient été interpellés en Turquie. Son ministre de l'Intérieur Muammer Güler a précisé ultérieurement que cinq de ces sept personnes -à savoir deux Français, deux Iraniens, un Grec, un Allemand et un Américain- avaient été remises en liberté.


Outre les trois morts, 4.355 personnes ont été blessées dans ce pays en une semaine, dont 47 très grièvement, a déclaré jeudi le syndicat des médecins turcs. Le dernier bilan officiel faisait état de "plus de 300" blessés à peine.

Deux personnalités turques de premier plan sont montées au créneau contre le pouvoir. Le prix Nobel de littérature 2006 Ohran Pamuk, pour dénoncer son attitude "répressive". Et le pianiste Fazil Say, condamné à dix mois de prison pour des "tweets" raillant la religion musulmane, qui s'est joint à un "concert" de casseroles à Izmir (sud).

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Quelques heures avant de rentrer dans son pays à l'issue d'une tournée de trois jours au Maghreb, le chef du gouvernement est resté intransigeant,...

commentaires (4)

I L - E S T - F O R T - E T- B R I L L A N T, - C E - G R A N D T U R C !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 09, le 07 juin 2013

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Commentaires (4)

  • I L - E S T - F O R T - E T- B R I L L A N T, - C E - G R A N D T U R C !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 09, le 07 juin 2013

  • Erdogan n’a qu’à s’inspirer d’une formule gagnante dans le coin : On canarde les manifestants qui manifestent avec des slogans pro-liberté. On les embastille et on les torture. On répète le procédé pendant des mois. Si ça ne marche pas, que la contestation prend plus d’ampleur, et que l’armée se scinde en deux, on se met à bombarder dur. Les pays de la région d’en mêlent et envoient des mercenaires en renfort. On crie au terrorisme et on fait venir une milice amie pour leur tenir tête. De jihad en contre-jihad, on provoque un incendie régional pour rester au pouvoir.

    Jack Hakim

    14 h 57, le 07 juin 2013

  • HARO SUR LES BAUDETS ! ATTENTION... CAR LES BAUDETS DONNENT D'AMERS ET TRÈS FORTS COUPS DE PIEDS !

    SAKR LOUBNAN

    13 h 21, le 07 juin 2013

  • Allez erdo va demander une fatwa contre les extrêmistes.On dit même que depuis Qousseir si tu meurts en martyr tu pourras déjeuner avec le prophète Mohamed..

    Jaber Kamel

    20 h 20, le 06 juin 2013

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