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À La Une - Syrie

Armes chimiques : Les experts de l'ONU sont à Damas

"Jamais l'opposition n'a été aussi unifiée qu'aujourd'hui", affirme Jarba, à Paris et en quête d'armes.

L'expert Ake Sellstrom, chef de la mission des Nations Unies chargée d'enquêter sur les allégations d'usage d'armes chimiques en Syrie, accueilli à Damas, le 24 juillet 2013, par un représentant de l'ONU. AFP/LOUAI BESHARA

Deux experts de l'ONU chargés d'examiner l'utilisation présumée d'armes chimiques dans le conflit en Syrie sont arrivés mercredi à Damas, alors que régime et rebelles s'accusent d'avoir eu recours à ces armes.

 

Arrivés dans un hôtel de la capitale syrienne, Ake Sellstrom et Angela Kane doivent mener des discussions avec le régime sur leur accès au territoire syrien pour les besoins de l'enquête concernant notamment l'utilisation de gaz sarin. Mme Kane est la haute représentante des Nations Unies pour les Affaires de désarmement et M. Sellstrom est le chef de la mission des Nations Unies chargée d'enquêter sur les allégations d'usage d'armes chimiques en Syrie.

 

Le 11 juillet, l'ONU avait annoncé que M. Sellstrom et Mme Kane "avaient accepté l'invitation du gouvernement syrien à se rendre à Damas pour terminer les consultations sur les modalités de coopération requises" pour une éventuelle mission sur place.

 

Le régime syrien insistait pour que les enquêteurs onusiens se concentrent sur un incident attribué par Damas à l'opposition et survenu en mars à Khan al-Assal, près d'Alep (nord). Or cette ville est tombée lundi aux mains des rebelles. Selon l'ONU, Damas refusait que les enquêteurs se penchent aussi sur des accusations portées contre l'armée syrienne par Londres et Paris concernant des incidents similaires à Homs (centre), en décembre 2012. Cette divergence avait empêché jusqu'à présent la mission d'enquête des Nations unies de se rendre sur place pour recueillir témoignages et échantillons.

 

(Repère : Armes chimiques en Syrie : un état des lieux)

 

 

A Paris, Jarba demande des armes

Autre dossier au cœur du conflit, celui des armes.

Pour la première fois en visite à Paris depuis son élection à la tête de l'opposition syrienne, Ahmad Jarba, qui devait être reçu mercredi par le président François Hollande, a appelé la France à livrer des armes à la rébellion.

"Bien évidemment, nous demandons à la France un soutien politique total, un soutien diplomatique, une aide humanitaire d'urgence et une aide militaire et autre", a déclaré M. Jarba à quelques journalistes, à l'issue d'une audition à huis clos devant une Commission de l'Assemblée nationale.

"Nous travaillons avec nos amis européens et américains pour qu'ils nous donnent une aide technique, médicale et humanitaire et nous espérons aussi une aide en armes et en munitions", a renchéri le général Selim Idriss, chef de l'Armée syrienne libre, selon lequel la rébellion n'a "pas assez" d'armes.


Alors que les pays occidentaux redoutent de faire parvenir à l'opposition syrienne des armes qui pourraient tomber dans les mains de groupes liés à el-Qaëda, M. Jarba tente de les convaincre que la Coalition, qui a intégré des composantes laïques et des personnalités indépendantes, est une structure sur laquelle ils peuvent compter.

"Nous entamons une nouvelle phase au sein de la Coalition. Il y a désormais le courant démocrate de Michel Kilo ainsi qu'un nombre important de femmes et un groupe représentant l'Armée syrienne libre. (...) Jamais l'opposition n'a été aussi unifiée qu'aujourd'hui", a défendu M. Jarba.

 

La semaine dernière l'agence Reuters avait annoncé, citant des sources informées à Londres, que la Grande-Bretagne a renoncé à armer les rebelles syriens.

"Il est clair que la Grande-Bretagne ne va pas armer les rebelles, de quelque manière que ce soit", a dit une des sources interrogées en rappelant que le Parlement de Londres avait exigé la semaine dernière d'être consulté au préalable sur cette question.

 

(Pour mémoire : Que change la levée par l'UE de l'embargo sur les armes destinées aux rebelles syriens ?)

 

Aux Etats-unis en revanche, les élus du Congrès américain sont de plus en plus favorables au projet du président Barack Obama de fournir une assistance militaire aux rebelles.

Lundi, Mike Rogers, le président de la commission du Renseignement à la Chambre des représentants a fait état d'un "consensus" au sein de ses pairs de la commission quant au projet de M. Obama, malgré de "fortes réserves quant à la portée des projets de l'administration et ses chances de succès". Une opinion largement partagée par le très influent président républicain de la Chambre des représentants John Boehner pour lequel les efforts fournis par la commission pour "venir en aide aux bons groupes de rebelles vont dans l'intérêt de notre pays".

 

L'accord de la commission du Renseignement n'est pas requis pour que l'assistance militaire américaine se mette en mouvement, mais, historiquement, la Maison Blanche ne s'en passe pas.

 

La commission du Renseignement au Sénat a, elle, organisé plusieurs auditions ces dernières semaines sur l'opportunité d'envoyer de l'aide aux rebelles. La présidente de la commission sénatoriale Dianne Feinstein se refuse à communiquer sur l'avancée des travaux, mais mardi, le sénateur républicain Richard Burr a indiqué à l'AFP que "la Maison Blanche bénéficie désormais de tout le soutien dont elle a besoin".

Plus nuancée, la sénatrice républicaine Susan Collins a fait part de ses "inquiétudes" quant à la fourniture d'armes aux rebelles, car elle craint que l'opposition ne soit "infiltrée par une branche d'el-Qaëda". Le projet du président américain, a-t-elle poursuivi, "suffit à nous entraîner (dans le conflit) mais ne suffit pas à faire pencher la balance en défaveur d'Assad", a-t-elle martelé.


Pour l'heure, Washington se contente d'apporter un soutien non-létal aux rebelles syriens et de fournir de l'aide humanitaire. Mais l'administration Obama a promis un accroissement de son aide militaire aux rebelles en juin, après avoir accusé le régime Assad d'avoir utilisé des armes chimiques.

 

 

Jihadistes vs kurdes

Sur le terrain, au moins 17 combattants kurdes syriens et jihadistes ont péri mercredi dans de violents combats dans la province de Hassaka (nord-est), au huitième jour d'affrontements entre les deux bords, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Les combattants kurdes effectuent des avancées cette région, où ils cherchent à établir une région autonome.

 

Au moins 13 combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et du Front Al-Nosra, deux groupes affiliés à el-Qaëda, ont été tués dans ces violents combats dans le village de Mechrafé contre les Kurdes, qui ont perdu quatre hommes de leur côté, selon l'OSDH.

Mechrafé se situe au sud de Ras al-Aïn, la ville kurde frontalière de la Turquie d'où l'EIIL et Al-Nosra ont été chassés le 23 juillet, provoquant l'embrasement de la région de Hassaka avec des combats dans plusieurs localités.

 

Les affrontements se sont également répandus dans la province voisine de Raqa, plus à l'ouest. Dans cette région, les localités sont mixtes entre kurdes et arabes, ce qui provoque de plus en plus de tensions entre les deux communautés.

 

 

(Eclairage : « Les Kurdes ne veulent pas que les forces islamistes dominent leurs régions »)

 

Avant le début du soulèvement contre le président Bachar el-Assad en mars 2011, les Kurdes étaient très marginalisés -l'une des premières mesures consenties par M. Assad au début de la contestation avait été d'octroyer la nationalité syrienne à une partie d'entre eux. A partir de mi-2012, les forces de M. Assad se sont retirées des zones kurdes, laissant des conseils kurdes locaux les prendre en main. Ces changements ont fait remonter à la surface une méfiance profondément ancrée entre les deux communautés, exacerbée par l'incapacité de l'opposition syrienne à faire une place à des représentants de mouvements kurdes au sein de leurs instances, ont indiqué des militants.

 

 

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Deux experts de l'ONU chargés d'examiner l'utilisation présumée d'armes chimiques dans le conflit en Syrie sont arrivés mercredi à Damas, alors que régime et rebelles s'accusent d'avoir eu recours à ces armes.
 
Arrivés dans un hôtel de la capitale syrienne, Ake Sellstrom et Angela Kane doivent mener des discussions avec le régime sur leur accès au territoire syrien pour les besoins...

commentaires (2)

Avec la branche d'el-Qaëda au pouvoir un jour en Syrie ,la Maison Blanche se verra bientôt regretter l’heure ou elle a décidé d’aider les forces d’opposition. Antoine Sabbagha

Sabbagha Antoine

14 h 49, le 24 juillet 2013

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Commentaires (2)

  • Avec la branche d'el-Qaëda au pouvoir un jour en Syrie ,la Maison Blanche se verra bientôt regretter l’heure ou elle a décidé d’aider les forces d’opposition. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    14 h 49, le 24 juillet 2013

  • DANS L'ATTENTE DE LA CHUTE DE HOMS... OBJECTIF : DEUX SYRIES !

    SAKR LOUBNAN

    12 h 33, le 24 juillet 2013

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