Des soldats syriens, devant l'horloge de Qousseir sur laquelle flotte un drapeau syrien. Les forces armées et les miliciens du Hezbollah ont repris Qousseir le 5 juin 2013. AFP/STR
Le régime syrien et son puissant allié libanais, le Hezbollah, ont pris mercredi aux rebelles la ville clé de Qousseir après une féroce offensive, remportant une importante victoire dans la guerre qui ravage le pays depuis plus de deux ans.
Au bout d'une offensive lancée le 19 mai, l'armée, forte de sa puissance de feu aérienne et de son artillerie, a "pu rétablir à l'aube la sécurité à Qousseir et la nettoyer des terroristes (les rebelles, ndlr)", selon un communiqué du commandement militaire. "Après les exploits successifs dans sa guerre contre le terrorisme organisé, nos forces armées n'hésiteront pas à écraser les hommes armés dans chaque recoin du territoire syrien", a-t-il prévenu. Selon l'agence officielle Sana, l'armée a tué "un grand nombre de terroristes".
Forte de ce succès, l'armée s'est engagée à "écraser les hommes armés, où qu'ils soient et dans chaque recoin du territoire syrien".
Dans le même temps, l'armée a promis de "faire preuve de clémence envers ceux qui baissent les armes, fuyant Qousseir ou tout autre lieu en Syrie". Elle a appelé "les citoyens de Qousseir à rentrer sans inquiétude dans leurs foyers dans quelques jours", assurant que "des civils ont été évacués de Qousseir et que les blessés sont soignés."
La télévision officielle a montré des images en direct de Qousseir, désormais une ville fantôme, avec des immeubles éventrés et incendiés et des rues pleines de monceaux de pierres et des tas de sable. Sur la place centrale se dresse une grande horloge avec un drapeau syrien hissé dessus. Des soldats, des chars de l'armée ainsi que des bulldozers dégageant les routes de la ville qui fut pendant un an une place forte de la rébellion.
A Beyrouth, la chaîne Al Manar du Hezbollah a parlé d'un "grand exploit" à Qousseir, le puissant mouvement armé ayant été selon des militants le fer de lance de l'assaut contre la ville où il a perdu des dizaines de combattants.
"Nous avons procédé à une attaque surprise aux premières heures et nous sommes entrés dans la ville; ils (les rebelles) se sont échappés", a déclaré un combattant du Hezbollah à Reuters. D'après al-Manar, les rebelles "se sont enfuis en direction de Dabaa et de Boueida al-Charqiya", deux villages situés au nord de Qousseir.
Pour Khattar Abou Diab, professeur de relations internationales à l'université Paris-Sud, le régime n'aurait pas pu prendre Qousseir sans "la grande coopération" de l'Iran qui parraine le Hezbollah et qui est le principal allié du régime syrien. Téhéran a d'ailleurs "félicité l'armée et le peuple syriens" pour la victoire sur les "terroristes" à Qousseir.
"Un round de perdu"
Le chef par intérim de la Coalition de l'opposition syrienne, George Sabra, a affirmé mercredi que cette Coalition poursuivrait le combat contre le régime "jusqu'à la libération" du pays, malgré cette défaite.
Qousseir "est une petite bataille où vous (les rebelles) avez fait preuve d'un héroïsme hors du commun, mais d'autres batailles suivront, jusqu'à la libération du pays, tout le pays", a déclaré M. Sabra lors d'une allocation prononcée à Istanbul et diffusée par les chaînes satellitaires arabes.
S'adressant aux combattants rebelles, M. Sabra a affirmé : "Votre combat et vos revendications sont légitimes. C'est pour cela que votre victoire est assurée".
"Vous allez battre cette bande terroriste et ses maîtres à Qom et à Téhéran", a dit le dirigeant de l'opposition en allusion au Hezbollah chiite libanais qui combat aux côtés des troupes gouvernementales et à l'Iran, allié régional clé du régime de Bachar al-Assad.
M. Sabra a dénoncé les "envahisseurs", en référence aux combattants du Hezbollah, en promettant à ces "criminels la défaite et l'humiliation".
Il a également lancé un cri d'alarme, évoquant l'état de 15.000 civils menacés selon lui de "massacre et de génocide" après leur repli à Boueida al-Charqiya, dernier bastion des rebelles au nord de Qousseir.
Plus tôt dans la journée, la Coalition nationale de l'opposition avait affirmé dans un communiqué que "la révolution continuer". "Après les exploits courageux des héros de l'Armée syrienne libre (ASL) pour défendre les civils, l'énorme déséquilibre de forces s'est imposé et le régime d'Assad et les milices iraniennes qui le soutiennent sont parvenus à pénétrer dans la ville et à y capturer de nouveaux quartiers", a indiqué la coalition. L'opposition "met les Nations Unies et les grandes puissances devant leurs responsabilités, (les appelant) à intervenir rapidement pour protéger les civils et mettre fin aux actes de vengeance et aux massacres du peuple syrien".
"C'est un round que nous avons perdu", a déclaré, de son côté, la Commission générale de la révolution syrienne, un réseau de militants, précisant que les rebelles étaient parvenus à "faire sortir les civils et les blessés" de la ville. Selon elle, la bataille a fait des "centaines de martyrs" parmi les insurgés.
(Pour mémoire : Le chef de l'opposition syrienne en appelle à Berry)
Qousseir, située dans la province centrale de Homs près de la frontière du Liban, est stratégique car elle relie Damas au littoral, comprend plusieurs routes d'approvisionnement en armes aussi bien pour l'armée que pour les rebelles, et ouvre la voie au régime pour la prise totale de la ville de Homs.
Des rebelles tués dans l'attaque finale de l'armée et du Hezbollah, mercredi, à Qousseir. AFP PHOTO / SANA
"C'est un revers" pour les rebelles, "mais cela ne veut pas dire que c'est la fin de la guerre", a affirmé à l'AFP Khattar Abou Diab. "En 2012, le régime syrien a pensé que la bataille de Baba Amr constituerait la victoire finale, mais cela s'est avéré faux", a-t-il ajouté en référence au quartier rebelle de Homs repris par l'armée après un mois de pilonnage.
Selon M. Abou Diab, la victoire du régime compliquera toutefois la tenue de la conférence internationale visant à trouver une solution politique au conflit.
En ce qui concerne le Hezbollah, le chercheur estime que le "test" pour la parti libanais est de voir s'il va poursuivre son combat auprès de l'armée. "Il y a des informations sûres disant qu'il participe dans des combats ailleurs qu'à Qousseir", ajoute-t-il.
De fait, le coordinateur politique et médiatique de l'armée syrienne libre (ASL, opposition) Louay Moqdad, a révélé mardi que plus de 4.000 combattants du parti chiite se trouvent dans la périphérie d'Alep, dans le nord de la Syrie.
"Les combattants (du Hezbollah) ont pris position dans l'académie d'ingénierie militaire et s'apprêtent à entrer dans la ville d'Alep", a assuré Louay Moqdad dans un entretien avec le quotidien pan-arabe al-Sharq al-Awsat.
View Le Hezbollah prêt à s'engager dans la bataille d'Alep ? in a larger map
Lundi, une source au sein de l'opposition syrienne avait affirmé que des membres du Hezbollah se trouvaient dans le rif d'Alep et se préparaient à lancer un assaut sur cette ville dont la plupart des quartiers sont désormais sous contrôle rebelle. Le même jour, le Washington Post a indiqué, citant un commandant au sein du parti chiite, que le Hezbollah a envoyé dimanche "des milliers de ses combattants vers Alep". "La bataille d'Alep a commencé sur une petite échelle ; on vient d'entrer dans le jeu", a précisé ce commandant dans un entretien à Beyrouth avec un correspondant du quotidien américain. "Nous allons attaquer les places fortes (des rebelles, ndlr), là où ils croient qu'ils sont en sécurité. Ils vont tomber comme des dominos", ajoute ce commandant, qui a participé aux combats à Qousseir (centre) selon le quotidien.
Lire aussi
Après Paris, Londres annonce avoir des preuves de l'utilisation de gaz sarin en Syrie
Pour mémoire
L’ultimatum de l’ASL : Nous poursuivrons le Hezbollah « jusqu’en enfer... »
Dans le caza de Baalbeck, presque chaque localité a perdu un combattant du Hezbollah à Qousseir
Ces Libanais prêts à mourir pour le Hezbollah en Syrie...
Le régime syrien et son puissant allié libanais, le Hezbollah, ont pris mercredi aux rebelles la ville clé de Qousseir après une féroce offensive, remportant une importante victoire dans la guerre qui ravage le pays depuis plus de deux ans.
Au bout d'une offensive lancée le 19 mai, l'armée, forte de sa puissance de feu aérienne et de son artillerie, a "pu rétablir à l'aube la...
commentaires (14)
Comme pour les Nazis dans le Passé, ce sera leur Stalingrad à eux, à ces fakîhàRiens et ces bääSSyriens aSSadiots, cette Héroïque Qousseïr.... !
Antoine-Serge KARAMAOUN
05 h 03, le 06 juin 2013