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À La Une - Patrimoine

De Pompéi au Colisée, l’Italie a mal à ses monuments

Le manque de personnel et d’entretien sur fond de crise économique a des conséquences désastreuses dans un pays qui compte justement sur le tourisme.

La semaine dernière, des centaines de touristes venus admirer le Colisée à Rome ont trouvé porte close, en raison d’assemblées syndicales.  Andreas Solaro/AFP

L’Italie, rappelée à l’ordre ce week-end par l’Unesco pour sa mauvaise gestion du site de Pompéi, entretient un rapport tourmenté avec son immense patrimoine artistique, objet de fierté mais auquel elle consacre un budget infime. « Au cours des cinq dernières années, le budget du ministère de la Culture a été réduit des deux tiers », a reconnu lui-même devant la presse le ministre italien de la Culture Massimo Bray dans un entretien au quotidien Il Messaggero. Du coup, l’Italie se retrouve en queue de peloton des pays européens : la péninsule ne consacre que 1,1 % de son budget à la culture, loin derrière l’Islande (7,4 %), l’Espagne (3,3 %) ou la France (2,5 %). La moyenne européenne est de 2,2 %.


Cette pénurie de fonds a des conséquences désastreuses sur les monuments italiens : dans un rapport, l’Organisation des Nations unies pour la science et la culture (Unesco) a recensé la longue liste des dommages structurels et dégradations ayant affecté les 44 hectares du site de Pompéi, au pied du Vésuve près de Naples. Le président de la commission nationale de l’Unesco en Italie, Giovanni Puglisi, a averti le gouvernement qu’il « avait jusqu’au 31 décembre pour adopter des mesures appropriées en faveur de Pompéi », et cela avant une réunion de l’Unesco en février pour faire le point sur les progrès accomplis. Giovanni Puglisi a dénoncé « l’existence de bâtiments en contravention qui ne se trouvaient pas dans le plan original du site ainsi qu’un manque de personnel » et demandé d’établir « une nouvelle zone de surveillance » autour du site pour le protéger des constructions illégales qui mordent sur la zone classée. Une situation embarrassante pour l’Italie, qui parie sur le tourisme pour relancer son économie chancelante. « Les monuments à forte valeur symbolique sont nos meilleures cartes de visite dans le monde entier », reconnaît Massimo Bray.


Outre les problèmes d’entretien, l’Italie doit faire face au manque de personnel pour accueillir les touristes, qui génère des conflits sociaux. La semaine dernière, des centaines de touristes venus admirer le Colisée à Rome, la Cène de Léonard de Vinci à Milan ou la Galerie des Offices à Florence ont trouvé porte close en raison d’assemblées syndicales. Le nombre de visiteurs du Colisée, le plus grand amphithéâtre jamais construit sous l’empire romain (188 mètres sur 156 pour une hauteur de 48,5 mètres), est passé en une dizaine d’années d’un million de visiteurs à environ six millions par an, entre autres grâce au succès du film Gladiator de Ridley Scott (2000). Mais il se trouve lui aussi en piteux état, même si un projet de mécénat financé par le roi italien de la chaussure Tod’s prévoit de lui donner une seconde jeunesse. Comme souvent en Italie, ces travaux d’un montant d’une vingtaine de millions d’euros ont pris des mois de retard : ils n’ont toujours pas commencé.


Pompéi n’est donc pas un cas isolé, et cela n’augure rien de bon pour les autres monuments italiens moins prestigieux ne bénéficiant pas d’une notoriété internationale. « L’administration des biens culturels se trouve dans un état comateux », admet Salvatore Settis, archéologue de renom, dans les colonnes du quotidien La Repubblica. « Nous payons maintenant le prix des politiques désastreuses de ces dernières années. » Une solution pourrait toutefois venir de l’engagement de l’Europe, qui s’est engagée à financer à hauteur de 41,8 millions d’euros un plan de restauration du site de Pompéi qui doit s’achever en 2015 pour un coût de 105 millions d’euros. Ce « Projet du Grand Pompéi » vise notamment à réduire l’exposition du site à l’érosion, à renforcer les anciens monuments romains, à restaurer les célèbres fresques et à renforcer la vidéosurveillance pour lutter contre le laxisme dans les mesures de sécurité. Selon la Commission européenne, le nombre de touristes visitant le site pourrait passer d’environ 2,3 millions actuellement à 2,6 millions par an en 2017.

 

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