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À La Une - Révolte

Au G8, Poutine seul contre les Occidentaux sur la Syrie

« Si les rebelles reçoivent des armes, l’Europe en paiera le prix », avertit Assad.

Au cours d’une rencontre bilatérale hier avec François Hollande, juste avant l’ouverture du G8, Vladimir Poutine est apparu le visage fermé, impavide. Ian Langsdon/AFP

Russes et Occidentaux ont affiché leurs profondes divergences sur la Syrie au sommet du G8 qui s’est ouvert hier en Irlande du Nord. En effet, la tragédie syrienne a plombé la première rencontre bilatérale depuis un an entre les présidents américain Barack Obama et russe Vladimir Poutine, en marge des séances de travail dans le luxueux complexe de Lough Erne. Washington et Moscou ont pris en mai l’initiative de tenter d’organiser une conférence de paix, appelée Genève-2, pour ouvrir des négociations entre les belligérants syriens, mais celle-ci semble encore très improbable au vu de l’ampleur des divergences et de la guerre qui ne connaît aucun répit. Toutefois, le Premier ministre britannique David Cameron, hôte du sommet du G8, s’est dit déterminé à « faire pression » pour la tenue de cette conférence.


À la veille de l’ouverture du G8, le président russe, dont le pays est un allié indéfectible du régime de Damas, s’était montré très offensif, mettant en garde les Occidentaux contre toute velléité d’armer les rebelles syriens. Au cours d’une rencontre bilatérale hier avec le président français François Hollande, juste avant l’ouverture du G8, M. Poutine est apparu le visage fermé, impavide, pendant que son interlocuteur évoquait la Syrie. M. Hollande avait, dès son arrivée à Lough Erne, vivement critiqué la Russie qui « continue de livrer des armes au régime de Bachar el-Assad alors que l’opposition n’en reçoit que très peu et qu’elle est aujourd’hui massacrée ». Peu optimiste, M. Hollande a même averti qu’il ne fallait pas se faire « trop d’illusions » sur les avancées possibles. « Ne soyons pas dupes. À moins qu’il (Poutine) ne change radicalement de position, nous n’aurons pas de position commune avec lui au G8 », a déclaré le Premier ministre canadien Stephen Harper, avant l’ouverture du sommet.

 

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La Russie a également averti qu’elle n’accepterait pas l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie, hypothèse discutée par des responsables militaires à Washington, selon la presse américaine. « Nous avons vu avec l’exemple de la Libye la manière dont une telle zone est mise en place et la façon dont de telles décisions sont appliquées. Nous ne voulons pas la répétition d’un tel scénario en ce qui concerne le conflit en Syrie. Je pense qu’en principe, nous ne permettrons pas un tel scénario », a dit Alexandre Loukachevitch, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères. Toutefois, Washington ne demande pas à l’OTAN de soutenir l’instauration de zones d’exclusion aérienne en Syrie, et le sujet n’est pas à l’ordre du jour de l’Alliance, a déclaré Ivo Daalder, ambassadeur sortant des États-Unis auprès de l’organisation.

 

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« Appel au meurtre »...
De son côté, le président Assad a riposté dans un entretien au quotidien allemand des affaires Frankfurter Allgemeine Zeitung, affirmant que « si les Européens livrent des armes, l’arrière-cour de l’Europe deviendra (un terrain) pour le terrorisme et l’Europe en paiera le prix ». « Le terrorisme signifie ici le chaos, et le chaos mène à la pauvreté. Et la pauvreté signifie que l’Europe perd un marché important », poursuit-il, assurant : « L’Europe, que cela lui plaise ou non, n’a pas d’autre choix que de coopérer avec l’État syrien. » M. Assad rejette en outre les accusations des Occidentaux selon lesquels l’armée syrienne a fait usage d’armes chimiques contre les rebelles. « Si Paris, Londres et Washington avaient une seule preuve de leurs allégations, ils l’auraient présentée au monde », dit-il. Pour sa part, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Meqdad, a affirmé que vouloir armer les rebelles était un « appel au meurtre ».

 

 

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Riyad livre des armes ?
D’autre part, le gouvernement saoudien, réuni hier sous la présidence du roi Abdallah, a exhorté les musulmans à agir contre l’approvisionnement du régime « illégitime » de Damas en armes et en hommes. Le communiqué du gouvernement, cité par l’agence SPA, ne précise pas la nature de l’action attendue des musulmans, alors que des informations de presse font état de projets de livraisons d’armes par l’Arabie saoudite à l’opposition syrienne. De source proche du dossier dans la région du Golfe, on affirme que Riyad fournit depuis deux mois environ des armes antiaériennes aux insurgés syriens. Ces livraisons se font « sur une petite échelle ». Selon cette source, les missiles portatifs sol-air proviennent pour l’essentiel de fournisseurs français et belges. Les frais de transport seraient pris en charge par la France. Les livraisons sont effectuées aux hommes du général Salim Idriss, chef du Conseil militaire suprême de l’Armée syrienne libre (ASL), qui est le principal interlocuteur de la monarchie saoudienne au sein de l’opposition syrienne, ajoute-t-on. À Riyad, le ministère des Affaires étrangères n’a pas réagi à ces informations.

 

Entre-temps sur le terrain, la guerre ne connaît pas de répit. Hier, l’aviation militaire a bombardé plusieurs secteurs à Damas et sa banlieue où sont retranchés des rebelles, les forces gouvernementales multipliant ces derniers jours leurs attaques pour les en déloger. La veille, dix soldats avaient péri dans un attentat à la voiture piégée près du plus important aéroport militaire de Syrie, à la périphérie ouest de Damas, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). L’explosion a été « énorme et a été entendue dans plusieurs quartiers de la ville », a déclaré Rami Abdel Rahmane, président de l’OSDH, sans donner de précision sur les assaillants.

 

 

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