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Liban - La situation

Déstabilisation sur commande et prorogation : le Liban pris en otage

Le président Sleiman recevant hier le ministre hezbollahi Hussein Hajj Hassan. Gageons que Qousseir a fait partie de la conversation. Photo Dalati et Nohra

La prorogation à la hâte, par 97 députés, du mandat de la Chambre actuelle, qui vient à expiration à la fin du mois de juin, pourrait bien être la décision la plus impopulaire prise par les députés depuis leur élection, il y a quatre ans. C’est contre l’avis d’une bonne majorité des Libanais, et pour certains élus à contrecœur, comme cela se voyait sur certains visages, que le Parlement a prorogé son mandat d’un an et sept mois. Que la coupe ait été amère ou douce à boire, la première pensée, c’est que c’est par un vote démocratique que l’on a porté atteinte à la démocratie. Un bien funeste précédent dont rien ne garantit qu’il ne se répétera pas. Une journée noire pour le peuple. En vain Samy Gemayel a-t-il proposé que par décence, les députés dont les mandats ont été prorogés n’aient plus droit à leurs émoluments...

Le prix des tomates...
Dans la rue, colère et indignation étaient hier au rendez-vous. Si cela continue, le prix des tomates va monter, plaisantaient les habitués de Facebook. L’impression générale est que l’opinion a été manipulée, qu’une espèce de chantage à l’instabilité a été exercé sur le courant du Futur et ses alliés, pour lui faire accepter un marché indigne.
Au sein même de ce courant, d’ailleurs, les avis étaient très partagés au sujet de la prorogation, et c’est le camp des colombes, sinon des mous, au sein du courant du Futur, qui a fini par l’emporter. Et ce n’est pas l’angélisme de Georges Adwan qui prouvera le contraire.
En tout état de cause, le combat n’est pas encore tout à fait gagné. Aussi bien le chef de l’État que le Courant patriotique libre, dont les députés ont boycotté la séance parlementaire la plus courte de l’histoire du Liban, vont présenter des recours en invalidation devant le Conseil constitutionnel. Il faut espérer que la séparation des pouvoirs permettra aux membres de ce Conseil de réfléchir à tête reposée et de décider en toute liberté.

Hâter le recours en invalidation
Le Premier ministre démissionnaire et le chef de l’État ont tous deux contresigné hier la loi en vertu de laquelle le mandat du Parlement est prorogé. M. Sleiman l’a fait pour raccourcir le délai qui lui permettra de demander son invalidation. La loi prendra vigueur aussitôt sa publication au Journal officiel (JO). Une édition spéciale du JO consacré à cette loi paraîtra aujourd’hui ou, au plus tard, lundi.
Selon des sources à Baabda, le recours sera basé sur le préambule de la Constitution et plusieurs de ses articles (notamment les articles 27 et 44, sur la durée de la législature). Il fera valoir que les attendus de la décision parlementaire sont « non convaincants », et invoquera une jurisprudence remontant à 1996, quand le Conseil constitutionnel avait cassé la loi (530/96) prorogeant de 8 mois (jusqu’au 15 juin 2001) le mandat de la législature, « pour infraction injustifiée par les exceptions soulevées, à la règle générale et à la coutume parlementaire ».
On ajoute dans ces milieux, par prudence, que M. Sleiman, ce faisant, ne désire pas contrecarrer la volonté du Parlement, mais exercer son devoir de garant des institutions.
Dans les milieux du CPL, Ibrahim Kanaan a été chargé de préparer le texte du recours en invalidation. Pour ces milieux, l’exception de « force majeure » soulevée pour justifier la prorogation doit se faire « dans l’urgence ou si le pays est en guerre » et non pas à titre hypothétique, avec amplification à volonté dans les médias audiovisuels, comme cela se produit en ce moment.
Michel Aoun ne s’est pas privé de prêter à cette prorogation des motifs politiques, sachant que sa cote est montée dans les sondages, ces dernières semaines, et que des élections sur la base de la loi de 1960 auraient certainement fait son affaire...

Un marché ?
Quel marché ?
 Que se sont donc dit Fouad Siniora et Nabih Berry, deux heures durant, en tête à tête, jeudi dernier ? Le revirement du courant du Futur et son engagement subit, même compassé, dans la voie de la prorogation, fait-il partie d’un marché quelconque, dont la contrepartie apparaîtra au niveau du prochain gouvernement ? Ce n’est pas impossible, estiment certains, encore que les contours de ce marché hypothétique ne se voient pas encore. Il faudra en effet attendre que le Conseil constitutionnel se prononce sur le recours en invalidation, pour le savoir.
Dessinant le profil du prochain gouvernement, après la honte parlementaire, M. Siniora a affirmé hier que les temps que vit le Liban exige que le prochain gouvernement « n’éclate pas sous la pression des conflits opposant ses différentes composantes ». Il faut aussi que ce gouvernement « ne gêne personne, ne provoque personne, ne donne à personne l’impression qu’il en est exclu ».
À l’heure où Hassan Nasrallah refuse d’entendre quoi que ce soit, défie l’État et engage ses jeunes et moins jeunes miliciens en Syrie, on peu douter que ce gouvernement angélique ait une quelconque chance d’être formé. Rien de plus facile que la déstabilisation sur commande, au nom de la résistance. Le Liban est bel et bien pris en otage.
La prorogation à la hâte, par 97 députés, du mandat de la Chambre actuelle, qui vient à expiration à la fin du mois de juin, pourrait bien être la décision la plus impopulaire prise par les députés depuis leur élection, il y a quatre ans. C’est contre l’avis d’une bonne majorité des Libanais, et pour certains élus à contrecœur, comme cela se voyait sur certains visages, que...

commentaires (2)

"Il faut aussi que ce gouvernement ne gêne personne, ne provoque personne, ne donne à personne la moindre impression qu’il en est exclu." ! What else ?.... Ce "gouvernement?" de P e r s o n n e s! sera donc ainsi Yéënéh Balah Taäméh : Ya älbbbéh Yâ äaïynéhhh !

Antoine-Serge Karamaoun

11 h 18, le 01 juin 2013

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Commentaires (2)

  • "Il faut aussi que ce gouvernement ne gêne personne, ne provoque personne, ne donne à personne la moindre impression qu’il en est exclu." ! What else ?.... Ce "gouvernement?" de P e r s o n n e s! sera donc ainsi Yéënéh Balah Taäméh : Ya älbbbéh Yâ äaïynéhhh !

    Antoine-Serge Karamaoun

    11 h 18, le 01 juin 2013

  • OTAGE... SANS BAGAGE !

    SAKR LOUBNAN

    07 h 34, le 01 juin 2013

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