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Liban

À Tripoli, une trêve fragile...

Au marché désert, devenu l’appât des francs-tireurs, certains s’aventurent pour ramener des vivres...

La première semaine d’accrochages à Tripoli s’est clôturée hier par une journée relativement calme, au lendemain d’une vive montée des violences dans la journée de samedi, qui s’était poursuivie pendant la nuit. Mais ce calme précaire est loin d’apaiser le terrain : d’une part, les francs-tireurs poursuivent leur chasse à l’homme sans interruption, en dépit du calme apparent (certains posaient même hier sur les réseaux sociaux avec leur engin meurtrier) ; d’autre part, les concertations politiques n’ont toujours pas pu aboutir à un cessez-le-feu officiel. Seule une trêve a pu être établie, mais sans base solide : à l’issue de la réunion des ministres et députés de Tripoli samedi au domicile du Premier ministre démissionnaire Nagib Mikati, et après des concertations hier avec les responsables sur le terrain, un plan d’intervention militaire est entré en application hier en soirée. Appuyé par la majorité de ces responsables, ce plan n’a pas reçu l’aval d’autres, ce qui explique que l’armée, qui s’est déployée en soirée rue de Syrie, n’a pu atteindre certains axes.
En outre, le Parti arabe démocrate a appelé l’armée à « riposter à toutes les sources de tirs, y compris celles qui proviennent de Jabal Mohsen ». Le parti a également tenu à rassurer « nos frères de Tripoli que la montagne (la colline de Jabal Mohsen, ndlr) est incapable d’attaquer la ville dont elle fait partie ». Dans un communiqué publié à l’issue de la réunion de ses cadres, le Parti arabe démocrate a en même temps mis en garde contre « la participation d’éléments de l’Armée syrienne libre et du front d’al-Nosra dans les attaques menées contre Jabal Mohsen ». Dénonçant en outre le fait que « d’aucuns traitent l’armée comme un ennemi », le parti a dénoncé « l’absence du président de la République » du dossier de Tripoli.
Notons par ailleurs que le secrétaire général du Parti arabe démocrate, Rifaat Ali Eid, avait rapporté plus tôt « l’enlèvement par un groupe armé » de deux jeunes de la famille Mazloum de confession alaouite. Ils auraient été kidnappés alors qu’ils achetaient des légumes au nouveau marché (al-Souk al-Jadeed) à Beddaoui. L’armée aurait entamé, selon lui, les recherches nécessaires pour retrouver les deux hommes.
Sur le terrain, la nuit de samedi à dimanche avait été marquée par d’intenses échanges de tirs et de roquettes, brûlant notamment un fonds de commerce appartenant à un citoyen alaouite à Kobbé. La journée de dimanche a toutefois cédé la place à un « calme inquiétant », bien qu’interrompu par des échos de tirs sporadiques, comme l’a rapporté le correspondant de l’Agence nationale d’information. Ces échanges de tirs intermittents, pour la plupart opérés par des francs-tireurs sur plus d’un axe, n’ont pas manqué de faire des victimes, pour la plupart des civils, surtout sur l’axe Zahrié-Brad Bissar-Marché de légumes, ainsi que sur l’autoroute Mallouli et la rue de Syrie, principale ligne de démarcation entre Jabal Mohsen et Bab el-Tebbaneh. Un homme de 65 ans de Jabal Mohsen a été tué hier, portant à 31 morts le bilan d’une semaine de combats, selon l’AFP, citant une source sécuritaire. La même source fait état en outre d’un nombre total de 212 blessés, dont 10 atteints samedi par un obus ayant visé la rue de Syrie.
L’Association médicale de Tripoli portait à trois morts et 74 blessés le bilan des victimes de vendredi et samedi, appelant surtout à cesser « les tirs de plus en plus fréquents contre les ambulances ». En outre, des instances de la société civile ont lancé samedi une campagne de don du sang.
Notons que de nombreuses altercations « à caractère personnel » ont été rapportées en fin de semaine, notamment une dispute devant l’hôpital Mounla, faisant un mort et blessant un agent des services de renseignements des Forces de sécurité intérieure.
S’agissant enfin de l’enquête judiciaire en cours dans les attaques menées lundi contre l’armée, le procureur général près la cour d’appel du Nord, le juge Omar Hamzé, a chargé les appareils de sécurité compétents de lui fournir les bandes d’enregistrement appartenant à Rifaat Ali Eid, à la demande du procureur général près la Cour de cassation, le juge Hatem Madi.
La première semaine d’accrochages à Tripoli s’est clôturée hier par une journée relativement calme, au lendemain d’une vive montée des violences dans la journée de samedi, qui s’était poursuivie pendant la nuit. Mais ce calme précaire est loin d’apaiser le terrain : d’une part, les francs-tireurs poursuivent leur chasse à l’homme sans interruption, en dépit du calme...

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