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À La Une - Syrie

Damas annonce sa participation à Genève 2

L’opposition dans l’impasse à Istanbul ; rencontre franco-américano-russe ce soir ; statu quo à Qousseir.

Des habitants d’Arbeen, près de Damas, inspectent les dégâts causés par un raid aérien du régime. HO/AFP

Damas a annoncé sa participation à la conférence internationale prévue à Genève pour tenter de mettre fin à la guerre, et dite « Genève 2 ». Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Moallem a en effet annoncé en Irak « notre décision de principe de participer à la conférence internationale » de Genève 2, estimant que cette conférence, initiée par Washington et Moscou qui souhaitent voir régime et opposition se rencontrer en juin, « sera une bonne occasion de trouver une solution politique à la crise en Syrie ». Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a exprimé l’espoir de faire avancer ce projet de conférence lors d’une rencontre ce soir avec ses homologues américain et russe pour « discuter » de la préparation de la conférence internationale. « Il semble que du côté du régime de Bachar el-Assad certains noms ont été avancés » pour représenter Damas à la table des négociations, a déclaré M. Fabius à des journalistes, indiquant attendre que la Coalition de l’opposition syrienne « puisse faire de même ». Le Premier ministre chinois Li Keqiang a aussi déclaré hier que la Chine était ouverte à toute solution de paix acceptable par toutes les parties syriennes dans le cadre de Genève 2. Les Kurdes de Syrie opposés au régime ont quant à eux indiqué leur volonté de se rendre à Genève, que ce soit dans les rangs de la Coalition de l’opposition ou indépendamment.

 « Insuffisante »
La Coalition nationale de l’opposition syrienne a pour sa part estimé que l’annonce par le régime de Damas de son accord de principe à une conférence internationale de paix était insuffisante et a réclamé des clarifications avant de pouvoir prendre une décision sur sa propre participation. Walid Moallem « a parlé aujourd’hui d’un dialogue avec l’opposition. Ce n’est vraiment pas un dialogue que nous recherchons maintenant », a déclaré à des journalistes Louay Safi, le porte-parole de la Coalition, depuis Istanbul. « Le principe, c’est que (...) nous sommes intéressés dans des négociations qui mènent à un transfert des pouvoirs et à une transition démocratique. Le régime n’est pas clair là-dessus », a poursuivi M. Safi. « Le régime n’a pas encore dit qu’il (Assad) était prêt à partir », a-t-il souligné, « nous sommes prêts à aller à des négociations qui visent à remettre le pouvoir au peuple (...) et ça signifie qu’Assad ne peut pas faire partie de l’avenir de la Syrie ».


Mais encore, et surtout, la Coalition nationale de l’opposition avait prévu de venir à bout en trois jours à Istanbul d’un agenda chargé : entrée de nouveaux membres dans l’organisation – qui fédère de nombreux groupes de l’opposition syrienne –, élection d’un nouveau président, approbation d’un gouvernement pour les territoires aux mains des rebelles, et enfin débat sur une participation à Genève 2. Hier soir toutefois, à l’issue d’une quatrième journée de débats, les opposants n’étaient toujours pas parvenus à se mettre d’accord sur le premier point de leur ordre du jour. Et les accusations fusaient entre les protagonistes, se reprochant réciproquement de vouloir s’approprier le pouvoir en modifiant les rapports de force dans la Coalition avec l’entrée de nouveaux membres ou au contraire de vouloir le garder en fermant la porte à l’élargissement. « Vous avez l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui s’acharnent à inclure jusqu’à 30 membres dans la Coalition nationale. Leur objectif est de réduire l’influence des Frères musulmans dans cette structure », affirmait ainsi samedi un membre de la Coalition sous le couvert de l’anonymat.

À la hauteur
« Le problème pour nous (les rebelles), c’est que si l’Arabie saoudite prend le contrôle, ils vont se contenter de soutenir les groupes armés de leur choix. Ils n’ont aucune envie de respecter une quelconque structure créée par les Syriens », a commenté hier une source proche de l’Armée syrienne libre (ASL). Arabie saoudite et Émirats contre Qatar et Turquie, c’est en effet « la toile de fond » de cette bataille des tranchées, les premiers soutenant l’entrée dans la Coalition d’un groupe réuni autour de l’opposant historique Michel Kilo, les autres tentant de préserver leur position de force dans l’organisation à travers leurs alliés les Frères musulmans, a confirmé un diplomate parlant sous le couvert de l’anonymat.


Mais les dissensions ont aussi des motivations plus obscures, souvent liées à des questions de personnes, a souligné cette source. Parvenir à un élargissement de la Coalition, avec plus de femmes, plus de représentants des minorités, mais aussi pour « ne pas s’aliéner certains pays donateurs » comme l’Arabie saoudite, est pourtant « crucial » avant les sommets de Paris et Bruxelles, « pour qu’on puisse montrer que l’opposition est unie », a ajouté le diplomate. « Nous devons parvenir à un résultat, même s’il faut y passer du temps, il faut que nous puissions constituer une délégation qui soit à la hauteur de sa mission » si des négociations entre l’opposition et le régime ont bien lieu, comme les y encouragent les États-Unis et la Russie, à l’origine de l’initiative Genève 2, a déclaré une autre source diplomatique.
Parallèlement, les Européens, divisés depuis des mois sur la livraison d’armes aux rebelles, se retrouvent aujourd’hui à Bruxelles, alors que le dispositif de sanctions contre le régime syrien, dans lequel figure l’embargo sur les armes, prend fin le 31 mai à minuit. L’organisation humanitaire Oxfam a estimé qu’une levée de l’embargo pourrait avoir des « conséquences dévastatrices » pour la population civile. Cela « serait irresponsable et pourrait saborder la fragile lueur d’espoir qu’offre le sommet américano-russe ».

À Qousseir
Le temps presse d’autant plus pour l’opposition que sur le terrain, l’armée syrienne, épaulée par le Hezbollah, progresse dans son offensive contre la ville stratégique de Qousseir, tenue par les rebelles. « La situation sur le terrain est tellement mauvaise que je pense que ces membres de la Coalition devraient commencer à transpirer », a déclaré la source proche de l’ASL. Hier soir d’ailleurs, une quinzaine de Syriens ont manifesté leur exaspération devant l’hôtel où se réunit la Coalition. « Nous voulons qu’ils prennent une décision. Cela fait quatre jours qu’ils sont là à discuter de l’élargissement (de la Coalition) alors qu’ils devraient prendre position contre l’attaque de l’Iran et du Hezbollah sur Qousseir », a affirmé un militant venu de Deraa.

 

(Témoignage : A Qousseir, « les rebelles ont tout miné, même les réfrigérateurs... »)


En attendant, 22 combattants du Hezbollah ont été tués samedi dans les combats à Qousseir, a affirmé hier une source proche du mouvement. La ville de Qousseir est contrôlée à 80 % par l’armée syrienne et le Hezbollah, a également affirmé cette source, ajoutant que la route reliant l’est du Liban à Homs, au centre de la Syrie, est « sécurisée ». Sur sa page Facebook, la Tansikiyat (comité de coordination sur le terrain) de Qousseir a appelé à l’aide : « Si Qousseir tombe, nous ne nous relèverons plus. Aidez-nous, envoyez-nous de l’argent, de la nourriture et des médicaments. » Un cameraman de la télévision officielle syrienne a par ailleurs été blessé hier dans la région de la ville, aux dires de la chaîne, qui a précisé dans la foulée que « l’armée syrienne avait ramené la sécurité et la stabilité au village d’el-Hamidiyé », dans la province de Qousseir. Elle a fait état en outre de la prise par l’armée de bâtiments gouvernementaux dans le quartier de Hara Chemaliya, dans la ville même de Qousseir, « tuant des terroristes qui s’y barricadaient ».

 

(Lire aussi : « Que les partisans et les adversaires libanais d’Assad aillent se battre à Damas », affirme Nasrallah)



Côté kurde
De même, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), des combats ont eu lieu hier à Rass el-Ain, une localité frontalière avec la Turquie, entre les rebelles et des comités de protection du peuple kurde (YPG). « Cela faisait suite à une attaque la veille contre un poste d’YPG par les (jihadistes) du Front el-Nosra et l’enlèvement de certains de ses membres par les kurdes », a ajouté l’OSDH, qui bénéficie d’un large réseau d’informateurs et de militants à travers le pays. Par ailleurs, toujours selon l’ONG, onze rebelles syriens ont été tués samedi soir dans le nord de la Syrie lors de combats avec des rebelles kurdes du Parti de l’union démocratique (PYD), branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). « Des affrontements ont eu lieu hier soir à Aqaiba, dans la région d’Ifrine, entre des YPG, bras armé du PYD, et des rebelles », a précisé l’organisation. Dans la même région, quelques jours auparavant, des affrontements similaires avaient eu lieu autour d’un barrage installé par les rebelles syriens, au sud de la ville de Koubani, a indiqué en outre l’OSDH sans préciser le nombre des victimes. Les relations ont souvent été tendues entre les rebelles et les organisations kurdes, qui essaient d’empêcher les insurgés d’entrer dans leurs régions. Cependant, récemment, des combattants kurdes s’étaient alliés avec les rebelles dans certaines régions, notamment dans le quartier de cheikh Maqsoud à Alep.

 

(Dossier : « C’est parce qu’il est flou que le processus de paix entre Turcs et Kurdes peut tenir »)


Enfin, un ancien commandant des troupes de l’ONU au Golan, l’Autrichien Günther Greindl, a mis en garde contre un retrait de l’Autriche de la mission des Nations unies dans ce territoire (Fnuod), rapportait hier l’agence de presse autrichienne APA. « Si l’Autriche se retire, la mission s’effondre », a prévenu Günther Greindl, qui a commandé la Fnuod de 1979 à 1981.

 

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