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Liban - L’éclairage

Vide au Sérail et vacance au Parlement ?

Les contacts entrepris au cours des deux derniers jours ont finalement abouti au report de l’annonce de la formule gouvernementale préparée par le Premier ministre désigné Tammam Salam. Les sources proches de ce dernier précisent d’ailleurs, à cet égard, qu’il n’a jamais eu l’intention d’annoncer « un gouvernement du fait accompli » comme le clament les médias du 8 Mars et comme l’avait fait son prédécesseur Nagib Mikati. Tammam Salam avait donc préparé une formule de 24 membres sur la base des 3 huit (huit ministres au 14 Mars, huit ministres au 8 Mars et huit au trio centriste formé de Michel Sleiman, Tammam Salam et Walid Joumblatt). De plus, cette formule est composée de personnalités neutres et indépendantes dont la mission essentielle est d’organiser les élections législatives. Toujours selon les sources de Mousseitbé, le Premier ministre désigné n’a jamais en fait évoqué un gouvernement du fait accompli, soucieux d’accomplir la mission qui lui a été confiée dans le calme et sans défi.


Les informations recueillies montrent que la visite effectuée pendant le week-end par Walid Joumblatt en Arabie saoudite pour discuter du dossier avec Saad Hariri a abouti à un accord sur le report de l’annonce de la formule gouvernementale jusqu’après le 19 mai pour laisser une possibilité au Parlement d’adopter dans l’entente une nouvelle loi électorale. Il s’agit en effet de ne pas permettre au 8 Mars d’invoquer l’annonce de cette formule gouvernementale de 24 ou 14 ministres neutres, sans ses propres représentants, pour mettre en danger le sort de la séance parlementaire à travers le boycott. Les entretiens de Joumblatt avec le chef des renseignements saoudiens Bandar ben Sultan et avec l’ancien Premier ministre Saad Hariri ont donc abouti au report de l’annonce du gouvernement et Tammam Salam a cherché à provoquer un climat positif dans le pays qui serait propice à une entente sur une nouvelle loi électorale. Salam a même déclaré que l’entente sur une nouvelle loi électorale pourrait faciliter la formation du gouvernement selon la formule des trois huit que Joumblatt a qualifiée « d’équilibrée », ajoutant qu’il est important de lui assurer un climat favorable.


Les observateurs estiment ainsi que la date du 19 mai est devenue une étape importante qui déterminera le retour à la loi de 1960, si les députés ne parviennent pas à s’entendre sur une nouvelle et si les grands blocs parlementaires ne parviennent pas à se mettre d’accord sur l’étape à venir et sur le mécanisme d’un report technique de trois à six mois, d’autant que certains parlent déjà d’un report de deux ans, autrement dit un demi-mandat de plus pour le Parlement actuel. Cette éventualité est en train de faire chemin, d’autant que le climat actuel, avec la multiplication des armes et la tension entre les sunnites et les chiites n’est pas propice à l’organisation des élections.


Au moment où Joumblatt cherche à arrondir les angles pour faire adopter la formule des trois huit, selon les informations ayant filtré d’Arabie saoudite, le 14 mars a exprimé son refus des conditions posées par le 8 mars pour participer au gouvernement et son insistance à obtenir le tiers de blocage. Selon le 14 Mars, l ’insistance du 8 Mars pour obtenir le tiers de blocage est de nature à confirmer l’équation des « trois tiers », contraire à l’accord de Taëf qui repose sur la parité entre chrétiens et musulmans. Un député du 14 Mars précise, à cet égard, que lorsque le 8 Mars est devenu la majorité avec le repositionnement de Walid Joumblatt, il n’a pas tenu compte des revendications du 14 Mars, alors que le 14 Mars majoritaire à l’époque avait respecté les revendications du 8 Mars au moment de la formation du gouvernement de Saad Hariri. Pourquoi le 8 Mars veut-il donc aujourd’hui que l’on accepte ses revendications et qu’on lui donne le tiers de blocage alors qu’il est redevenu une minorité au Parlement ? Le député du 14 Mars a aussi dénoncé les menaces du 8 Mars au cas où ses revendications ne sont pas respectées.
De toute façon, Tammam Salam a clairement refusé de donner le tiers de blocage au 8 Mars, annonçant clairement que, dans sa formule, chaque camp aura 8 ministres et il n’y aura pas d’accords sous la table, se présentant lui-même comme une garantie pour toutes les parties. Le tiers de blocage bloque donc aujourd’hui la formation du gouvernement. De même, les milieux du 14 Mars dénoncent les fuites faites par le président de la Chambre et selon lesquelles il compte transformer la séance de mercredi « en Doha libanais », car cela signifie qu’il a l’intention de fouler aux pieds l’accord de Taëf, à travers une reconnaissance tacite de la formule des trois tiers, contraire à cet accord.


Les sources du 14 Mars précisent que ce camp n’a pas encore décidé s’il participera ou non à la séance parlementaire de demain, bien qu’il considère que le président Berry a violé le règlement interne en plaçant le vote sur le projet orthodoxe comme seul point à l’ordre du jour de la séance, en l’absence d’accord avec les membres du bureau du Parlement sur un ordre du jour. Des députés du 14 Mars ont commencé à faire le lien entre la formation du gouvernement et la prorogation du mandat du Parlement. Selon ces députés, si le 8 Mars continue à entraver la formation du gouvernement pour créer un vide au Sérail, le 14 Mars pourrait refuser de proroger le mandat du Parlement, pour créer un vide parlementaire et mettre, par la même occasion, un terme au rôle du président de la Chambre, qui bloque la solution, sur la base d’instructions du secrétaire général du Hezbollah.


La question qui se pose est donc la suivante : s’il y a un vide au niveau du gouvernement et un autre au niveau du Parlement, où ira le pays ? Et cette question ne devrait-elle pas constituer une pression suffisante sur les parties locales pour trouver une entente ? Le problème, précise un ancien ministre, réside dans le fait que ce qui se passe au Liban est l’écho des développements dans la région. Certaines parties régionales utilisent donc la scène libanaise pour envoyer des messages dans toutes les directions. Les dernières déclarations de sayyed Hassan Nasrallah sur son intention d’aider « la résistance populaire » syrienne dans le Golan reflètent en réalité le conflit saoudo-iranien. Mais la visite du ministre iranien des Affaires étrangères à Riyad serait peut-être de nature à modifier l’équation libanaise.

 

 

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