Rechercher
Rechercher

De la fête du 6 mai à la stèle de Florange, une année sous tension pour Hollande

Après Merkozy, Merkollande reste à inventer

Un an après l’élection de François Hollande la relation semble grippée entre Angela Merkel, puissante mais isolée dans son rigorisme budgétaire, et un président affaibli mais susceptible de prendre la tête des Européens anti-austérité.
« Lors des célébrations du cinquantenaire du traité d’amitié franco-allemande, en janvier à Berlin, on avait le sentiment d’une certaine complicité entre François Hollande et Angela Merkel, le courant passait, ils riaient ensemble... », commentait Claire Demesmay, de la Société allemande de politique étrangère (DGAP). Les personnalités semblaient pourtant devoir s’accorder, tous deux ayant la réputation d’analyser méthodiquement toutes les données et de prendre des avis nombreux avant une décision, à laquelle ils se tiennent. Et très éloignées du « bling bling » attribué à Nicolas Sarkozy. « Mais je sens que cela a changé, cela s’est refroidi », selon Claire Demesmay, « en matière de performance économique, le fossé se creuse, et du coup les analyses divergent un peu plus ».
Les deux pays avaient alors annoncé un document commun sur l’intégration européenne, que l’on attend encore. « En Europe, Merkel est toujours très active, elle intervient beaucoup en coulisses... alors que Hollande est très prudent. Merkel crée les rapports de force, Hollande les évalue », analyse le chef de file des députés européens Verts, Daniel Cohn-Bendit. Pour tempérer tout de suite : « Certes, le moteur franco-allemand a des ratés, mais cela a toujours été comme ça. » Il assure que la chancelière et Nicolas Sarkozy avaient mis longtemps pour trouver leur intérêt commun. Le dernier en date de ces ratés a pris la forme d’un virulent projet de texte du Parti socialiste qualifiant Mme Merkel de « chancelière de l’austérité » et l’accusant « d’intransigeance égoïste ». Le gouvernement a pris ses distances, et à Berlin on a souligné qu’il émanait d’un parti. Mais les conservateurs de Mme Merkel ont répliqué de manière cinglante en évoquant « le désespoir dans lequel se trouvent les socialistes français du fait que, même un an après leur arrivée au pouvoir, ils ne trouvent aucune réponse convaincante aux problèmes financiers et économiques de leur pays ». Pourtant, plusieurs analystes estiment que François Hollande et Angela Merkel se ménagent, notamment en raison de leur situation politique intérieure respective. Après avoir fait campagne sur la relance de l’économie et de l’emploi par la stimulation de la croissance, qui n’est pas là, M. Hollande applique une politique de rigueur et de soutien aux entreprises contestée par une bonne partie de la gauche. Ce qui plairait plutôt à Berlin, où l’on apprécie également que cette politique ne dise pas son nom. « Mme Merkel n’a qu’une peur, c’est que François Hollande dise publiquement “on laisse filer les déficits”, prenant la tête d’une sorte d’alliance des pays du Sud, ce qui achèverait de l’isoler en Europe », analysait un diplomate européen.
Après le Portugal, ou l’Espagne, c’est d’Italie que sont venus de nouveaux appels à la relance, qui menacent d’isoler Berlin. Le nouveau chef du gouvernement Enrico Letta, qui avait réservé à Mme Merkel sa première visite à l’étranger, a critiqué dès son entrée en fonctions les politiques d’austérité. Mais Angela Merkel a beau passer pour la femme la plus puissante du monde, elle n’en est pas moins en campagne pour un troisième mandat et ne veut pas d’agitation européenne. « Le message de Merkel aux Allemands c’est “le modèle fonctionne, pourquoi en changer” », explique Claire Demesmay. « L’avantage de l’Allemagne, c’est qu’elle a une position : la responsabilité budgétaire. On la partage ou pas », analyse Daniel-Cohn Bendit. « Hollande, on ne sait pas. Et tous deux ont une sainte trouille de ce débat avant les élections allemandes » du 22 septembre, risquées pour la coalition conservateurs-libéraux de la chancelière. Pour autant, « jouer la carte du SPD comme semble le faire Hollande est risqué », explique Claire Demesmay, puisque le Parti social-démocrate pourrait à nouveau gouverner, avec les conservateurs de Mme Merkel ou avec les Verts.
Déjà, le candidat Hollande était venu à Berlin fin 2011 appeler à battre la chancelière. Celle-ci s’était ensuite rendue en France pour soutenir le candidat Sarkozy. Tous deux devraient se retrouver à Leipzig le 23 mai, pour les 150 ans du SPD.
Un an après l’élection de François Hollande la relation semble grippée entre Angela Merkel, puissante mais isolée dans son rigorisme budgétaire, et un président affaibli mais susceptible de prendre la tête des Européens anti-austérité.« Lors des célébrations du cinquantenaire du traité d’amitié franco-allemande, en janvier à Berlin, on avait le sentiment d’une certaine...