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De la fête du 6 mai à la stèle de Florange, une année sous tension pour Hollande

Un président au style paisible, solitaire et en manque d’autorité

À l’inverse d’un Nicolas Sarkozy, hyperactif aimant trancher dans l’urgence quitte à bousculer son entourage, François Hollande a imprimé en un an de mandat un style plus paisible tout en adoptant un exercice du pouvoir en fin de compte assez solitaire. Celui qui se rêvait « président normal » a dû aussi se résoudre à monter en première ligne, rattrapé par la tradition « monarchique » de la Ve République et la crise, mais aussi l’autorité discutée de son Premier ministre Jean-Marc Ayrault qui a laissé la cacophonie s’installer au sein du gouvernement.
Pendant sa campagne, le candidat socialiste, visant son rival, fustigeait « un être anormal » et mettait en cause « des comportements au sommet de l’État qui n’ont pas été normaux, des façons de dire, des façons de faire, des façons de s’exhiber ». Dès son arrivée à l’Élysée, il insuffle un nouveau style. Là où Nicolas Sarkozy pouvait être « blessant » avec ses collaborateurs, « anxiogène » dans sa hâte de l’action, d’après des observateurs du temps de l’ex-présidence, François Hollande, adepte de la concertation, maniant volontiers l’humour, va rarement à l’affrontement, quitte à donner l’impression de donner raison à des interlocuteurs aux avis opposés. En réalité, « dans la décision politique, c’est un grand solitaire, il écoute, consulte, mais ensuite décide toujours seul », relate un de ses amis de longue date, décrivant « un homme en fin de compte très secret ». « Insaisissable », disait de lui son fils aîné Thomas Hollande, à ses côtés dans la campagne présidentielle.
Là où Nicolas Sarkozy avait des conseillers très influents comme Henri Guaino (qui écrivait ses discours), Patrick Buisson (inspirateur de sa campagne 2012 très à droite), et Jacques Chirac un Dominique de Villepin qui se targuait de « manœuvrer son cerveau », François Hollande « n’a jamais eu de gourou », assure aussi ce proche. Pour s’entourer, il a largement puisé dans la promotion de l’École nationale d’administration (ENA), vivier des élites françaises, dont il fut élève. Deux de ses plus proches collaborateurs en sont issus : le secrétaire général de l’Élysée, Pierre-René Lemas, et sa directrice de cabinet Sylvie Hubac.
Mais François Hollande a « horreur d’être enfermé dans un cadre », décrit un autre proche. À l’Élysée, cette tendance à n’être jamais là où on l’attend désarçonne parfois son entourage. Ses communicants s’arrachent régulièrement les cheveux en découvrant, distillées par le président lui-même dans la presse, des informations censées « ne pas sortir ». Alors qu’il a une relation de confiance avec les journalistes, sa communication est marquée par de nombreux couacs et l’ancien journaliste Claude Sérillon, censé s’occuper de l’image du président, peine à trouver sa place dans le dispositif, refusant paradoxalement tout contact avec la presse.
François Hollande imaginait aussi une présidence apaisée, en rupture avec « l’hyperprésidence », l’agitation permanente et la méthode de son prédécesseur : un fait divers, une réaction, une loi. Mais ses premières vacances d’été, fussent-elles de courte durée, ont été considérées par les Français et la presse comme une vacance du pouvoir, et lui soupçonné de s’enfoncer dans le déni tandis que la France s’enfonçait dans la crise. La sanction fut immédiate : une chute spectaculaire dans les sondages. Un quart seulement des Français se déclarent aujourd’hui satisfaits de son action, dévissage sans précédent. « Hollande voulait réhabiliter le temps long, mais il s’est fracassé sur le mur de la réalité », note le politologue Jérôme Fourquet, de l’IFOP.
Au-delà du manque d’autorité reproché à Jean-Marc Ayrault, c’est la sienne propre qui fait débat. « Le président est le patron de l’exécutif et les Français ne lui reconnaissent pas cette qualité », souligne M. Fourquet. Un an après son accession au pouvoir, « tout se passe comme si François Hollande, tiraillé entre la demande d’autorité forte émanant des Français et sa volonté de promouvoir une concertation également attendue par les concitoyens, ne parvenait pas à donner l’impression de peser sur le destin du pays », écrit la sociologue Marion Desreumaux, d’Harris Interactive.
À l’inverse d’un Nicolas Sarkozy, hyperactif aimant trancher dans l’urgence quitte à bousculer son entourage, François Hollande a imprimé en un an de mandat un style plus paisible tout en adoptant un exercice du pouvoir en fin de compte assez solitaire. Celui qui se rêvait « président normal » a dû aussi se résoudre à monter en première ligne, rattrapé par la tradition...